Aaaaahhhhh !!!! On se demandait quand est-ce qu'elle allait enfin arriver la première galette de Fatbabs sous son propre nom. Rassurez-vous, c'est pour bientôt, le 17 février exactement, et ça sortira chez Big Scoop Records.
De la même manière qu'on avait attendu avec impatience un album de Manudigital, qui officiait depuis plusieurs années en tant que beatmaker de Biga*Ranx, Pierpoljak, Brahim, Papa Michigan, Derrick Parker, General Levy, etc..., on avait hâte de découvrir ce que valait en solo le fidèle lieutenant de Naâman. Hé bien, croyez-nous, cela vaut le détour et pas qu'un peu.
Car outre d'être l'un des artisans du succès de Naâman, Fatbabs produit également pour d'autres artistes, dont les Phases Cachées avec "Ce monde manque de love" (voir ici). Il est également le responsable principal de ce big tune entre toute la nouvelle génération du reggae/hip-hop français, "We all" (voir ici).
Et si Naâman arrive à fédérer autant de massives, c'est parce qu'il a concocté un savant mélange de reggae et de rap (le genre musical en vogue aujourd'hui) : le Normand apportant ses influences jamaïcaines, tandis que Fatbabs les nourrit de références plus américaines, voire anglaises.
Fatbabs est en effet un grand admirateur de black music, comme on dit : rien ne lui échappe, qu'il s'agisse de jazz, de soul, de funk, de disco, de hip-hop, de house. Et quand on sait qu'il a confié à ses followers Facebook (voir ici) que les albums qu'il avait le plus écoutés en 2016 étaient, entre autres, Malibu d' Anderson .Paak et The Divine Feminine de Mac Miller (qu'on a également surkiffés), on n'est pas du tout surpris. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Anderson .Paak, le dernier poulain de Dr Dre cela dit en passant (cela devrait vous convaincre), on vous invite expressément à aller découvrir fissa ses productions, qui oscillent justement entre tous les genres que l'on a cités à propos de Fatbabs.
Et donc quand on s'inspire des meilleurs, on ne peut composer que du bon son. Telle est la sentence qui résume le mieux ce Daily Jam.
Mais encore, plus généralement, on croirait presque que cet EP fait écho, vingt ans plus tard, au Tourist de St Germain (sorti chez Blue Note, le mythique label de jazz). C'est immédiatement ce que l'on ressent à l'écoute du premier morceau, éponyme, "Daily Jam" : trompette, clavier jazzy (piano bar ??), guitare chill, le tout rythmé sur un beat boom-bap, avec quelques scratches. Mais cet aspect hip-hop old school teinté de jazz est encore plus flagrant sur "Brother" en feat. avec Kool A, rappeur proche de 1001 Prods Records, la boîte de prod de Naâman et, surtout, sur "Kingston Finest" avec Triple et son flow très Wu-Tang, malgré une instru qui flirte avec le trip-hop : "1, 2, 3, 4, Fatbabs on the beat and Triple on the track", on accroche grave !
Justement, on parierait presque que Fatbabs est un grand fan de Morcheeba, tant la correspondance entre l'instru de "Dedicated life" et celles du crew de Skye Edwards est frappante. Le trip-hop du beatmaker est propre et soigné avec ses notes de piano, ses scratches, sa guitare planante, un peu de reverb sur la batterie en milieu de morceau et son synthé complètement chill qui surplombe le morceau de toute sa majesté.
Et forcément, Naâman est présent sur le maxi de son pote Fatbabs ; le contraire eût été anormal et scandaleux. Pas de reggae, ni même de hip-hop sur "Dance to my Fire", plutôt un beat disco punchy, mais qui aurait peut-être plus gagné en intensité et en qualité si Fatbabs avait rajouté les nappes cloud qu'on peut écouter sur les autres morceaux du EP, à la manière d'ailleurs du "Am I Wrong" d'Anderson .Paak ou de l'esthétique de Jamiroquai.
Finalement, on se dit que le seul titre qui pourrait être étiqueté reggae sur ce Daily Jam, "Blackbird" avec Marcus Urani de Groundation, fait presque tache au milieu de toutes ces prods jazz/hip-hop. En effet, on remarque un skank au début du track avant qu'une trompette et le clavier de l'Américain ne viennent jazzifier tout ça.
On l'attendait de pied ferme cette galette et, à vrai dire, on ne se faisait pas de souci quant à la qualité qu'on allait pouvoir y déceler. On pouvait faire confiance à Fatbabs et il ne nous a pas trahis. C'est tout ce qu'on lui demandait ; il peut être fier de sa première production en solo. C'est une vraie bénédiction et un réel bonheur pour Naâman d'être épaulé par quelqu'un d'aussi talentueux. On espère ainsi très sincèrement que ce projet aura une suite.