Le Bal des Enragés au Plan (31.05.2013)

Faudrait pas vieillir !

Non, vraiment, pour vivre pleinement, intensément un concert du Bal des Enragés, il ne faudrait pas que vos poumons vous rappellent que vous étiez bien plus endurant il y a vingt ans !

Parce que ce vendredi 31 mai au Plan à Ris Orangis, l'espace de trois heures d'un concert de furieux, j'ai eu 18/20 ans, mais tout de suite après, mon statut de quadra m'a rattrapé par l'oreille (ou plutôt par les bronches) et le lendemain au réveil, j'avais soixante-dix printemps bien tassés ! Mais qu'est-ce que c'était bon !

Pourtant, je le savais que ça allait dégénérer. Je l'avais lue, la set list du concert à l'Alhambra. Je savais que ce grand fourre-tout metalo-punk-hardcore risquait de mettre à mal ma santé physique et mentale (déjà bien entamée diront certains vils sournois moqueurs). N'empêche que j'étais loin du compte, très loin même !

 

Bal des enragés, Poun, Schultz, Nico, Tagada Jones, Parabellum, Black Bomb A
Salut, on est au Plan, et bientôt au Hellfest !
 


Après l'interview de Poun (Black Bomb A), Nico (Tagada Jones) et Schultz(Parabellum) puis une virée  afin de trouver de quoi se remplir un peu le ventre, la soirée débutait fort bien. Une mousse histoire de lutter préventivement contre la déshydratation (toujours redoutable en cas de forte chaleur) et déjà, le barnum rock démarre avec une version revisitée de "l'Empereur Tomato Ketchup" des Bérus. Premier titre à gueuler à s'en décoller les poumons, premiers frissons, mais depuis combien de temps n'ai-je pas ressenti ce sentiment que, c'est sûr, la soirée sera mémorable au-delà du raisonnable ?

A peine le temps de se remettre du" Ace Of Spade" ou du" Killing In The Name", que l'évidence saute aux yeux et aux oreilles. Dans un spectacle du Bal des Enragés, certains mots n'ont pas leur place. Economie, frime, ego, leader ! Par contre, tout est très bien rôdé et les changements incessants de musiciens se font à une vitesse et avec un naturel qui laissent pantois (non, pas toi, lui !). Côté prestation, ça joue, sérieusement, sans se poser de question, juste pour le plaisir de balancer du lourd et de voir le public devenir dingue. Des versions proches des originales, mais boostées par une intention délibérée d'envoyer la sauce et de se faire plaisir.
 

Bal des enragés, Vx, Punish Yourself, le Plan
Amis de la poésie, bonsoir ! Au programme, chants grégoriens, cantiques et menuets !


L'éventail musical est large et vient faire une incursion dans un passé lointain avec les Who puis les Stooges avant de revenir à des choses plus récentes. L'amalgame entre les générations se fait aussi bien au sein de la set list que dans la troupe. Schultz joue à fond son rôle d’aîné, et quel bonheur que de le voir fendre la foudre pour aller serrer la main à ses copains en plein morceau tout en donnant l'accolade aux spectateurs. La barrière entre les musiciens et les fans est mince, voire inexistante. Tout le monde est là pour s'éclater et c'est exactement se qui se produit. Les yeux de Reuno, le sourire de Stéphane Buriez, les stage diving de Poun, tout transpire la fiesta générale (Oui, je le dis haut et fort "Tout cela est festif !").
 

Alors arrive un moment où rester un simple chroniqueur en retrait, un spectateur qui analyse, ça va bien deux minutes, mais lorsque les tripes prennent le pouvoir, il faut les écouter ! Un passage aux vestiaires histoire de déposer tout ce qui peut l'être et hop, me voici parti m'immerger dans ce chaos humains alors que retentit le riff de "Tostaky". A partir de là, tout ne va être que sauts, hurlements, coups d'épaules, bras en l'air pour supporter les humanoïdes volants provenant de la scène, et ivresse des décibels.
 

Bal des enragés, Stéphane Buriez, Loudblast, le plan
Moi, je m'amuse bien !


Sur la scène, Nico se dévisse tel un derviche tourneur, Stephane tronçonne, Vx s'agite comme un pantin désarticulé, Reuno se fait plus théâtral que jamais, la rythmique cale tout ce beau monde sur des rails qui filent droit et les images improbables se succèdent, telle cette pyrotechnie Rammsteinienne basée sur une meuleuse appliquée sur une plaque en acier posée à même le torse (vous la visualisez bien la gerbe d'étincelles?), cette interlude flamenco sur fond de Pulp Fiction, ou bien les leaders de Lofo et Loudblast traversant l'arrière scène dans une danse frénétique. Car le Bal des Enragés, c'est aussi tout un tas de petites trouvailles scéniques pour "mettre en scène" quelques titres.

Klodia est tour à tour pin-up, danseuse avec du feu, dominatrice, femme fatale, tandis que Lolo le fourbe passe son temps à haranguer la foule en mode manager hystérique, à se faire maltraiter par ses camarades qu'il voudrait tant dominer (Ah cette tentative avortée de devenir une rock star avec une pathétique version du "pénitencier" !)

 

Bal des enragés, Le Plan, Reuno, Poun, Buriez,
Oh la belle brochette !
 

Attirant plusieurs générations de fans, le collectif attire des familles entières. Sur la crash barrière, une adorable petite fille blonde (casque anti-bruit sur les oreilles, n'ayez crainte) assiste à tout ce cirque sous le regard éberlué de Reuno qui finit par l'inviter sur scène. Il faut voir alors ce bout de chou entre lui et Poun, la princesse et ses tontons déglingos !

Impossible de rédiger un report chronologique, cette soirée, c'est une succession de flash, de titres attendus ("Cayenne" c'est toujours un bonheur) ou non (belle surprise que "Basket Case"). Parce que le Bal des Enragés, c'est Stéphane Buriez et des yeux de dingue sur "Enter Sandman", c'est Vx qui semble constamment électrocuté pendant le "God Save The Queen" des Pistols, le public qui explose sur "Antisocial", Poun qui se jette dans la foule sur tous les derniers morceaux, c'est même moi qui hurle sur "Refuse/Resist" comme si j'avais toujours idolâtré la Cavalera familia !

Bal des enragés, plan,  Parabellum, Lofofora,
"I Wanna Be Your Dog !"


Dans la fosse, tout y passe : pogos, stage diving, Wall Of Death, Circle pits ! Et je ne vous parle pas des yeux qui brillent, de la sueur qui coule, des rugissements de joie. Quand Reuno déclare après une version orgiaque de "Nice Boys" qu'ils peuvent encore en jouer une si on insiste, le public gronde avec ce qu'il lui reste de forces (c'est à dire plus grand chose), ce qui fait rigoler le bonhomme qui reprend "J'ai dit si vous insistez, pas si vous agonisez", et c'est tout à fait celà ! Du coup, une ultime déflagration vocale des spectateurs lance le signal du départ d'un "Vive Le Feu" qui donne lieu à un dernier moment de liesse collective !

Si on dit souvent que "Tout est bon dans le cochon", j'ajouterai volontiers que "dans le Bal des Enragés, il n'y a rien à jeter" !

Un grand merci à Christelle Bouguermouh pour ses photos prises au coeur de la mélée !
 



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