Sylak Open Air (jour 2 - 08 septembre 2012)
Un reportage de : LeBoucherSlave et Carmella…
Un grand merci aux organisateurs, Mike et toute son équipe.
Le Motocultor a fait des émules !! … C'est en effet un concept de festival similaire qu'ont réussi à mettre sur pied les organisateurs du Sylak Open Air dans la charmante bourgade champêtre de Saint-Maurice-de-Gourdans, à 30 kms de chez les « Gones »… Cadre bucolique tout en verdure et feuillages, envergure modeste pour une dimension humaine des festivités (loin du gigantisme du Hellfest, donc…), enfin une affiche parfois décalée mais chaque année toujours plus ambitieuse : pour cette deuxième édition, le festoche s’est en effet vu rajouter une journée et a vu les choses en grand en ce qui concerne les têtes d’affiche - tapant davantage à l’international comme le prouve la présence inespérée de Napalm Death et Hatesphere !! Planning chargé oblige, nous n’avons pu couvrir que la deuxième journée de l’événement, l’occasion du coup de prendre le pouls d’un Sylak cuvée 2012 déjà bien entamé, à l’image de certains de ses festivaliers, quoi…
Après une route sans histoire (Saint-Maurice étant d'ailleurs particulièrement bien desservi par le réseau autoroutier, et puis du Corbier dans la bagnole ça met en condition !), nous pénétrons donc sur les lieux qui se révèlent être de bonne taille, de sorte que le public n’a pas à jouer des coudes pour se frayer un passage devant la scène ou à travers les nombreux stands merchandising, tatouage, bouffe, etc… Le regard de Carmella est captivé par un Pingouin gonflable géant (le Sylak se targue en effet de proposer de l’animation et du divertissement pour les petits et les grands! - et non, ce n'est pas une pub pour les bonbecs...), quant à moi ce sera plutôt le stand Season of Mist - et ses CDs à partir de 5 € - qui aura la faveur de mes maigres deniers… Mais avant toute chose, direction la buvette : via un système d'euro-jetons très bien pensé, vous pouvez vous rassasier aussi bien en solide qu’en liquide (une bière traditionnelle locale est au programme!) et rapporter après utilisation les gobelets consignés pour regagner encore un jeton. Les organisateurs mettent ainsi à l’honneur la préservation de l’environnement via une démarche « bio » tout à fait respectable et dont l'initiative est à saluer : toilettes à compost, points d’eau, utilisation de matériel recyclé ou recyclable, etc… Voilà qui, additionné au comportement respectueux du public (à notre connaissance, aucun débordement à signaler, personne ici n’en sera étonné…), assurera la bonne image du fest’ et sa reconduite chaque année.
Autant d'émotion d'un coup et c'est le drame : pour votre serviteur, une bière dans chaque main, le matos photo dans les bras (parce que bon, quand même...) et patatras! Résultat des courses pour l'appareil-photo numérique: « carte illisible »... Après quelques gestes de premier secours, le pronostic vital n'est plus engagé et le travail de vos deux journalistes professionnels (!) va pouvoir suivre son cours ! Ouf...
THE SOCKS - 13h35 -14h05
N’ayant pas pu nous libérer avant le début d’après-midi, nous avons raté les sets « made-in-France » de Pepper Noster et The Buffalos (ces derniers - que nous soutenons de près à La Grosse Radio - auront apparemment fait forte impression…), et arrivons juste à temps pour nous enfiler celui des Lyonnais de The Socks. Hé bien, croyez-le ou non (mais un peu quand même, sinon ça tombe à plat…), ce ne sont pas les effluves d’une vieille chaussette trouée et dégoulinante aromatisée au Munster qui nous parviennent alors, mais bel et bien à nos esgourdes celles d’un bon vieux stoner/heavy-rock 70’s un poil crassouille et relevé à la « Mary-Jane » !! Le jeune groupe revendique fièrement et tout à fait à propos dans sa bio les influences de Sabbath et Led Zep, et il est indéniable qu’à l’écoute on ne peut qu’être bluffé par le chant époustouflant, à mi-chemin effectivement entre Ozzy Osbourne et Robert Plant, du guitariste/vocaliste Julien "Mimi" Méret… Le reste du groupe affiche la même décontraction et les mêmes fringues 'baba-cool', mais c'est assurément lui qui brille le plus par son charisme et sa présence magnétique de "beau gosse"! (Carmella lui trouvera même des faux airs à Kurt Cobain par moments...)
Verdict au final : des compos certes pas révolutionnaires pour un sou mais ce n'est pas ce qu'on leur demande, et par contre accrocheuses en diable, efficaces comme il se doit (des "Magic Rays" ou des "Bedrock" par exemple), pour un groupe apparemment déjà habitué des festivals - et avec déjà 2 EP dans la besace - à suivre de près à l'avenir donc, notamment les fans de Wolfmother ... Hippie, hippie, hippie, HOURA!!
SKOX - 14h35 - 15h05
Au tour des énervés de Skox d'investir la scène... D'entrée, on sent l'envie d'en découdre du groupe lyonnais (encore!), qui va atomiser son monde avec son bon gros thrash des familles relevé d'une pointe plus moderne de 'hardcore' ou de 'power metal US' (notamment dans les vociférations de son chanteur JC).
Le public s'enflamme très vite, et le set donne lieu aux premiers slams et autres moshpits auxquels nous assistons! Un bon point pour la formation est la grande présence scénique de l'ensemble de ses membres, qui en outre communiquent entre eux et avec le public comme personne... Il en ressort une forte cohésion de groupe et l'impression d'une grande maturité et expérience de leur part. Les zicos se prêtent d'ailleurs volontiers au jeu des photos quitte à les appeler en multipliant les poses devant la fosse aux photographes... A l'image du guitariste Vince (ex-Whisper-X et Visceral Strangulation) - sorte de croisement entre un Jon Nödtveidt de Dissection et Reuno de Lofofora (!) - , grand "poseur" dans l'éternel et pourtant ... au jeu et au magnétisme tellement saisissants que l'on ne risque pas de lui en tenir rigueur !
Eux aussi en sont encore à la case EP avec une déflagration sonore lâchée fin 2010 déjà (de laquelle sont balancées les bombes "Under God's Illusion" ou "Destruction"), et on guettera donc avec impatience leur premier album!!!
EMBRYONIC CELLS - 15h35 - 16h20
Le groupe suivant ne manquera pas non plus d'allier poses scéniques et contact avec le public à une agression sonore caractérisée. En revanche, cette fois et bien qu'ils aient eu l'occasion de jouer sur Lyon et ses environs à moultes reprises, il semblerait que les Embryonic Cells (puisque c'est d'eux dont il s'agit...) ne soient pas connus d'une bonne partie du public. Pour preuve, alors qu'est installé le décor proprice à l'aura dégagée par leur black/thrash épique, accrocheur et relevé de claviers enivrants, les questions fusent autour de nous : « C'est qui, c'est quoi? C'est du black symphonique?! » (ahem, je vous renvoie à l'interview où nous en causons, tiens...) La formation, qui n'est pas née de la dernière pluie, mise la totalité de son set sur ses titres les plus expéditifs (faisant l'impasse sur les petites douceurs telles que la récente "Wheel of Pain"...), l'entamant déjà par un bon gros "Nothing Cares" de derrière les fagots ! Entre deux lignes 'sympho' sophistiquées, nous obtenons de l'headbanguant Pierre Le Pape (également aux commandes de Melted Space et aux claviers chez Wormfood) quelques clichés 'mano cornuta', tandis que de leur côté le chanteur/guitariste Max et son bassiste Dom, compagnons de route de longue date, affichent une bien belle complicité scénique... Le batteur Djo, discret mais appliqué, fait aujourd'hui preuve d'une sobriété vestimentaire qui l'honore! (mais là c'est le vieux fan qui parle...^^)
Promo oblige, les Troyens se concentrent en revanche pour le reste sur leur troisième opus The Dread Sentence récemment paru (et chroniqué ici dans nos colonnes), dont sont extraits des "I Burn With Life", "Shall Be Lords Again", ainsi qu'un "Soul of Mine" dédié au 'Minotaure', illustre spectateur grimé ainsi dans le public et qui avait réalisé un duo vocal sur la bande de ce morceau (et au total sur un titre de 10 artistes présents sur le fest', une performance!!), dans une poilante vidéo postée sur Youtube ... chose qui n'avait évidemment pas échappé au groupe!
En revanche, si le son avait été des plus corrects pour les autres groupes jusque-là, on note ici que la guitare tourne à la bouillie sonore dans le mix - y compris au plus près de la console de l'ingé-son - plus souvent qu'à son tour (le chanteur/guitariste Max nous confia après coup que sa gratte « commençait à se faire vieille » et qu'il devrait bientôt en changer...), de même qu'une batterie saturée de grosse caisse bourdonnante - comme c'est malheureusement bien trop souvent le cas dans les concerts de 'black' en plein air. Le groupe ne semble pas souffrir du problème sur scène et, en sus des décors proposés, sera le premier de la journée (et le seul en définitive) à offrir des esquisses de mises en scène qui seront plus ou moins bien accueillies par le public : épée brandie sur un bienvenu "My Cimmeria" (trop rare extrait de Black Seas ; Before the Storm sera, lui, complètement boudé...), que Max dédie au film 'Conan' (« l'original avec Schwarzenegger, pas l'espèce de remake à la con », pour le paraphraser!), et surtout un simulacre de rituel du sang sur le cultissime black n' rollien "Azathoth" (moins percutant toutefois qu'à l'accoutumée), durant lequel il exhorte l'audience à invoquer la divinité Lovecraftienne tout en levant un crâne, dont il fait s'écouler le sang contenu sur le sien (de crâne!) ... Zéro prise de tête, le chanteur/guitariste finit le concert dans le public (merci la guitare sans fil!) sur une version instrumentale de "I Burn With Life", initiant autour de lui un micro-circle pit bon enfant...
Au final, il ne s'agit pas là de la meilleure prestation 'live' que nous ayons pu voir d'Embryonic Cells. En revanche, elle est tout à fait caractéristique de leur état d'esprit fédérateur et aura eu le mérite de faire découvrir leur musique puissante et inspirée à un bon nombre de nouveaux initiés: nul doute qu'ils auront gagné ce soir bien des adhésions... Et tant mieux, parce qu'ils le valent bien!!
THE FOUR HORSEMEN - 16h55 - 17h40
Allant interviewer nos gaillards à l'issue de leur set, nous ratons - honte sur nous ! - la prestation des Four Horsemen (célèbre tribute band à 'qui-vous-savez'...) ! Toutefois, le son qui nous en parvient nous laisse agréablement percevoir un mimétisme sonore plus que convaincant avec les (ex?) thrasheurs aujourd'hui copains avec la grande Lulu, notamment au niveau du rendu des guitares et sur le plan vocal, et ce même si visuellement on en est en revanche bien loin (on n'est pas non plus à « La Grande Soirée des Sosies », en même temps!...) - je dis ça car, bon, on a tous déjà eu dans notre entourage de métalleux un parfait clone de James Hetfield, non?!...
Reste que les "Harvester of Sorrow", "Fade to Black", "Master of Puppets" et autres "Creeping Death", sans parler dans ce contexte de l'indispensable "The Four Horsemen", font évidemment mouche auprès du public.
SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION - 18H10 - 18H55
Le groupe suivant va nous mettre un bon gros coup de vieux... En même temps ils fêtent cette année leurs 16 années d'existence, ceci expliquant peut-être cela! La légende du grindcore français Sublime Cadaveric Decomposition investit les planches et se montre tout bonnement intenable sur scène !! N'ayant gardé d'eux que le souvenir d'extraits de morceaux de la grande époque (que l'on pouvait retrouver notamment sur les 'samplers' de la presse spécialisée), je m'attendais à une déferlante de gravity blasts et de cris et riffs imbitables tout du long. Que nenni, les Parisiens savent aussi « calmer le jeu » (toutes proportions gardées!) avec des variantes de death gras et des riffs bien tranchants, avant de repartir de nouveau dans la mêlée !
Le groupe est hyper-carré et rigoureux (mention spéciale à l'imposant batteur Dagulard!), et ses musiciens multiplient les expressions de démence sur leurs visages, tout en maltraitant les cordes de leurs instruments avec une très bonne maîtrise (ça ne "bave" que de manière délicieusement contrôlée). Cela dit, il est dommage que les S.C.D. axent leur set sur leur discographie la plus récente... Plutôt posé, à mon sens, pour du grind! L'ombre des premiers Napalm Death plane certes, en toutefois moins brutale (on reste relativement loin de la folie furieuse des Blockheads de la veille, par exemple !) ; en revanche, dans les alternances vocales entre growls, screams et pig squeals par moments, le brailleur Seb, assez étrangement, m'évoquerait presque un autre groupe, pourtant bien plus parodique pour le coup : les compatriotes de Gronibard ! (pas taper, pas taper!!...). Peut-être sont-ce là juste des ressurgences d'un certain passé à nos oreilles...
Les bandes sonores/voix samplées qui passent pendant les morceaux ajoutent, elles, une touche de décadence à un set qui n'en manque déjà pas! « Happy beuuaaargh-day », S.C.D. !!!
LOUDBLAST - 19h25 - 20h15
Si le public a commencé progressivement à se masser nombreux devant la scène, Loudblast va véritablement connaître un pic d'affluence (égalé voire battu seulement par Hatesphere et Corbier, peut-être!). Une récompense méritée pour ce groupe de légende qui reprend enfin ses droits dans le peloton de tête du death français et même international ! Les lumières, la bannière en fond et surtout un son à décorner les boucs (il faut dire que passé les sets de l'après-midi, les groupes de la seconde moitié de la journée bénéficient enfin d'une balance conséquente...), tout cela va conférer à ce "show" un gigantisme auquel nous n'avions pas encore eu droit jusque-là.
Grand bonheur que de retrouver les Loud's en pleine forme et avec enfin un line-up des plus soudés et cohérents (malgré tout le respect que l'on peut avoir pour Alex Colin-Tocquaine d'Agressor, là n'est pas la question!) ... Fini également les errances stylistiques (malgré certaines réussites en la matière), les ayant amenés aux confins d'un death peu inspiré - voire brouillon - indigne d'eux ou encore d'un métal moderne « tâtonnant », la horde de Stéphane Buriez, forte de sa désormais longue discographie, s'est enfin recentrée aujourd'hui sur ce qui fait toute sa véritable force de frappe et son identité si particulière : un death percutant mâtiné de thrash (et vice-versa), des riffs ronds, chauds et incisifs, des mélodies menaçantes imparables, des structures parfois alambiquées à la feu-Death, ainsi qu'une lourdeur malsaine et étouffante des plus impénétrables...
En cela, ce n'est pas le fruit du hasard si les petites bombes extraites du dernier album en date Frozen Moments Between Life And Death larguées aujourd'hui (outre son morceau-titre exécuté d'entrée de jeu, nous aurons relevé des "Emptiness Crushes My Soul" et des "Neverending Blast" bien sentis!) ne dépareillent absolument pas avec les perles de leurs plus anciens albums Disincarnate ("The Horror Within"), Sublime Dementia ("Presumption") et Cross the Threshold (son somptueux et tant attendu titre éponyme...).
Les musiciens savent tous très bien occuper la scène et les petits nouveaux sont tellement bien intégrés désormais qu'on ne peut que les considérer aujourd'hui comme des « indéboulonnables » au sein de cette mécanique bien huilée! Reste que la passion est palpable derrière toute cette rigueur et cette application...
Nous tirons notre chapeau au dernier venu six-cordiste Drakhian, dont le jeu véloce incisif donne d'ailleurs lieu à de belles passes d'armes avec Buriez !
On attend donc désormais avec une grande impatience le prochain album qui ne devrait trop tarder à faire parler de lui, croisant les doigts pour que celui-ci enfonce encore un peu plus le clou du précédent!
CORBIER - 20h45 -21h35
Ça y est, l'heure est venue d'assister à la prestation de notre idole de jeunesse, François Corbier ! Le public se masse (au sens figuré!), jeunes enfants entraînés sans trop savoir pourquoi par leurs nostalgiques procréateurs, métalleux curieux et avides de déconnade retombés eux aussi en enfance, ainsi que quelques connaisseurs (difficile d'en mesurer le nombre) adeptes du nouveau/ancien répertoire de chansonnier de notre homme... Au final, les premiers auront probablement été séduits par le côté «bonhomme» et toujours aussi attachant du personnage (sa voix et son parler, à nul autre pareils...), même s'il vaut mieux pour eux qu'ils n'aient pas fait toujours attention aux paroles (certains parents mal avisés ont dû s'en mordre les doigts après coup, héhé...) ; les seconds en auront en revanche été pour leurs frais s'ils s'attendaient à un tour de chant autour des années « Club Dorothée », d'anecdotes et autres réminiscences en tout genre de cette époque ; les initiés, enfin, auront eu ce qu'ils étaient venus chercher, dans un cadre toutefois différent des autres concerts de l'artiste, d'ordinaire plutôt donnés en intérieur et d'une durée plus longue, pour un répertoire alors davantage diversifié.
Reste qu'en l'espace de seulement deux titres, Corbier nous dévoile déjà un bon condensé de son univers et de son talent. Entamant sa prestation avec le rigolo "Elephantasme" et ses allures de chansons de feux de camp sur fond de péripéties grivoises, surréalistes et imaginaires, lesquelles ayant (pour de rire!) entraîné notre homme dans le ridicule et par là-même l'aurait conditionné à faire de la télé (toujours quelques sous-entendus acerbes et bien placés quand on sait « écouter entre les lignes »...), il enchaîne ensuite tout en folk mélancolique avec "R.I.K.", au thème radicalement plus sérieux, grave et toujours hélas d'actualité, le naufrage du pétrolier ainsi phonétiquement énoncé, pour lequel chaque intervenant de la chanson (comme en vrai...) se renvoie l'un à l'autre la faute et la balle de la responsabilité. Ce morceau, saisissant en 'studio' (adaptation d'une musique de Dylan, ce qui fera dire ce soir au barbu : « Une chanson composée en collaboration avec Bob Dylan ... qui ne le sait pas! »), revêt ici une apparence plus intimiste mais nous donne surtout un premier aperçu de la belle complicité musicale (et pas que...) entre notre Corbinou et son nouveau guitariste-accompagnateur depuis plusieurs années Eric Gombart. La paire se révèle tout aussi affûtée et complémentaire que celle que pouvait former à la grande époque le tandem Georges Brassens et Joël Favreau, ce qui n'est pas peu dire!
Après ces deux titres extraits de Carnet Mondain (premier album post-'Dorothée' et tirant un trait sur des chansons trop enfantines...), le chansonnier se concentrera sur ses derniers albums, Tout pour être heureux ("Fichue Journée", "Joli Monde") et Presque Parfait ("Pour Dieu, Pour Dieu", "Les Chanteurs de l'Ossuaire" ainsi que l'hymne "Nucléaire" dont il fait scander les couplets au public dans une tonalité plus haute). Notre homme est rusé et a sélectionné pour ce soir (comme il nous l'a confiés en apparté au cours de l'interview qu'il nous a donné dans la soirée...) les chansons qui seraient les plus adéquates - comme Sheila, pour paraphraser ce bon vieux Coluche... - dans le contexte d'un festival ! D'autant que le temps de jeu est compté... Exit donc "La Louve" ou "Jean-Jean" (bien qu'on aurait volontiers échangé cette dernière contre le "Pour Dieu..." déjà évoqué). Et surtout la porte est grande ouverte aux 'chansons-flash' (ces courtes chansons - que vous pouvez trouver facilement sur le Net... - de moins d'une minute, parfois même de quelques secondes seulement, et dont la chute est toujours soit bien scabreuse, soit ouvertement anticléricale voire "blasphématoire" - ouf, Mireille Mathieu n'est pas dans le coin... - , soit tout simplement un bon gros jeu de mots bien lourdingue comme on les aime!), bref ces petites interludes décalées dont le public raffole... En cela, il retrouve d'ailleurs un peu du Corbier "télévisuel" d'antan, mettant en scène comme des sortes de mini-sketchs sous forme musicale!
Le public, d'ailleurs, puisqu'on en parlait... Notre chansonnier a eu droit à un accueil triomphal et les sourires benêts se lisent sur les visages, notamment chez les trentenaires, évidemment ! Déclarations d'amour et autres « Corbier président ! » fusent de part et d'autre, sans parler des vrais fans du chanteur, réactifs à chaque annonce de titre ou amorce de refrain... Une autre frange du public, plus jeune, pas forcément aussi respectueuse ou bien au fait de ce qui se passe, et surtout parfois passablement "imbibée" à cette heure avancée de la journée, se manifeste d'une toute autre manière : « Et il est où Bernard Minet ?!... Corbier, à poil !! » (en d'autres circonstances, le jeu de mots aurait pu prêter à sourire...) On voit même une petite jeune faire un slam impromptu, ce qui ma foi reste un beau geste symbolique et signe d'intronisation de notre Corbinou dans le cercle de la communauté 'métalleuse'!
Le héros du soir, pourtant bien démuni face à des réactions aussi ambivalentes, parvient à se mettre l'auditoire dans la poche en se riant de la situation, après avoir certes intimé une paire de fois le silence... Mais remportant la mise au final avec les « armes de distraction massive » que sont l'inédite en studio - mais bien connu des 'live' - "Les Lunes de Madame W" (où le chansonnier égratigne grassement les candidats successifs à la Maison Blanche, enfin surtout un...), ainsi que cette joyeuse complainte intitulée "Tout va bien", une nouvelle déclinaison des déboires à la clinique "Les Epinards" déjà initiés en chanson sur Carnet Mondain - , et dont il fait reprendre en choeur le refrain (lequel, toujours de la part de la frange un peu 'effrontée' du public, qui finit toutefois par contaminer son monde, se transforme allégrement en un magnifique "Tous à poil" ! Décidément...). L'atmosphère "bon enfant" prend le dessus et c'est une fantastique farandole qui démarre alors en trombe dans le public! Inoui...
En définitive, si nous ne sommes pas de ceux qui auront regretté l'absence du "Nez de Dorothée" ou de "Sans ma Barbe" (il y en a qui ont raté quelques épisodes, là, faut suivre...), force est de constater qu'un compromis aurait pu être envisagé, comme l'intégration par exemple d'un petit "La galère, Capitaine", joué en première partie de Dorothée à Bercy il y a 2 ans, où avec tout l'esprit qui le caractérise notre Corbinou évoquait ses années télé. On pourra aussi déplorer l'absence de "Belette" qui aurait pu faire un malheur devant un public de festival...
Mais comment au final ne pas saluer l'intégrité de notre homme, et par-delà même : son talent immense. Bien loin de la pathétique prestation l'année dernière d'un Bernard Minet évoluant sur une autre galaxie, ce dernier en étant réduit à s'auto-parodier et s'étant même vu voler la vedette par un métalleux (le chanteur de Deathawaits) 'growlant' sur Capitaine Flam... Tout est dit. Vraiment, ces deux-là ne sont pas des homologues, loin s'en faut, merci donc de ne plus les confondre à l'avenir chers amis!!
HATESPHERE - 23h25 - 00h35
Peu après notre interview avec eux (pendant laquelle nous manquons donc la prestation de Tagada Jones! Même si les bribes de voix qui nous parviennent nous font étrangement penser à du Bruno Dolheguy de Killers et ne nous inspirent pas des masses...), les Danois de Hatesphere investissent les planches. Le guitariste Peter, dit "Pepe", nous avait confié son plaisir d'être là et son envie de "botter des culs" ce soir, et le bougre n'a pas menti ! Place donc à un show explosif (bien qu'un poil linéaire...), avec le meilleur son de guitare entendu ce jour (avec celui de Loudblast). Les 'lights' (que l'on avait déjà pu apprécier sur Corbier) sont magnifiques dans ce contexte, une teinte bleue qui vient se fondre dans la nuit alternant avec de vives percées jaune/orange détonantes !
Les regards se portent forcément sur le "nouveau venu" (pas de la bleusaille pour autant!), le chanteur Esben alias "Esse". Pas de soucis, le bougre assure, très communicatif avec le public et faisant preuve d'une grande gnaque et versatilité. On ne regrettera donc aucunement la période durant laquelle les vocaux étaient assurés par les ex-membres Jacob Bredahl et Jonah "Joller" Albrechtsen, ni l'intérim qu'avait brillamment assumé Morten "Kruge" Madsen (Mevadio).
La setlist est évidemment bien adaptée (au vu de la déjà longue carrière du groupe, quoi de plus normal), la formation a pu piocher dans plusieurs époques de son répertoire, ne négligeant évidemment pas les classiques en 'live' que sont devenus "Forever War" et "Floating" (Serpent Smiles And Killer Eyes) ni les bombes du petit dernier The Great Bludgeoning ("Need to Kill", "Ressurect with a Vengeance").
En définitive, pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore, les Hatesphere s'affirment comme une relève bien équilibrée du thrash Européen, avec un côté 'kickass' et moins démonstratif plus caractéristique du thrash US, au moment où le genre se voit saturé par des couleurs thrash/death mélodique devenues franchement indigestes car trop évidentes ou trop envahissantes. Si certains trouvent encore le groupe trop peu aventureux musicalement après tant d'albums enregistrés, pour notre part nous n'en avons cure et sommes plus que reconnaissants envers les Danois de maintenir intacte une certaine ligne de conduite, et de conserver par là-même un 'feeling' thrash en perdition au coeur d'une musique qui 'groove' toujours autant par ailleurs, et qui ne crache pas non plus sur la dose règlementaire de mélodie qui fait (bon gré mal gré) école aujourd'hui...
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Au final, un bien bon festival avec bien des atouts - et des atouts bien à lui - pour séduire et sans jamais se substituer aux autres venir s'ajouter en première ligne des rendez-vous annuels incontournables... Pour le tarif de ses entrées plus que raisonnable (mieux vaut passer par leur billetterie principale cependant...), pour ses affiches éclectiques autant qu'inédites, son cadre idyllique et son organisation sans failles, nous nous donnons rendez-vous (et à vous également!), pour les années à venir, à cette grande fête bon enfant "made in Saint-Maurice" !! Vous en revoulez une petite rasade pour finir ?! ... On va se la terminer à la 'Very Bad Trip' avec les photos-souvenirs, alors...
Extinction des feux ... A l'année prochaine !!