Leprous disloque le Divan du Monde
Presque un an après son passage dans cette même salle, le groupe de metal progressif norvégien Leprous y retourne, cette fois en tant que tête d’affiche, pour donner un concert devant son propre public, qui se révèlera relativement fourni. Plusieurs groupes labelisés « prog » viennent compléter cette affiche pour un European Progressive Assault qui fera du bruit dans la salle parisienne.
Persefone
Deuxième groupe à l’affiche, Persefone est un groupe de death mélodique formé par de joyeux lurons venus tout droit d’Andorre, qui feront de la scène du Divan du Monde leur terrain de jeu. Malgré le fait que les six musiciens soient serrés les uns contre les autres, ils n’arrêteront pas de bouger afin de donner la performance la plus vivante possible.
En beaux diables, ils headbanguent chacun de leur côté, montrent une complicité sans faille entre eux en jouant, et mettent sans arrêt le public à contribution. Le hurleur Marc Martins Pia fait preuve d’un bon charisme et arrivera à provoquer sans mal un mosh pit lors du dernier titre joué, "Fall To Rise". Les autres musiciens ne sont pas en reste et font preuve d’un échange constant de sourires et de regards complices avec les spectateurs.
Ils arrivent également à combler les blancs sans problème, en jouant une musique festive complètement opposée au style qu’ils pratiquent pour éviter un "silence pesant". Complètement dans leur élément sur scène, les membres n’hésitent pas à faire part de leurs délires, en jouant par exemple un medley version metal de certains morceaux marquants de la bande originale de Star Wars, du thème principal à la "Marche Impériale" en passant par l’amusante "Star Wars Cantina".
Ces incartades n’empêchent pas les musiciens de montrer une certaine maîtrise de jeu et un soin dans l’exécution de leurs parties. Avec un bon contact et des compos accrocheuses et remuantes, Persefone a su convaincre plus d’un spectateur ce soir.
Loch Vostok
Arrive maintenant Loch Vostok, groupe de death mélodique que Leprous connaît bien, puisque les deux formations ont tourné ensemble en Europe avec Therion en 2010. Le groupe peut donc à nouveau tenter de convaincre le public parisien, après un passage remarqué à l’Elysée Montmartre, au cours duquel les musiciens avaient réussi à se mettre une partie du public dans la poche.
Malheureusement pour eux, le public restera statique devant leur prestation. Un manque d’énergie de la part des musiciens se fait sentir, notamment de la part du chanteur-guitariste Teddy Möller, qui semble malade. Complètement statique, le hurleur massif se montre convaincant dans les growls, mais à la rue au chant clair, en étant faux la plupart du temps. Si la complicité entre les musiciens est présente, avec un petit jeu entre le chanteur et le bassiste Jimmy Mattsson au cours duquel chacun saisit le manche de l’autre, les membres bougent peu et ne se montrent pas des plus avenants avec le public.
Cette molesse scénique se ressent quelque peu dans leur musique, dans la mesure où le groupe a une facheuse tendance à s’enliser dans de longs passages manquant de mordant. Si certains riffs et rythmiques font mouche, ils sont souvent de courte durée et ne suffisent pas à rehausser le niveau de l’ensemble. Pourtant, le groupe affiche un potentiel non négleable et pourrait devenir un atout au genre s’il retirait les lourdeurs dans ses compositions.
Loch Vostok ne se montrera donc guerre convaincant ce soir, malgré le côté sympathique des membres et un passage apprécié en 2010 lors de la première partie de Therion.
Setlist :
Twilight of the Dogs
A Mission Undivine
Citizen Cain
Regicide
Energy Taboo
Dystopium
LEPROUS
C’est maintenant au tour de Leprous de se jeter dans le bain pour son premier concert français en tant que tête d’affiche. En cette occasion, le groupe a mis les petits plats dans les grands en plaçant de part et d’autre de la scène deux écrans plats qui diffusent des images plus ou moins bizarre, comme le chanteur Einar Soldberg en train de mastiquer salement ou un majordome qui se promène en forêt.
Cependant, le gros du show est ailleurs. Les cinq membres, tous vêtus de noir et de rouge se déchanchent et headbanguent à n’en plus finir, particulièrement le frontman, qui se déchaine complètement pendant l’interprétation de ses titres dont il semble vivre chaque seconde sur scène. Malgré ce déluge d’énergie, les musiciens se montrent adroits et appliqués sur leur instrument, conservant ainsi toute l’interprétation soignée que les compositions exigent. De plus, le son limpide est de la partie ce soir.
Devant la scène, le public est déchainé. Les moshpits s’enchaînent pendant que d’autres spectateurs profitent calmement de la musique. Le chanteur viendra s’y mêler pendant le titre "Waste Of Air", en chantant au milieu de la fosse. Cette énergie présente sur scène comme dans la fosse permet d’installer une forme de communication tacite entre les deux camps, ce qui rattrape le côté peu bavard du groupe.
Côté setlist, Bilateral domine largement l’ensemble avec six titres joués sur les dix de la setlist. Parmi eux se retrouvent "Forced Entry" en ouverture, malgré sa longue durée ou encore "MB. Indifferentia". Trois titres du premier album, Tall Poppy Syndrome sont inclus dans le set, dont "White", qui suscitera de nombreuses réactions positives du public. Une nouvelle chanson, "Coal", qui figurera probablement sur le troisième album de Leprous, est aussi jouée ce soir. Force est de constater qu’elle s’imbrique parfaitement dans l’ambiance des chansons.
Il s’agit donc d’un passage réussi pour Leprous, qui a su amener un nombre de spectateurs jugé "appréciable" par le guitariste Tor Stian Borhaug et les convaincre en leur transmettant l’énergie de chacun de ses membres. L’alliance de talent et d’énergie dont Leprous fait preuve a fait mouche au Divan du Monde.
Setlist :
Forced Entry
Restless
Dare You
Passing
MB. Indifferentia
Waste of Air
Thorn
Coal
White
Rappel :
Acquired Taste
Un grand merci à Marine Crépiat pour ses photos.