Quel rapport peut-il y avoir entre Sean Paul, Ikea, les poupées Barbie et Leroy Merlin ? La réponse nous vient d’Italie, de la capitale romaine plus exactement et se nomme Nanowar of Steel. Dans le cadre de leur tournée française, le groupe était de passage le 13 février 2020 à l'Aquarium de Saint-Martin d'Hères pour un concert gratuit affichant complet.
Hellorglam
C’est dans une salle déjà bien chaude qu’arrive aux alentours de 20 heures Hellorglam. Le bon goût et la pudibonderie sont alors à l'honneur, preuve en est ce magnifique trio de reprises - "Eyes Of A Panther", "Asian Hooker" et "It Won't Suck Itself" - sur lequel le groupe s'introduit sur scène. En quelques minutes dédiées à Steel Panther, les locaux de l’étape ont le public dans leur poche. Lookés comme à la plus belle époque du glam rock, les musiciens font honneur aux chansons interprétées et se déchainent sur scène.
Pourtant, le choix était plutôt osé de faire jouer en premier un groupe de reprises. Et néanmoins, pour le coup, on ne voit pas le temps passer. Entre le show, une restitution parfaite sans faire du copier coller et un jeu de scène savoureux (que ça soit sur du Queen, du The Offsprings ou du Kiss) le public hurle comme s'il se trouvait dans un karaoké géant.
C’est donc une excellente décision qu'a prise l'organisation d'avoir fait ouvrir cette soirée par Hellorglam. Que ce soit musicalement ou vocalement, le groupe aura réussi avec brio son set, qui finira en beauté dans un bain de foule avec un "Rock You Like A Hurricane" dévastateur.
Setlist :
Eyes Of A Panther
Asian Hooker
It Won’t Suck Itself
Live Wire
Pretty Fly (For A White Guy)
The Kids Aren’t Alright
Medley Queen
I Was Made For Lovin’ You
You Really Got Me
You Could Be Mine
Rock You Like A Hurricane
Nanowar of Steel
Après une telle première partie, l’attente se fait sentir. Le backdrop aux couleurs de la marque la plus connue de Suède apparaît fièrement derrière la batterie. La salle baigne dans un bleu apaisant quand retentit l’épique introduction "Declination". Les membres de Nanowar of Steel se mettent alors en place et lancent les hostilités avec violence et humour au son de "Barbie, MILF Princess Of The Twilight".
L’atmosphère est non moins haletante que la beauté des costumes des Italiens. Défilé de spandex, de masques et de tutus, le groupe se changerait presque autant sur scène que l’illustre Arturo Brachetti du metal, à savoir Rob Halford. Pour autant, les musiciens ne sont pas là pour faire une parade et enfilent les notes avec une justesse dont feraient bien de s’inspirer bien des formations plus sérieuses.
Que ça soit Mohammed Abdul à la guitare, Uinona Rider à la batterie ou Gattopanceri666 à la basse, la partie rythmique est parfaite, enchaînant riffs, solos et refrains endiablés. Que ça soit "Ironmonger (The Copier of The Seven Keys)", "The Call Of Cthulhu" ou encore "Metal" (à ne pas confondre avec "Metal La La La" jouée plus tôt dans la soirée), les hymnes se succèdent à toute vitesse. Nanowar of Steel met en avant son excellent dernier album, Starway to Valhalla, sorti en décembre 2018. Mais il y aura bien sûr l’incontournable "Norwegian Reggaeton" - qui a fait connaître avec succès un groupe qui joue depuis maintenant plus de 15 ans - , repris à tue-tête dans L'Aquarium désormais bouillonant et vaporeux.
Les deux chanteurs que sont Potowotominimak et Mr. Baffo animent la salle, que ce soit par leurs vocalises qui se complètent parfaitement et un spectacle de tous les instants. Il y a certes les déguisements, mais aussi des interludes totalement fous, comme un Wall Of Love enflammé au son de "Careless Whisper" des Wham! ou encore une version japonisante de "Metal" dans laquelle les élements du refrain sont remplacés par différents objets japonais.
Pourtant, le groupe ne tient pas que dans son imagerie et ses parodies. Derrière ces simagrées se cache un véritable groupe, sorte de créature de Frankenstein issue d'un croisement de Blind Guardian, Manowar, Rhapsody et d'un humour hilarant. On s'en rend bien compte grâce à l'excellent son proposé par la salle de L'Aquarium. Celui-ci rend justice à chacun des instruments du groupe et les met parfaitement en valeur dans un mix à la fois agressif et équilibré.
Même si "The Quest For Carrefour" n’est pas joué ce soir, Nanowar of Steel fera tout de même une petite dédicace à la France avec le titre "…And Then Noticed That She Was A Gargoyle". Histoire d’amour incongrue entre un homme et une gargouille de pierre, celle-ci sera bien sûr rattachée par le groupe à Notre Dame de Paris, qui a brûlé quelques mois plus tôt. Le concert se fini avec "Valhalleluja", composition dans laquelle Odin abandonne la guerre pour se consacrer à la fabrication de fourniture Ikea et "Hail to Liechtenstein", hymne en l’honneur du plus grand paradis fiscal d’Europe.
Néanmoins, après une rapide absence de scène, le groupe revient avec "Tricycles of Steel", parodie de musiciens italo-américains aux torses glabres et huilés et au nom proche de Nanowar, à une lettre près. Le final est de toute beauté avec "Odino & Valhalla", indescriptible morceau de heavy metal, à l’introduction empruntée à Ennio Morricone et au solo reprenant "La Lambada", System Of A Down et "Another Break In The Wall" de Pink Floyd.
On ne va pas se mentir, Nanowar of Steel était attendu au tournant sur cette tournée et a ravi les spectateurs de L'Aquarium avec un show maîtrisé, carré, à la fois drôle et musicalement solide. Et si ce live report vous a donné envie de voir le groupe, celui-ci sera présent pour les Warm-up du Motocultor, en compagnie des tout aussi intelligents Insanity Alert. De quoi passer une bonne soirée (même si une perte de neurones est très certainement à prévoir).
Setlist :
Declination
Barbie, MILF Princess Of The Twilight
The Call of Cthulhu
Il Cacciatore Della notte
Metal la la la
Uranus
Ironmonger (The Copier of the Seven Keys)
...And Then I Noticed That She Was a Gargoyle
Norwegian Reggaeton
Metal
Valhalleluja
Hail to Liechtenstein
Power of the Power of the Power of the Power (Of the Great Sword)
Rappel :
Tricycles of Steel
Odino and Valhalla
Photos : Foxy Photographie 2020 - Toute reproduction interdite sans autorisation de l'autrice