Débarquement de riffs en Normandie
Avant la sortie officielle de son album War Eternal, Arch Enemy a décidé de chauffer sa nouvelle chanteuse, Alissa White-Gluz, avec une série de dates dans les clubs européens. Rouen a ainsi pu retrouver un groupe en pleine forme, qui a su combler ses fans avec un set conséquent et une énergie fraiche. Deux groupes français étaient conviés pour assurer la première partie : Deep in Hate et Mylidian.
Mylidian
C’est avec un mélange de metal symphonique et de metal extrême que la soirée commence. Les six français de Mylidian doivent assumer la lourde tâche d’ouvrir pour Arch Enemy et s’en sortent avec brio. Tout d’abord, malgré un son imprécis, les riffs ressortent bien et donnent une certaine puissance aux compos, au détriment de la section rythmique peu mise en valeur dans le mix (notamment la batterie).
Côté chant, le groupe dispose d’un chanteur permanent, Armendar, au timbre proche du death, qui arrive à chauffer le public en se montrant assez mobile. Pour assurer le pendant féminin des parties vocales, c’est Chaoss Heidi (Asylum Pyre) qui s’y colle. Même si elle n’est pas membre permanent du groupe, elle est bien intégré dans le jeu de scène de Mylidian et maîtrise bien les parties vocales qui lui sont allouées sans jamais oublier d’haranguer la foule assez fournie.
Le public se montre d’ailleurs assez réactif, preuve que le public français sait aussi soutenir sa scène, même quand il va voir un groupe d’envergure internationale. Ce concert à Rouen a probablement permis à Mylidian de gagner quelques fans dans ses rangs.
Deep in Hate
C’est maintenant au tour de Deep in Hate de prendre le relais. Exit les influences opératiques et bonjour le death moderne aux influences metalcore. Les riffs se font plus incisifs, la voix plus extrême et la rythmique bien plus agressifs, ce qui régalera les amateurs de sensations fortes présents dans le 106.
On remarque que les musiciens sont assez carrés dans l’ensemble, maîtrisent leurs parties comme il se doit et alignent riffs agressifs et rythmiques groovy comme il faut, sans oublier de chauffer le public, qui se montre aussi réactif pour Deep in Hate, malgré la différence stylistique qu’on remarque par rapport à Mylidian.
Les deux groupes français ont donc bien su chauffer le public rouennais, qui s’est déplacé en masse pour ce plateau éclectique mais solide. Il ne reste plus que quelques minutes à attendre pour se prendre une déferlante de death metal mélodique…
Arch Enemy
Le décor est dressé. Quatre drapeaux aux couleurs du groupe suédois sont dressés devant la batterie de Daniel Erlandsson et derrière celle-ci se trouvent des bandes blanches et rouges séparées par des chaines qui servent d’écran pour diffuser des images de clips ou des extraits de paroles. L’ambiance sent le soufre quand les violons de "Tempore Nihil Sanat (Prelude in F minor)" se font entendre, et explose quand le clavier du tube "Enemy Within" apparaît.
Le groupe arrive triomphant et solide, malgré les récents changements de line-up qu’il a dû subir. Tous les regards sont évidemment tournés vers la petite nouvelle, Alissa White-Gluz, qui n’en finit pas d’éructer de manière carrée et efficace, sans montrer aucun signe de faiblesse malgré le fait qu’elle se soit cassée une côte en pleine tournée. Son growl est maîtrisé et puissant, lui permettant de rendre honneur à l’ensemble des compos présentées.
Côté attitude, Alissa se montre plus naturelle et moins agressive qu’Angela Gossow sur scène. Souriante et heureuse d’être là, elle a un jeu de scène plus décontracté et spontané. A l’aise avec le public, elle peut s’exprimer en français (elle est de Montréal) et ainsi capter plus facilement la foule. On pourrait ironiser en disant qu’elle cite notre Johnny national avec un "Vous êtes génials !", mais ce serait chercher la petite bête tant la nouvelle frontwoman multiplie les qualités.
Côté musiciens, le groupe est on ne peut plus rodé. Chacun est à sa place et assure ses parties sans accroc. La paire de guitaristes, composée de Michael Amott et de Nick Cordle est en place, les deux se renvoient la balle avec ces mélodies accrocheuses, que ce soit dans les thèmes des tubes présentés, des solos soignés ou des chansons instrumentales devenues indispensables que sont "Intermezzo Liberté" et "Snow Bound". On remarque que la place de l’improvisation est de moins en moins importante. Cela est encore plus flagrant avec le solo de batterie, qui est le même depuis dix ans, à quelques changements près.
Si le groupe est rodé, il se permet de jouer un set bien plus conséquent que les précedents en Europe. Le public rouennais a droit à 19 chansons (sans compter les instrumentales), soit 1h45 de pur death metal mélodique. Arch Enemy privilégie la période Angela Gossow, avec tous ses albums représentés par des classiques. Trois titres de War Eternal sont joués et passent à merveille l’épreuve du live et la période Johann Liiva est complètement occultée. Le set est long, bien ficelé et conséquent, mais ne comporte aucune prise de risque. Le plaisir pour le public reste néanmoins intact.
En effet, les fans sont bien réactifs aux adresses d’Alissa, chantent les mélodies de guitare en chœur et acclament le groupe avec ferveur. On remarque néanmoins que l’ensemble des fans sont sages. Un petit moshpit se déclare au deux tiers du show, pendant "As the Pages Burn", mais ne fait pas beaucoup de vagues.
Avec ce show à Rouen, Arch Enemy arrive à consolider sa réputation en live. L’heure n’est pas à la nostalgie et aux raretés, il faut prouver à l’Europe qu’Alissa est tout à fait capable de reprendre le flambeau incandescent laissé par Angela. C’est chose réussie, la Canadienne se démène comme une reine sur scène et est parée pour les dates plus importantes à venir, sans faire perdre de sa puissance au groupe.
Setlist :
Tempore Nihil Sanat (Prelude in F minor) [sur bande]
Enemy Within
War Eternal
Ravenous
Revolution Begins
My Apocalypse
You Will Know My Name
Bloodstained Cross
Drum Solo
Under Black Flags We March
The Day You Died
Dead Eyes See No Future
As the Pages Burn
No Gods, No Masters
Solo de guitar de Nick Cordle/Intermezzo Liberté
Dead Bury Their Dead
We Will Rise
Rappel :
Khaos Overture [sur bande]
Yesterday Is Dead and Gone
Blood on Your Hands
Snow Bound
Nemesis
Fields of Desolation [outro instrumentale]
Enter the Machine [sur bande]
Vox Stellarum [sur bande]
Photos : © 2014 Watchmaker
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