La police fait du zèle devant l’entrée du Divan du Monde, exigeant que les metallos aillent boire leurs bières bien alignés dans la file d’attente, alors qu’à 50 mètres les dealers de crack ou les dames de petites vertus font leur business d’une manière ouverte sans être inquiétés par la maréchaussée.
On doit être une cible beaucoup plus facile pour la bande de képis ! Bref, passons...
On est le 1er Avril et pourtant un bruit circule comme quoi c’est Hoest, leader et chanteur de Taake qui va chanter pour Gorgoroth ce soir à Paris ! Non mais c’est dingue ce truc, on croise les doigts et on s’en jette une petite dernière en buvant à la santé de la police !!
Moonreich entame cette très belle soirée dans une salle qui va se remplir au fur et à mesure sans pour autant atteindre le balcon. Le chanteur/guitariste Weddir trouve le public un peu mou. On a un peu de mal à accrocher sur les premiers titres et c’est plus vers les deux derniers morceaux que l’audience commence à se faire remarquer et à élever la voix.
Vital Remains, c’est du choc frontal, du brut, du velu. A l’image de leur nouveau chanteur Brian Werner qui dès le premier titre n’hésite pas à se jeter dans le public pour surfer au dessus de nos têtes. Le public se lâche et nombreux étaient ceux qui étaient venus pour voir les américains dans une configuration qui change très souvent. Version 7.6.4 ? Le chanteur a à peine le temps de demander un Wall of Death (aidé pour cela par les traductions en français dans le texte du canadien du groupe, dernière recrue, en la personne de Aaron Homma aux guitares) que les fondations sont déjà en place de chaque côté de la scène. Ça bouge, ça tourne, ça saute, bref c’est rapidement le sauna. Les Circles Pit sont virils, il ne manque plus que la poussière comme lors d’un bon festival. Une grosse claque, une intensité explosive !
Ensuite sur « I am God » avec sa belle intro grandiloquente pendant laquelle les musiciens, dos tournés au public, face aux amplis, tendent le bras en l’air faisant le signe du Diable. Et c’est parti, le public a le droit de monter sur scène pour sauter dans le pit ! Allez « Get in the Black Pit Motherfuckers!! »
Gorgoroth a opté ce soir pour l’option « on ne nous voit pas et on balance les fumigènes pendant tout le show ». Pas besoin de signer des attestations pour pouvoir shooter les norvégiens puisqu’on ne les voit pratiquement pas. Il est vrai que cela en jette quand même et donne un côté glacial en entrapercevant seulement les ombres des musiciens dans le brouillard pendant l’intro. Celle de la « Marche Funèbre » de Chopin inquiétante et lancinante (trouvez donc la vidéo de Zbigniew RybczyŠ„ski sur le web complètement surréaliste…). Les clous transpercent les nuages dans une musique qui à tout pour nous retourner ce soir. Et avec un invité de marque, car il est bien là, insufflant une puissance, une maîtrise, en la personne de Hoest de Taake. Quelle claque, mais quelle claque. Après les avoir vu il y a 3 ans avec Pest dans un Savigny le Temple assez dégarni ; avec la prestation lourdingue du chanteur, c’est à ne rien y comprendre tellement on a ce soir du Gorgoroth Grand Millésime avec pourtant la même setlist mais avec « Satan-Prometheus » en bonus.
Guh.Lu à la basse prend d’assaut des retours se positionnant en avant de la scène un crucifix retourné en pendentif. Les musiciens prennent visiblement du plaisir dans une telle configuration.
Comme à son accoutumée Hoest se tord, avance son corps vers le premier rang au travers d’un brouillard épais laissant apercevoir une grosse croix inversée accrochée à son cou. Les clous sont de mise et débordent de ses vêtements. Il éructe comme il sait si bien le faire donnant un coté bestial et malsain et relève le niveau de chaque titre comme sur « Destroyer », « Ødeleggelse og Undergang » ou encore le blasphématoire « The Rite of Infernal Invocation ». Dire qu’on va le revoir le 9 Mai au Divan du Monde avec son groupe… Il est à l’aise et fait le show. Tous les yeux sont braqués sur l’image fantomatique d’un Hoest qui transperce parfois la brume ambiante venue des forêts norvégiennes dans des lumières rouges ou orangés, pendant qu’Infernus reste un peu en arrière à droite de la scène. Les morceaux sont merveilleusement bien interprétés et redonnent du crédit à un Gorgoroth qui avait souffert du procès opposant Gaahl et King Ov Hell d’un côté et Infernus de l’autre concernant la propriété du nom du groupe.
On a donc passé une soirée mémorable, avec un invité de marque qui a démultiplié la puissance et l’impacte visuel de Gorgoroth sur scène.
Lionel / Born 666
Setlist Gorgoroth:
Bergtrollets Hevn
Aneuthanasia
Prayer
Katharinas Bortgang
Revelation of Doom
Forces of Satan Storms
The Rite of Infernal Invocation
Ødeleggelse og Undergang
Satan-Prometheus
Destroyer / Incipit Satan
Krig
Profetens Apenbaring
Unchain My Heart!!!
Photos : Lionel / Born 666 / © 2014
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