Une fois de plus, on ne se lasse pas des productions de Reggae Vibes Music. La structure de Marlon Folkes et Kesnoaal Bennett située à Atlanta aura encore réussi à nous convaincre avec sa dernière série, le Reggae Sax Riddim.
A vrai dire, ce one riddim est sorti il y a quelques semaines déjà, au mois de juillet. On vous en avait déjà fait part à travers quelques singles, le "Babylon" de Ras Demo (voir ici) et le "I Feel The Pain" de Lutan Fyah (voir ici). Mais aujourd'hui, nous allons passer aux choses sérieuses et vous parler plus en détail de cet envoûtant Reggae Sax Riddim.
Souvenez-vous, il y a deux ans, Reggae Vibes Music, en collaboration avec Warriors Musick Production, publiait le Reggae Vibes Riddim (la grosse chronique ici), une superbe et touchante composition sur un rythme one drop. En 2017, Marlon Folkes récidive avec une autre série qui reste dans les mêmes canons que la précédente avec une production façon new roots 90's. La tonalité est encore one drop ici et Marlon Folkes s'est entouré de la même équipe pour cette instru (on retrouve les mêmes musiciens), à la différence près que Dameon Gayle n'est pas présent sur ce Reggae Sax Riddim. Par contre, le producteur a fait appel à l'ingénieur du son Fabian Dobney, disciple de Jeremy Harding (l'un des artisans du succès de Sean Paul) en personne.
C'eût été cependant trop facile de refaire la même chose qu'avec le Reggae Vibes Riddim et surtout inutile. Par conséquent, Marlon Folkes a enrichi son riddim en invitant le saxophoniste américain Slick Sax. Le saxo reste l'un des instruments emblématiques du reggae, hormis les incontournables basse, batterie et guitare. Que l'on se souvienne de Tommy McCook, Cedric Brooks ou Roland Alphonso, le saxophone a marqué de son empreinte l'âge d'or du ska au côté de la trompette ou du trombone. Mais au fil des années, l'essor du sound system, des productions digitales et la réduction des bugets ont fait que les cuivres avaient pratiquement disparu du reggae. Ils sont revenus depuis quelques temps sur le devant de la scène et c'est dans ce contexte qu'il nous faut aborder ce Reggae Sax Riddim.
En effet, à l'heure où les one riddim essaiment par dizaines, voire centaines, voire même milliers dans la sphère reggae/dancehall, le Reggae Sax Riddim se démarque par la mise en avant du saxophone.
Et ce n'est pas tout, puisqu'il nous faut également mentionner l'intervention de la violoniste allemande Chache sur cette série. Là encore, nul besoin de nous étendre : le violon est assurément trop peu présent dans le reggae ; hormis Weeding Dub avec son fameux "Gypsy Dub" ou Iron Dubz avec son excellent "Vertigo", le violon fait cruellement défaut au sein du reggae music. Pour remédier à cela, nous vous conseillons ainsi de débuter votre écoute de l'album par...la dernière piste, "Verführung (Seduction), qui s'avère être un cut au violon du riddim et qui est une très bonne porte d'entrée dans ce Reggae Sax Riddim. L'on se rend compte instantanément que violon et reggae peuvent se marier à merveille.
Puis il vous suffira d'enchaîner avec l'avant-dernier track, "Soul Journey", le riddim initial au saxophone, afin de bien vous imprégner de l'instrumentale avant de vous plonger dans les morceaux chantés.
Concernant les interprètes, on en retrouve quelques-uns qui figuraient déjà sur le Reggae Vibes Riddim : Sizzla, Turbulence, Lutan Fyah, Powerman, Devano et le rappeur Charlie Clips. Quant aux nouveaux arrivants, il s'agit de Khago, Eazi Money, Ras Demo mais aussi et surtout Jah Cure. C'est justement ce dernier qui ouvre le Reggae Sax Riddim avec un "Lion In The Jungle" avant qu'il ne laisse la place à Ras Demo (artiste que l'on retrouve de plus en plus auprès de Français comme Krak In Dub ou L'Entourloop) qui signe ici l'une des meilleures interprétations de la série avec son refrain accrocheur et entêtant sur "Babylon", premier single du one riddim.
Mais c'est en fait tout le Reggae Sax Riddim en lui-même qui est accrocheur et entêtant, de la même manière que le Reggae Vibes Riddim. Un Turbulence chante aussi bien l'amour sur "Crazy Love" que sur son "For Me" dans la première production de Marlon Folkes. Et même si Sizzla nous convainc moins que sur "Greatest Mother", il nous offre tout de même ici un très bon "Come Link Me Girl". C'est en effet une fois de plus l'amour qui est le fil conducteur de ce Reggae Sax Riddim, en atteste le "She Gone" avec un Powerman au flow rugueux ou encore l'efficace "One Night Stand" avec un surprenant Eazi Money qui nous subjugue littéralement. Les rageux voudront railler l'autotune, mais elle nous convient parfaitement ici, ainsi que sur "Pack Up And Gwaan" avec Khago. Même Lutan Fyah l'utilise sur "I Feel The Pain" et avec brio. Quant à Devano, lui aussi nous gratifie de quelques voix pitchées sur "Stop What You're Doing", dont la dernière partie du morceau flirte avec le dub.
A contrario, Charlie Clips représente plus un hip-hop old school, façon 90's ; à ce titre, le New-Yorkais est plus dans la lignée du Wu-Tang Clan que d'un Future ou autre Gucci Mane. Le morceau sur lequel il se pose, "Ghetto Youths", est un excellent compromis entre son flow hip-hop et celui plus toasté de DNA en feat. sur ce track.
Encore une belle réussite de la part de Reggae Vibes Music qui nous propose ici une production qui s'éloigne considérablement du rub-a-dub dominant. Avec une structure one drop et des instruments tels que le saxophone et le violon, le Reggae Sax Riddim a misé sur le risque et l'originalité avec un résultat des plus séduisants.
Et comme si cela n'était pas suffisant, preuve que l'Amérique Latine est en plein essor aujourd'hui dans notre genre musical favori, le Reggae Sax Riddim se verra décliné en un Reggae Sax Latin en 2018 avec l'Argentin Fidel Nadal, le Chilien Balaguero, Jahricio du Costa Rica, Jah Fabio du Mexique, le Colombien Javier Alerta et Nori Amada de Panama.
Bien évidemment, on vous en reparle en temps et en heure !
STAY TUNED !!