Finales du Headbang Contest au Batofar (14 et 21 Avril 2013)

Au Batofar, les 14 et 21 avril, avaient lieu les finales parisiennes du Headbang Contest, tremplin musical uniquement dédié au métal. Seul moyen de gagner la finale, et de remporter le droit de jouer au Motocultor : convaincre le jury ! Bien heureusement, pas de vote du public, car on comprend tous les dérives que cela pourrait entraîner…  Pour le Headbang Contest parisien, plus de 45 groupes ont tout donné pour tenter de jouer à ce festival de référence. Il y avait 12 groupes pour cette finale en deux parties, et beaucoup de choses à raconter, heureusement beaucoup de bonnes choses. Chaque groupe a 30 minutes de set.

Dimanche 14 avril 2013 :

Adastrae :

C’est à Adastrae d’ouvrir la première partie des finales du Headbang Contest. Les musiciens sont jeunes, et jouent un death métal mélodique qui n’est pas dépourvu de dynamisme. On les sent plein de bonne volonté et d’enthousiasme, ce qui fait plaisir à voir, et ils méritent sans conteste leur place de finaliste.Le son est très bon, malgré quelques problèmes de micro pour le chanteur. Les lumières sont bien étoffées pour ce qu’on pourrait attendre d’un tremplin musical, première preuve d’une série qui va démontrer que le Headbang Contest est très professionnel dans son organisation.

Adastrae, Headbang contest, 2013, le Batofar, finales

Les sonorités de leurs compos rappellent In Flames, période Clayman/Colony. Fait assez rare pour être noté, le chant est en français, même si cela n’influe en rien sur la musique. Le seul vrai défaut manifeste du set d’Adastrae est un certain manque de punch, qui est peut être du à l’absence d’un deuxième guitariste. En effet, une guitare supplémentaire permettrait peut être d’ajouter un surplus d’harmonie et de puissance utile pour être implacable, et ce soir, Adastrae ne l’a pas été. Dommage, mais le public a visiblement adoré ce premier groupe.

Adastrae, Headbang Contest, 2013, le Batofar, finales

Face Down :

Les Face Down, eux, ont compris l’apport que peut avoir une deuxième guitare dans un groupe de métal, à la fois d’un point de vue mélodique et rythmique. Ils balancent donc leur métal southern/stoner avec un professionnalisme et un enthousiasme communicatif. On sent l’influence de Pantera et autres Black Label Society sur ce groupe, qui arbore fièrement des guitares Dean. Le public est plus calme que pour Adastrae, mais écoute sans s’agiter dans tous les sens.

Face Down, Headbang Contest, Le Batofar, 2013, Paris

Face Down est une nouvelle preuve que le Headbang contest ne prend pas des figurants comme finalistes, ce boogie metal est du meilleur effet !  Dommage que le chant soit trop en retrait par rapport aux instruments, alors que le son global est excellent, laissant entendre la basse, les harmoniques artificiels et les solos avec clarté. Il y a une bonne interaction avec le public, qui atteint son paroxysme quand le guitariste soliste fait un stage diving, tout en continuant de jouer.  Un des meilleurs groupes du Headbang Contest, même si on sent que le chanteur peut encore faire beaucoup de progrès vocalement.

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Ethmebb :

Une intro médiévale se laisse entendre quand les musiciens d’Ethmebb montent sur scène, qui laisse supposer que nous allons avoir droit à du power/epic métal. Et on ne se trompe pas, puisque qu’Ethmebb joue un métal aux sonorités et thématiques chevaleresques. A l’écoute, on aurait presque envie de penser que le groupe cache son manque d’originalité et de professionnalisme sous un flot de décibel, et d’un vernis de théâtre. 

Ethmebb, Heabang Contest, 2013, le Batofar

Les membres sont tous de capes vêtus, et nous font cadeau d’un beau bal de chevelure ! Cependant, si cela suffisait pour faire un bon concert, ça se saurait. Au 3ème morceau du set, un homme déguisé en chevalier monte sur scène pour aider le groupe à chauffer la salle, louable intention, mais la mayonnaise ne prend toujours pas. Le chant est à la limite de la justesse, le claviériste est presque inaudible, sauf pour un très court intermède. Le son est fort, trop fort, et désordonné, comme une charge de cavalerie. La bonne humeur est là, mais le sérieux, un peu moins.

Ethmebb, Headbang contest, 2013, Le Batofar, Paris

Still Creep :

Quand Still Creep commence son set de death mélodique, on est vite impressionné par la puissance du growl de leur chanteur. Mais celui-ci devrait s’y tenir, car son chant clair est loin d’être juste, et il est en général mal amené. On peut relever quelques riffs de guitare harmonisée bien efficaces, aux sonorités qui évoquent Trivium.

Still Creep, 2013, Headbang Contest, Le Batofar, Paris

Le chanteur invective souvent le public, avec succès, ce qui est de bonne guerre dans le genre. Il descendra d’ailleurs dans le pit pour le dernier morceau du set. Une des guitares a un problème à un moment du set, ce qui est fort dommage, car les parties de guitares se répondent très bien. Still Creep a donc délivré un set solide, mais perfectible et qui gagnerait peut être à se démarquer des clichés du style dans lequel il évolue.

Still Creep, Headbang Contest, 2013, le Batofar

Nu Topic :

Ce groupe constitue sans conteste le doyen de la première finale du Headgang Contest, les membres sont tous manifestement plus âgés que les autres musiciens ayant joué ce soir-là. Ils envoient un rock sous stéroïdes assez efficace, ressemblant aux moments les plus lourds des Smashing Pumpkins. Le chanteur a une voix gutturale et assez expressive, qui rappelle celle de Phil Anselmo.

Nu Topic, Headbang Contest, 2013, le Batofar

La machine Nu Topic est bien huilée et efficace, malgré le fait que le chanteur oublie ses paroles au cours d’un des morceaux. Fait assez étrange, les lumières sont bien meilleures pour ce concert que pour tous les autres groupes des deux finales du Headbang Contest, fait qui laisse penser que le groupe, en plus d’avoir plus d’expérience que les autres, aurait également plus de moyens. Le set du groupe retombe comme un soufflet sur le dernier morceau, qui est totalement anecdotique, devant un public qui commence à quitter le Batofar pour rentrer chez eux.

Nu Topic, 2013, Headbang contest, le Batofar

Lutèce :

Dans un concert normal, le privilège va à celui qui joue le plus tard. Ce ne fut pas le cas ce soir, puisque Lutèce a eu le public le moins nombreux de la soirée, qui rappelle par ailleurs les travers d’organiser une finale en deux parties, qui désavantage les groupes de la première finale du point de vue l’affluence.

Lutece, Headbang Contest, 2013, le Batofar

Contrairement à ce qu’on aurait pu penser d’un groupe avec un tel nom, Lutèce n’a pas joué du métal barbarogaulois comme Ethmebb, mais du black metal simple, efficace et dévastateur. Les guitaristes, armés de guitares à 7 et 8 cordent, délivrent des sonorités modernes qui sont du meilleur effet. L’exécution est excellente, mis à part quelques blast-beats du batteur qui ne retombent pas sur le temps, et le son est bon, encore une fois. Le chanteur en impose pas mal avec son growl rageur, et son pied de micro ornés de crânes, evil ! Il serait criminel de ne pas noter que la basse est très présente dans le mix, et claque bien, fait assez rare dans ce style de musique.

Lutece, Headbang Contest, 2013, Le Batofar

Lutèce a donc délivré un set très convaincant, et énergique. Nous apprendrons plus tard que notre impression a été partagée par les jurys du Headbang Contest.

Dimanche 21 Avril 2013 :

Order of 315 :

C’est donc avec Order of 315 que commence la deuxième partie de la finale du Headbang Contest. Ils délivrent un set qui sonne comme une interprétation moderne du heavy metal des 80’s, avec des guitares sous accordées et un son lourd. Cependant, le chanteur paraît hors registre, avec un chant peut être pas assez énervé, qui ne se marie pas bien avec l’agressivité de l’instrumental. Le son n’aide pas à apprécier le set, car il est très brouillon, et empêche totalement de mettre en valeur la musique du groupe.

Order of 315, Headbang Contest, 2013, le Batofar

C’est bien dommage, car la plupart des musiciens ont l’air de maîtriser leurs instruments. Un des guitaristes, cependant, fait plusieurs pains lors de ses multiples solos. Ce même guitariste tentera en vain faire les chœurs pour épauler le chanteur, mais malheureusement, c’est objectivement faux. Tout cela fait qu’on ne passe pas un très bon moment avec Order of 315. Heureusement, le son est meilleur en fin de set, mais il manque toujours quelque chose à ce groupe pour convaincre, malgré des sonorités assez originales.

Order of 315, Headbang contest, 2013, le Batofar

Imminent Disorder :

Le contraste avec le groupe précédent est fort, Imminent Disorder commence avec un bien meilleur son dès le début du set. Ils jouent un deathcore plutôt bien exécuté. On remarque que le public est pour l’instant moins actif qu’à la première date. Est-ce à cause des groupes ou un excès de sévérité du public ?

Imminent Disorder, 2013, Headbang contest, le Batofar

On ne sait plus trop quoi penser quand il devient évident que le groupe est plus efficace lorsque le chanteur cesse de hurler dans son micro. On peut aussi regretter le manque d’originalité du groupe, et hélas, ils sont loin d’êtres les seuls dans la scène deathcore. Le chanteur se plaindra de ne pas avoir assez de « bordel » dans la fosse, et obtiendra finalement un timide mosh. On aime ou on n’aime pas.

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Dagara :

Deuxième groupe de deathcore de la soirée, Dagara se trouve être nettement plus efficace, notamment grâce à leurs deux chanteurs, qui sont très actifs sur scène et complémentaires. 

Dagara, Headbang contest, 2013, le Batofar

Le show est énergique, et un des deux chanteurs martèle sur un tome basse quand il ne hurle pas, ce qui ajoute un petit plus percussif bien sympathique. Mieux, ce même chanteur s’empare d’un djembé, qui apporte sa dose de sonorité roots au set de Dagara. Malgré ces ajouts, hélas, la musique jouée tourne vite en rond. Bis repetita.

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Acyl :

C’est avec enthousiasme que le Batofar acceuille Acyl. Et on constate dès les premières secondes du set que ce groupe est le plus original des finalistes, avec un style personnel et reconnaissable. Ils mêlent percussions orientales et grosses guitares, harmonies vocales mystiques et un groove imparable.

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Ils enflamment la salle très rapidement avec leur métal aux saveurs orientales, qui a un effet hypnotique. Le son est puissant, précis, et rend bien justice aux percussions folkloriques, les chanteurs sont bien synchros et justes, on croirait entendre un groupe de tête d’affiche.  On regrettera juste que les passages death n’aient pas cette texture orientale. Un des meilleurs groupes parmi les finalistes.

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Dreadful Silence :

Une armée de clowns peinturlurés débarque sur scène, et nous lâche un metal groovy et puissant, aux sonorités néo pas désagréables. Voilà un groupe qui ne cache pas un manque de professionnalisme derrière un masque, un maquillage ou quelconque artifice, et dieu sait qu’on trouve de tels groupes sur la planète rock/métal. Le growl du chanteur est excellent, dans les graves comme les aigus.

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Un homme de scène habillé comme le Pingouin ajoute une dimension scénique sympathique  en haranguant le public. Le son est puissant et précis, les musiciens sont carrés et professionnels,et le set très efficace. Pour le dernier morceau, les Dreadful Silence invitent le chanteur et le bassiste du groupe 6:33 et donnent un coup de grâce à l’audience avec un final dantesque et décadent à souhait.

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Terrorflieger (The Skivers depuis 2014) :

Enfin, le dernier groupe finaliste de ce Headbang Contest 2013 parisien monte sur scène. Terrorflieger assure un show hard rock’n roll à l’ancienne qui fait plaisir à entendre.

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Dommage que le son manque de précision en début de set, mais la voix de crooner du chanteur fait tout de même son petit effet. Provocateur à souhait, le groupe fait un show dans la plus pure tradition du rock n’roll, yeah !  Peu de choses à dire de plus, ce genre de groupe laisse de marbre, ou conquis.

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Le mot de la fin :

Le bilan de ces deux soirées est donc globalement très positif. Les groupes étaient bons, pour la plupart, et l’organisation au poil, en tout cas du côté des spectateurs. Détail qu’il faut souligner, le son a été en moyenne bon voire très bon, et souvent meilleur que sur certains concerts de tête d’affiche, et ce genre de « détail » est important, et particulièrement pour la musique métal.

Lutece, 2013, Headbang contest, le Batofar

Le groupe qui a gagné le droit de jouer au Motocultor est Lutèce, et c’était amplement mérité. Ils ont su mêler professionnalisme, puissance scénique et humilité pour convaincre le jury.
Une chose est sûre, le Headbang Contest va devenir incontournable pour sonder la scène underground métal française !

En conclusion, voici le top 5 des groupes finalistes de la Grosse Radio :

N°1 : Lutèce
N°2 : Acyl
N°3 : Dreadful Silence
N°4 : Face Down
N°5 : Terrorflieger
 



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