Vulture Industries au Hellfest 2012
Dimanche 18:35 – The Temple
« Une farce et son contraire »
Seuls les festivaliers les plus obstinés et méritants ont pu assister à ce que de nombreuses personnes qualifieront de « concert de loin le plus génial du Hellfest ». Les cinq Norvégiens venus de Bergen avec leur Metal Avant Garde ont largement détrôné le ténor du genre, Arcturus en terme de prestation scénique. Avec Vulture Industries vous croyez pénétrer dans une salle ronde d'Opéra défraîchie, là où vos sens sont émerveillés par la musique tout autant que le spectacle ? Non, non. En réalité vous êtes dans le crâne excentrique et paradoxalement génial de Bjørnar Erevik Nilsen, son frontman.
Soyez les bienvenus dans son univers grotesque, le Maître vous a préparé un spectacle unique en son genre.
Tout comme le génie Russe Boulgakov dans son célèbre « Maître et Marguerite », Bjørnar possède un univers aux multiples strates, qu'il faut effeuiller pour mieux s'en amuser. La vue du concert me plonge directement, pour d'obscures raisons, dans ce chef d'oeuvre que mon humble écriture ne suffit pas à honorer.
Kyyre Teigen (Vulture Industries)
Eivind Huse (Vulture Industries)
Les membres du groupe apparaissent vêtus de leurs tenues de « sexy farmers » du riche, du genre « Koulaks », puisque le Maître se sirote une bouteille de Cabernet en direct et nous expédie très rapidement au septième ciel avec un « Race for the Gallows » parfaitement exécuté, où la musique insolite rencontre l'une des plus belles voix masculines du Metal. Celle-ci se laisse porter sur de doux riffs de guitares exécutés par le duo Eivind Huse/Oyvind Madsen, deux virtuoses du groupe de Black Metal, Sulphur.
Avec « The Bolted Door », Bjørnar évoque les secrets qui se cachent derrière une vieille porte massive et fermée à double tour, protégée par les "Rois" et leurs "Avocats" qui écrivent l'Histoire dans un système judiciaire gangrené.
Eivind Huse (Vulture Industries)
Le titre « Pills of Conformity » scelle un des moments forts de la représentation. Non content d'être un des titres les plus enivrants, Bjørnar nous y prépare en nous faisant la lecture... d'après un manuscrit que cette fripouille de Béhémoth a dû laisser traîner par là... Satané chat !
Sois rassuré Bjørnar ...
« Les manuscrits ne brûlent pas ! »
Nous ne voulons pas de bouches infectes, nous ne voulons pas de vils mots. Pourtant Bjørnar continue de s'époumoner, aidé par les voix Black Metal de ses comparses. Le diable au corps il nous avoue que parfois il a la sensation de ne pas être dans son propre corps avant de commencer à chanter sur le morceau « This Cursed Flesh ».
A l'écoute de ses instrumentations et sonorités étranges, le public est subjugué devant les contorsions de son visage et le talent du « Primo Uomo » à le rallier à sa cause. Le spectacle est partout, les guitaristes et le bassiste font le show, tandis que le Possédé se promène partout sur la scène en remuant une serviette au dessus de sa tête, jouant avec des boulons géants et autres objets bizarres...
La surprise du show, c'est lorsque le titre « Blood Don't Flow Streamlined » est soudainement coupé pour laisser place à une reprise de Devil Doll, que le frontman apprécie tout particulièrement. Le morceau choisi se fond littéralement dans la musique de Vulture Industries et le Maître réaffirme une fois de plus son talent d'interprète. Superbe.
Ensuite, c'est en victime qu'il se place et devant le public de Clisson il tombera en disgrâce. Il passe sa tête et ses mains au travers d'un pilori placé sur le devant de la scène pour lieux laisser le public l'insulter et lui envoyer des objets à la figure : oeufs, baguette de pain... tout y passe. Il n'en sortira pas indemne, les PMR assis juste en dessous non plus...
Le spectacle est juste surréaliste et dépasse de loin tout ce que j'ai pu voir, y compris en ayant assisté à d'autres concerts de Vulture Industries.
Mais le Monsieur en redemande et sur « The Hangman's Hatch » il veut se soumettre à des châtiments corporels plus poussés. Après avoir entouré sa nuque d'une corde, c'est dans une étrange confiance qu'il me tend l'autre bout et le regrette aussitôt. Il n'ignore pourtant pas les violents effets que ce genre de pratiques peuvent produire sur le bourreau ou la victime.
Mais qui c'est qui tient la corde ? 🙂
L'humour dans l'âme, il s'exécute sur « The Hangman's Hatch » avec ses montées en puissance et évoquant une fois de plus les raccourcis du système judiciaire dans son refrain :
« Big, small, short and tall
All men equal at the hangman's call !»
« A Path of Infamy » va clore ce bal de minuit démoniaque sur de douces notes d'un piano caduc, de violon et de guitares langoureuses, qu'un dialogue entre Bjørnar et Oyvind sublime d'autant plus. Les invités sont transfigurés, définitivement conquis et sombreront bientôt dans la folie Vulture Industries.
Katarz
Setlist :
1. Race for the Gallows
2. The Bolted Door
3. Pills of Conformity
4. This Cursed Flesh
5. Blood don't flow Streamlined
6. The Hangman's Hatch
7. A Path of Infamy