Gloryhammer (+ Nekrogoblikon + Wind Rose) au Trabendo (28.01.20)

Après avoir laissé son chanteur revisiter les chants de Noël avec les Italiens de Nanowar Of Steel, Gloryhammer revient aux choses sérieuses (enfin, façon de parler…) avec une tournée européenne pour raconter aux foules les exploits du Hootsman et d’Angus McFife contre les terrifiants Zargothrax et Ser Proletius.

Wind Rose

Mais avant ces péripéties, ce sont les Italiens de Wind Rose qui écrivent les premières lignes de l'épopée au Trabendo. Si leur univers visuel n’a pas grand-chose à voir avec Gloryhammer, ils sont pourtant aussi adeptes des univers imaginaires, puisque leurs textes s’inspirent en grande partie de l’œuvre de Tolkien.

Les peaux de bêtes sont donc de sortie, et musicalement, le style du groupe consiste en un mélange de power et de folk metal. Deux styles qui peuvent s’avérer ô combien épiques, ce qui correspond bien à l’univers de l’auteur britannique, mais qui ont vite tendance à sombrer dans le cliché quand on n’y prend pas garde. Or, Wind Rose semble s’y vautrer avec l’allégresse la plus sincère : costumes un peu kitsch, grandes envolées de chœurs virils, mélodies folks et accords power au possible, qui sont déjà présents sur les albums mais ressortent avec plus d’emphase sur scène.

Les musiciens ne sont pas exceptionnels, le batteur semble un peu emprunté, tous les passages d’instruments acoustiques sont ici reproduits par un clavier, ce qui enlève une certaine authenticité, et le chanteur n’a pas énormément de puissance, mais fait illusion car il est souvent soutenu par le guitariste et le bassiste aux chœurs, ce qui donne lieu à de fréquentes envolées vocales épiques au possible. Pourtant, le groupe assure les basiques et délivre une musique très entraînante pour les adeptes du genre. Difficile de ne pas reprendre en chœur « Wintersaga » ou « Diggy Diggy Hole », des morceaux simples et efficaces, taillés pour le live.

Le public d’ailleurs ne s’y trompe pas et réagit très bien aux compositions du groupe, certains semblent d’ailleurs déjà les connaître ou alors les apprennent très vite – les refrains sont plutôt simples, cela aide.

Si les Italiens ne sont pas techniquement pas mémorables, ils délivrent pourtant une prestation extrêmement sympathique et accrocheuse, saluée par le public, et on se dit qu’avec quelques efforts de maîtrise et d’élaboration, ils pourraient aller loin.

Nekrogoblikon

Changement d’ambiance pour Nekrogoblikon, même si l’on reste dans les mondes imaginaires, puisque le groupe américain décrit sa musique comme du « goblin metal » (mais quand les adeptes de Tolkien se lanceront-ils dans le Gollum metal ?).

Sur le papier, cela a l’air alléchant, car le groupe, catégorisé en death metal mélodique, mélange tout un tas d’influences qu’on n’imagine pas forcément compatibles. Sur disque, le résultat est plutôt intéressant, mais pas toujours parfaitement maîtrisé, et à la longue un peu lassant pour certains.

Hélas, sur scène ce soir-là, la sauce ne prend pas vraiment. Pour mélanger du death mélodique avec de l’electro, des gimmicks de jeux vidéo, des rythmes de ska et d’autres éléments improbables, un groupe a intérêt à être carré, ce que Nekrogoblikon n’est clairement pas, au moins ce soir-là.

Alors certes, l’ingé son n’est manifestement pas très inspiré ce soir, et le son est brouillon, mais cela ne fait pas tout. Les musiciens sont tout aussi brouillons et pas toujours très au point, la voix du chanteur est assez horripilante et pas toujours juste, que ce soit en chant clair ou growlé / screamé et pas toujours maîtrisés, et cela malgré (ou empiré par ?) plusieurs passages qui semblent très fortement être en playback. A vrai dire, Nekrogoblikon donne surtout l’impression de vouloir être le plus bruyant possible sans autre intention derrière.

 

L’énergie du groupe convainc tout de même une bonne partie du public qui pogote et tente quelques slams, meme si certains à la sortie du concert sembleront mitigés. Surtout, les Américains possèdent un atout visuel de taille – outre le combo chaussettes violettes / baskets orange de leur chanteur, du mauvais goût le plus exquis qui hélas marche mieux que celui de leurs chansons – : la présence d’un gobelin affublé d’un pyjama (qui ne sera pas commenté ici pour éviter les répétitions) qui vient régulièrement sautiller sur scène, prendre des poses ridicules, effectuer une rencontre du troisième type avec un spectateur lui aussi déguisé en créature démoniaque…

S’il possède certains atouts, le quintette n’aura en tous cas pas montré sa face la plus convaincante au Trabendo ce soir-là.

Setlist
•  The Many Faces of Dr. Hubert Malbec
•  No One Survives
•  We Need a Gimmick
•  Darkness
•  Dressed as Goblins
•  Dragons
•  Nekrogoblikon
•  The Magic Spider
•  Powercore

Gloryhammer

A présent, place à la tête d’affiche de la soirée. Enfin presque : l’équipe technique installe une effigie en carton grandeur réelle de Tom Jones, le temps que la sono diffuse « Delilah » du chanteur – c’est parait-il une habitude du groupe.

Mais le chanteur gallois – enfin, son alter ego en carton – n’aura pas l’honneur de rencontrer le Hootsman sur scène, puisqu’il en est extirpé sitôt son morceau fini. C’est au tour  de « Into the Terrorvortex of Kor-Virliath », introduction du dernier album des Ecossais, de résonner dans les haut-parleurs, pendant que les musiciens font leur entrée sur scène. Comme pour leurs clips, concerts et autres apparitions publiques, ils arborent les costumes de leurs personnages respectifs, qui, pour faire court, passent tous leurs albums à se taper dessus pour dominer l’univers ou le libérer, le tout dans des ambiances assez heroic fantasy même si elles semblent aussi emprunter aux histoires de super héros.

Le groupe attaque avec « The Siege of Dunkeld (In Hoots We Trust) », issu du dernier album en date Legends From Beyond the Galactic Terrorvortex. Musicalement, on est dans le power à fond, avec ses grandes envolées épiques et ses refrains qui attendent impatiemment d’être repris en chœur par un public en délire.

La différence de niveau avec les groupes précédents est marquante : c’est fluide, ça joue bien, on sent que les musiciens maîtrisent leur affaire sans avoir à forcer. Seul bémol, Angus McFife XIII au chant qui est sur tout le début du concert en dents de scie. Il n’est pas horrible en soi mais s’il assure certains passages sans problème, il a manifestement du mal sur certaines démonstrations de puissance vocale et montées dans les aigus.

Ce qui ne l’empêche pas de faire le show avec ses camarades. Car, comme dans les albums, il y a dans les concerts de Gloryhammer un vrai effort de scénarisation : même si les titres ne sont pas dans l’ordre de l’histoire racontée par les trois albums, ils sont arrangés de telle sorte qu’ils racontent tout de même une histoire assez similaire et presque cohérente.

Et les musiciens ne ménagent pas leurs efforts pour donner vie à cette histoire sous les yeux du public ébahi : McFife délaisse rarement son marteau géant façon Thor et se bat régulièrement avec l’affreux Zargothrax qui domine ses claviers en attendant de dominer l’univers. Ralathor et son accoutrement paramilitaire vaguement soviétisant se font plus discrets derrière la batterie, mais après tout, c’est un ermite la plupart du temps. Le Hootsman, grand allié de Fife, passe beaucoup de temps entre deux accords de basse à boire, mais uniquement de l’eau dopée aux médicaments selon lui, problèmes de santé obligent. Et  le vil Ser Proletius, allié de Zargothrax, profite des moments où il n’est pas occupé à jouer de la guitare pour tenter de semer le chaos et l’effroi – sans grand succès, il faut le dire. Et comme si cela ne suffisait pas, McFife doit régulièrement affronter des gobelins assoiffés de sang mais visiblement pas très bons au combat.

Bref, avec quasiment pas d’effets spéciaux, Gloryhammer assure un spectacle complet, bon enfant et plus que divertissant. Le public ne s’y trompe pas et pogote et slamme furieusement, et un spectateur se voit même proposer une quête épique – slammer jusqu’au bar et en rapporter une bière au chanteur – en échange d’une précieuse relique – un tee-shirt du groupe.

Le concert approche de la fin et McFife finit par retrouver toute sa puissance vocale ; dommage, cela arrive un peu tard – quand on vous dit que l’échauffement c’est important même avant un concert ! Le groupe revient pour trois titres de rappel et finit par l’inénarrable « The Unicorn Invasion of Dundee », premier titre du premier album Tales from the Kingdom of Fife. Car au Royaume  de Fife, le combat entre les forces du bien et les forces du mal n’est qu’un éternel recommencement.

Setlist
•  Into the Terrorvortex of Kor-Virliath
•  The Siege of Dunkeld (In Hoots We Trust)
•  Gloryhammer
•  Angus McFife
•  Magic Dragon
•  The Land of Unicorns
•  Questlords of Inverness, Ride to the Galactic Fortress!
•  The Hollywood Hootsman
•  Goblin King of the Darkstorm Galaxy
•  Legend of the Astral Hammer
•  Masters of the Galaxy
•  Hootsforce

•  •  Rappel :
•  Infernus Ad Astra
•  Rise of the Chaos Wizards
•  Universe on Fire
•  The Unicorn Invasion of Dundee

Photo : Antoine Baucourt. Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe



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