D.A.D au Divan Du Monde (29.03.2013)

2012 aura bien été une année faste pour les danois de D.A.D ! Leur dernier opus au titre impossible à écrire correctement Dic-Nii-Lan-Daft-Erd-Ark a fait l'unanimité auprès des critiques et du public. Il a remis le combo sur les routes et lui a ouvert bien des portes. Un an après avoir donné un concert d'anthologie à l'Empreinte de Savigny Le Temple, puis avoir fait une prestation remarqué au Hellfest, D.A.D n'en finit plus de voir sa cote remonter. Ainsi, pour la première fois de sa carrière, le groupe des frères Binzer vient de sillonner les routes des USA et ce sont pas moins de quatre dates françaises que D.A.D affiche à son programme en ce froid printemps.

Pour cette étape parisienne, ce sont les nancéens de Bloody Mary qui ouvriront la soirée (non, le cliché "ouvrir les hostilités" n'a pas sa place ici, tant ce rendez-vous s'annonce chaleureux et dépourvu de toute intention belliqueuse !).  La formation emmenée par l'énergique Peter Von Toy va choisir de nous présenter son second opus Shoot Me, en faisant totalement l'impasse sur le premier (dommage, mais compréhensible, vu que deux musiciens sur trois ont changé entre les deux disques). C'est au son de l'entrainant "SX.in.XS" que Bloody Mary entame un set de 40 minutes qui n'offrira aucun temps mort. Au départ, le public est assez clairsemé (merci Paris, ta circulation, tes transports aléatoires et tes horaires de boulot fluctuants) mais grossit rapidement et va apprécier ce concert bien en place, servant un hardrock dynamique mais manquant peut-être d'un ou deux refrains vraiment fédérateurs de plus. D'ailleurs, ce sont bien le premier et le dernier morceau (le superbe "White Line") qui remporteront le plus de suffrages.

 

Bloody Mary, Paris, divan du monde, Peter Von Toy, guitariste, D.A.D

Peter Von Toy, la voix et les riffs de Bloody Mary

La section rythmique est carrée et dynamique, mais force est de constater que Peter Von Toy attire tous les regards. Il faut dire que le guitariste chanteur, est grand, très grand (sa longue crinière, mise en valeur par un bel éclairage de dos) et multiplie les poses de guitar hero (ce que son jeu lui permet sans être ridicule). Un excellent frontman donc, dont le groupe arpente les scènes sans relâche (il était récemment à l'affiche du remarquable Glad Stone Fest 6). Une première partie plus que sympathique et qui aura permis de se mettre dans les meilleures conditions pour accueillir dignement Jacob, Jesper, Stig et Laust.

La salle est maintenant pleine et il faut jouer des coudes pour se frayer un passage jusqu'au bar. A peine le temps d'engloutir un godet que les lumières s'éteignent et que retentit le méga hit… "Isn't That Wild" ! Jamais avares en surprises, les danois commencent par un morceau peu connu extrait de leur deuxième opus Draws A Circle, pas vraiment ce qu'on attendait (et pour être honnête, pas non plus mon préféré). Seulement passé ce petit échauffement, c'est "Jihad" qui déboule et là, un constat s'impose : on est ce soir en présence d'un public de connaisseurs !

 

D.A.D, Paris, Divan du monde, Jesper Binzer, Stig

Chez D.A.D, on ne joue pas à l'économie !

Ca chante du début à la fin, sur les refrains, c'est énorme, il y a du sourire dans l'air, un parfum de communion, une électricité quasi palpable. Tout cela sent la magie ! Et déjà arrive le riff de "Point Of View". Visuellement, D.A.D n'a pas changé sa formule avec un Stig dans le rôle du clown triste aux basses improbables (sa légendaire collection d'instruments à deux cordes),

 

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D.A.D, Paris, Divan Du monde, Stig, Basse, deux cordes

D.A.D, Paris, Divan du monde, Stig, Basse, deux cordes

Stig Pedersen et ses basses...uniques !

 

Laust, très smart en chemise-cravate à la batterie (avec cette touche rétro, limite rockab' subtilement décalée), le sobre et classieux Jacob (toujours affublé de son chapeau haut de forme) avec ce petit sourire en coin et le regard malicieux du gars qui ne manque rien de ce qui se passe dans la salle et en chef d'orchestre, Jesper (qui a troqué la veste en jean serrée pour une veste plus chic) qui va en étonner plus d'un (à commencer par votre serviteur).

 

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Jesper, showman, vous avez dit showman ?
 


Après trois morceaux, il est temps de déflorer le dernier opus et c'est l'opener  "New Age Moving In" qui retourne le Divan du Monde désormais plein comme un œuf (jamais vu cette salle aussi copieusement garnie). Les morceaux s'enchaînent et c'est une leçon de rock XXl que reçoit le public ! Des guitares qui font exactement ce qu'il faut quand il faut, sans frime, mais avec goût et en renouvelant le style pour donner un sentiment de très grande variété dans le propos. Jesper, dont l'accumulation de dates pouvait laisser craindre pour la voix, est au top de sa forme. Une puissance incroyable, mais aussi des modulations que je ne lui connaissais pas viennent compléter une prestation haute en couleur, avec des discours en français ("Paris, vendredi, avec D.A.D, poésie !"), des grimaces à n'en plus finir, et un véritable échange, permanent, sincère. A la basse, Stig est un poil en retrait (il faut dire qu'il doit se sentir un peu à l'étroit sur cette scène exiguë ! Par contre, le véritable héros de la soirée, c'est Laust Sonne, le batteur à la frappe incroyablement dynamique, loin des schémas standards du hardrock traditionnel. D.A.D n'a pas un bûcheron derrière les fûts, mais une véritable pile électrique qui booste tous les morceaux, variant son jeu tout à la fois aérée et omniprésent !

 

D.A.D, Paris, Divan du monde, Laust Sonne, batteur

Laust Sonne, un batteur aussi spectaculaire qu'efficace !

 

Le point d'orgue de cette démonstration, c'est bien sûr "I Want What She's Got" (transformé par Jesper en "I Want What Laust Got" quand il fait chanter les fans) sur laquelle la frappe devient tout simplement ahurissante ! Avant cela, "Monser Philosophy" a transformé le Divan Du Monde en disco mobile.

Ultime chanson, "Bad Crazyness" embrase la salle ! Ca hurle de tous les côtés, ça saute, ça danse, une vraie fête quoi ! Les frissons du public n'ont d'égale que ceux des musiciens abasourdis par ce retour de ferveur !

Pour les rappels, après "Evil Twin", Jesper se lance dans son habituel speech sur le fait que demain, on ne travaille pas, donc on peut dormir toute la journée ("Sleeping My Day Away"). Et vas-y que, comme un seul homme, tous les spectateurs se mettent à chanter le thème de la chanson qui démarre dans une ferveur inouïe. Cette chanson permet une fois de plus d'admirer le touché et la créativité de Jacob qui place pas moins de trois longs soli avant un final tellurique où chacun semble jeter ses dernières forces dans la bataille.

 

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Jacob Binzer, un guitariste fin et élégant !

Tout le monde quitte la scène sous les vivas, avant que les deux frères ne reviennent pour un traditionnel "Laugh And A Half" lui aussi repris à pleins poumons par toute l'assistance qui soutiendra également Stig sur le final "It's AfterDark". Final, pas sûr ! Car si D.A.D conclut tous ses concerts par ce triptyque depuis des années, il semble que Paris ait décidé de faire de la résistance. Personne ne bouge, et tout le monde en redemande, avec insistance et détermination. Une minute passe, puis deux, sûrement trois. Le Divan vacille. Reviendront, reviendront pas ? Finalement, l'improbable arrive et le quatuor retourne sur scène pour nous asséner un morceau que Jesper présente comme une chanson ayant "trente ans". C'est parti pour une furieuse version de "Marlboro Man" sur laquelle le chanteur nous sort toutes ses tripes dans un déluge de décibels !
Voilà, maintenant, c'est bien fini. La salle se rallume sur des sourires, des regards éberlués, un sentiment d'accomplissement, de bonheur collectif. D.A.D a fait chavirer Paris, qui le lui a bien rendu. Encore une de ces soirées magiques qui donne envie de remettre ça, encore et encore !

Un grand merci à Dominique de 106db pour cette soirée...(je n'ai plus de mots)

Setlist D.A.D :

Isn't that Wild
Jihad
Point Of View
New Age Moving In
Everything Glows
Rim Of Hell
Grew Or Pay
Unowned
Black Crickets/RDN
Last time in Neverland
Monster Philosophy
I Want what She's Got
Bad Crazyness
---------
Evil Twin
Sleeping My Day Away
---------
Laugh and a Half
It's Afterdark
----------
Marlboro Man

SetList Bloody Mary :

SX.in.XS
Party Of Sin
Biding Time
Lies
Rock'n'Roll's our Business
Fuck You
Fight For Your Right (Beasty Boys cover)
White Line

Photos : © 2013 Olivier GESTIN / INTO The PiT Photographe
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 



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