Anthony B, membre de la tribu rasta des Bobo Ashanti, est l’un des membres fondateurs de la première vague reggae new-roots qui a submergé la Jamaïque dans les années 90 avec notamment Sizzla et Capleton. Cette vague musicale aux messages conscients est survenue après une longue période consacrée au rub-a-dub et au slackness. La musique jamaïcaine est un cycle. C’est donc le 1er mai, après 5 ans d’attente et comme pour conjurer le mauvais sort, qu’Anthony B sort son 20ème album King in my Castle. Visitons !
Anthony B nous accueille dans son château avec une prière rasta a capella avant d’aller chanter tous ensemble dans la jungle couvrant son domaine. Car avec “Singing in the Jungle” tout est dans le titre. On y trouve une ambiance pure, humaine et naturelle qui ressource le corps et l’esprit. Anthony B rentre alors dans le vif du sujet avec le titre éponyme. Il prend alors ce flow qu’on lui connaît si bien sur un riddim new roots démontrant ainsi qu’il est définitivement le roi dans ce domaine.
Après le discours du roi vient alors le bal tant attendu avec “Dubbing Tonight”, faussement léger sur l'importance des racines, un bon titre pour bien commencer une soirée en douceur. En visitant les recoins du château on croise Zamunda sur “Talk, Talk, Talk” au son new-roots stepper, Japanese pour le très frais et puissant “YO-YO” mais aussi Pressure avec “What’s A Woman’s Worth”, un dancehall léger dédié aux femmes. Mais le point culminant de ce bal est le morceau très dansant “There’s A Light”.
Comment ne pas scander le refrain de “Mr. Officer” comme un cri de ralliement. Anthony B s’empare de l’actualité pour rassembler tout le monde et ça fonctionne terriblement bien. L’artiste demande à ces cowboy des temps moderne d’arrêter d’être violent suivant la couleur de peau. Mais Anthony B est tout aussi capable de douceur, c’est ce que l’on découvre sur des titres comme “First Time I Fall” ou encore “Lonely Solider”. La modernité, l’artiste la dilue dans tous ses titres de manière plus ou moins évidente mais force est de constater que “Naah Buy No Friend” et “Never Know” sont des titres dancehall des plus modernes. On retourne cependant très vite dans le style new-roots avec “Reggae Soul Sister” et “Liberator” pour ne citer qu’eux. Après toutes ces années Anthony B sait encore nous surprendre notamment avec le titre “Memories of the Past”, le touchant “This Earth is Our Home” ou encore la reprise du titre “I Wanna Know What Love Is” de Foreigner qui clotûre King in my Castle.
Anthony B sait très bien alterner entre musique dancehall et son new-roots, entre divertissement et message conscient. En Jamaïque l’un ne va pas sans l’autre. King in my Castle fait le lien entre sons roots rasta, new-roots et dancehall tout en s’adaptant à son époque. Les défauts de l’album sont peut être à trouver dans les 19 titres qui le composent dont certains souffrent de la comparaison entre ce qui nous est offert dans cet opus et les autres depuis des années. Le fait qu’Anthony B se frotte à reprendre des monuments de la musique pop n’aide pas non plus. Tout ça en fait quelque chose d’assez inégal. Plusieurs écoutes peuvent aider à vraiment apprécier ce projet. Mais il serait grandement injuste de bouder son plaisir en écoutant King in my Castle, tant l'éclectisme est intéressant, vous y trouverez forcément quelques big-tunes à vous mettre sous la dent
Anthony B - King in my Castle
Sorti le 01/05/20
Label : Born Fire Music
Tracklist :
01- Watch Over I (Intro)
02- Singing in the Jungle
03- King in my Castle
04- Dubbing Tonight
05- Mr. Officer
06- First Time I Fall
07- Talk Talk Talk ft. Zamunda
08- Lonely Solider
09- Naah Buy No Friend
10- What’s a Woman’s Worth ft. Pressure
11- Never Know
12- Reggae Soul Sister
13- Liberator
14- There’s a Light
15- YO-YO ft. Japanese
16- Memories of the Past
17- Great China Wall
18- This Earth is our Home
19- I Wanna Know What Love Is
