Entretien avec Manudigital

Alors qu'il vient de sortir tout récemment son album Digital Pixel chez X-Ray Production et que nous étions à La Cigale pour son concert le 26 mars dernier, il fallait absolument que nous puissions obtenir une interview de Manudigital !!!

C'est désormais chose faite. Notre entrevue s'est déroulée dans un bar du quartier Montparnasse à Paris, mercredi 30 mars. 

Outre son projet bien sûr, il nous livre également sa vision du reggae en France, ses impressions sur la musique électronique et il évoque un artiste qu'il admire énormément. 

Bonjour Manudigital, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je suis musicien, bassiste à la base et compositeur de riddim. Depuis peu, je me consacre à ma carrière solo, Manudigital. J'ai sorti un album, il y a quelques semaines, Digital Pixel, et trois EP auparavant entre septembre et décembre. Là, je commence une tournée dans toute la France et à l'international aussi depuis deux, trois semaines.

Samedi 26 mars, nous étions présents pour couvrir ton concert à La Cigale, qui était une des dates phares de ta tournée. Quelles impressions en conserves-tu ?

J'en ressors très heureux, très content, parce que j'avais beaucoup d'inquiétude. Par le passé, j'ai eu la chance de jouer à La Cigale, mais c'était pour accompagner des chanteurs [Biga Ranx, NDLR] ou des groupes [Babylon Circus, NDLR] qui avaient déjà une renommée et qui ramenaient du monde avec leurs noms, donc je ne m'en faisais pas. Mais là, c'est vrai que de le faire seul, je me suis un peu inquiété au début. Je me suis dit : "Ca va être dur, il n'y aura pas grand monde, ça va être chaud...". Et au final, ça s'est super bien passé ! Il y a eu du monde, l'accueil du public a été super chaleureux, alors que je m'attendais à un public parisien un peu sur la réserve et au final pas du tout ! Je suis très fier d'avoir pu faire ça, très heureux d'avoir vu plein de potes et des gens que je ne connaissais pas qui se sont déplacés pour soutenir le projet. Ca m'a vraiment fait chaud au coeur.

Sur scène, tu projettes un live/vidéo. Peux-tu nous en parler plus précisément ?

Avec le projet du Digital Pixel Tour, j'allie mes deux passions, à savoir la musique et la vidéo. Je viens sur scène avec tous mes claviers, mes boîtes à rythme, tout ce que les gens peuvent voir sur Internet quand je suis en studio en train de faire mes riddim. Et à côté de ça, je ramène un écran géant. Via un travail de tous les jours où je filme des chanteurs, des sessions d'enregistrement ou des moments de vie, je projette ça en live en simultané avec ma musique. Ca permet de créer des combinaisons virtuelles, entre les chanteurs qui sont en physique sur scène, ceux qui sont à l'écran et moi qui synchronise le tout.

Sera-ce le même show pour toute la tournée ou t'adapteras-tu en fonction des salles, des festivals ?

Le show évolue tout le temps. J'ai déjà fait quelques dates et ça a toujours été différent ; je rajoute des morceaux, j'en enlève, je ramène des feat. différents.
Il y a beaucoup sur la route avec moi Bazil, artiste français originaire de Tours qui chante en anglais jamaïcain, mais j'essaye de faire venir des personnes en plus, d'intervertir en permanence les morceaux, de façon à ce que les gens qui viennent me voir en concert, ne se retrouvent pas toujours devant le même spectacle.

Quelles ont été tes motivations pour te lancer en solo après avoir évolué aux côtés d'autres artistes ?

Ca fait longtemps que je voulais faire ce projet personnel. Au final, depuis que je fais de la musique, je me mets au service de différentes créations, dans lesquelles je suis plus ou moins intégré en tant que fondateur ou accompagnateur.
Mais je suis arrivé à un moment de ma vie où il fallait vraiment que je m'épanouisse dans mon propre projet et que je mette un petit peu de côté mon travail avec les différents groupes et chanteurs pour me consacrer à ma musique afin que celle-ci me ressemble plus qu'au travers d'autres artistes. J'avais vraiment besoin de cela, de faire quelque chose pour moi, de prendre ce temps.
Après ça ne dit pas que je ne vais jamais rejouer avec d'autres chanteurs, ce n'est pas du tout ma démarche. Simplement pour l'instant, j'ai la chance de faire mon projet Manudigital dans de bonnes conditions, donc tant que je peux m'y consacrer, je m'y consacrerai. Mais si on me propose un super plan avec un chanteur que j'adore, j'irai aussi, puisque la musique c'est de l'échange et ça fait partie de l'aventure humaine.

Y a t-il une véritable ligne directrice dans ton album Digital Pixel ou as-tu rassemblé des riddim épars ?

Oui, il y a une véritable ligne directrice puisque j'ai créé l'album, au niveau des instrus, en trois semaines, un mois. De même que pour l'enregistrement des chanteurs. Donc, en un peu moins de deux mois, c'était bouclé.
Ce ne sont pas des instrus que j'ai faites deux, trois ans auparavant et que j'ai recyclées pour cet album ; ça a été un travail sur une courte durée. Après c'est vrai qu'il y a des styles différents de musique : du reggae très digital, très dur, très rapide, des morceaux plus lents, on trouve un peu de tout, mais ça reste quand même un vrai album de reggae, ce n'est pas de la world non plus. Mais il y a une cohérence dans le tout, à la fois dans le son et dans la manière où ça a été composé et mixé. C'est donc un véritable album et non un album-composition, puisque je n'avais pas envie de compiler des morceaux que j'avais pu créer à travers les années, à la rigueur je préférerais en faire des mixtapes. Pour moi, un album, c'est quelque chose de personnel et d'important, et je voulais aboutir à un projet mature et uniforme.

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Justement, on trouve énormément de styles sur le Digital Pixel. Etait-ce pour t'adapter au flow des différents chanteurs, qui ont chacun des influences diverses ?

Non, puisque j'ai construit les riddim avant de les proposer aux chanteurs. Beaucoup de gens me connaissent pour mes morceaux Manudigital, très digitaux. Mais si on gratte un peu plus, à travers le travail que je peux faire via d'autres labels comme Flash Hit Records ou autres, on voit des titres plus new roots, plus dancehall. J'aime la culture jamaïcaine dans sa globalité musicale, j'affectionne tous les styles de reggae, il n'y en a pas un que je déteste.
Je voulais donc que l'album me ressemble concernant mon univers Manudigital, mais je souhaitais y apporter des choses différentes, un peu plus lentes pour certaines, voire même rub-a-dub.
C'est après que j'ai composé tous ces riddim que j'ai commencé à me dire : "Ah oui, celui-là pourrait aller avec Marina P, celui-ci avec Flavia Coelho". Je n'étais pas du tout dans la démarche de construire des morceaux pour tel ou tel chanteur. C'est une fois que les titres étaient composés que j'ai réfléchi au line-up.

Pourra t-on voir un Digital Pixel in Dub ?

(rires) Je ne suis pas sûr à 100 %. Cependant, je suis en train de travailler sur un projet vidéo dub comprenant des combinaisons avec des dubbers actifs sur la scène dub française.
Par contre, je ne pense pas qu'il y aura une déclinaison dub de l'album.

Qui sont ces dubbers avec qui tu travailles ?

Ca je ne le dis pas encore !! Ca reste top secret !!

Ils sont connus ? (j'essaye de le pousser un peu pour obtenir l'info, mais sans succès...)

Ils sont connus ou pas. Le but n'est pas de faire des choses avec des gens connus, mais de se faire plaisir. Mais si beaucoup de gens peuvent regarder et apprécier ça, tant mieux, mais je ne cours pas après un nombre de vues.

Le reggae en France est très populaire mais assez peu diffusé par les media mainstream. Comment l'expliques-tu ?

Le pourcentage de reggae diffusé en mainstream a toujours été faible en France. Dans les années quatre-vingt-dix, on a eu Tonton David, Pierpoljak a vraiment marché à la radio, Tiken Jah Fakoly également et Mister Gang et Sergent Garcia y ont chacun placé un hit. Cependant, tous ces artistes ne sont jamais tombés au même moment, le reggae en mainstream a toujours été représenté par une seule personne à la fois, ça s'est souvent passé comme ça en France.
C'est un délire de gros business, des hautes sphères de la musique, que je connais de loin, je ne suis pas un analyste de ça. En effet, pour le reggae, il n'y a jamais eu de place pour plusieurs personnes en même temps, contrairement à ce qui peut se passer dans le rap, où plusieurs artistes vont émerger, cartonner et vendre des milliers de disques pendant la même période.
Beaucoup de gens disent : "Ouais maintenant c'est naze, il fait du commercial, il passe à la radio". Au final, ce n'est pas que Pierpoljak ou Tonton David font du commercial, c'est juste qu'ils ont eu de la chance d'accéder aux grandes antennes. Et je pense que c'est bien pour notre culture qu'il y ait un artiste mainstream qui passe à la radio, parce qu'il va fédérer des centaines de milliers de personnes. Et parmi cette population, il y aura 1 ou 2 ou 3 % de gens qui vont s'intéresser plus profondément au style et qui vont donc gratter un peu plus et regarder ce qu'il se passe dans l'underground. Car malheureusement en France, quand on n'a pas cet artiste mainstream, l'underground a du mal à avancer. Par conséquent, on a besoin de ce genre de chanteurs, même s'ils vont être beaucoup critiqués par l'underground, pour ramener un public plus frais et plus jeune dans le milieu. Je l'analyse de cette manière, après il y a d'autres façons d'aborder le sujet.
Mais ça n'empêche pas des groupes comme Danakil ou Dub Inc de ne pas passer à la radio et de tourner à 50, 60, 80 dates à l'année, dans les plus gros festivals, en indépendance totale et c'est ça qui est beau ! Au final, notre musique en France n'a pas besoin des gros media pour survivre, mais c'est vrai que ça aide toujours le milieu quand un artiste arrive à les toucher, et tant mieux pour cet artiste-là !

"Digital luvin" fait écho à "Digital love" de Daft Punk et "Like a robot" à "Wir sind die Roboter" de Kraftwerk, pour la simple correspondance des titres, j'entends bien. Cependant, ces collectifs, voire même d'autres crew électro, t-ont-ils influencé ?

Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'aujourd'hui dans le reggae digital et dans l'électro, il y a un vrai revirement pour le vintage. Maintenant, on fait de la musique avec beaucoup de machines, après la folie de l'électro purement avec ordinateurs dans les années quatre-vingt-dix et au début des années 2000. Mais en 2015, 2016, et même dans le futur, ce sera de l'électro façon vintage.
Dans le reggae digital, on utilise les mêmes machines (claviers, boîtes à rythme) que Daft Punk. Donc au-delà des titres des morceaux, forcément il y a une sorte de corrélation à travers ces deux univers complètement différents et on peut retrouver des sonorités identiques d'un style à l'autre.
Après ça ne veut pas dire que c'est la même chose. C'est comme si on compare le hard métal et le rhythm & blues ; la guitare est présente dans les deux genres, mais de manière totalement différente.
Finalement, des gens qui n'écoutent pas du tout de reggae pourront apprécier le reggae digital avec une approche beaucoup plus électronique en se disant : "Ah mais ça me fait penser à plein de choses que j'ai déjà écoutées".

Tu animes des sessions questions/réponses sur Facebook avec tes auditeurs. Tu y disais que l'un des artistes qui te marque le plus aujourd'hui est Diplo, fondateur du projet Major Lazer.

J'admire Diplo, pour deux raisons. La première, c'est qu' à une échelle bien plus grande, il fait pratiquement la même chose que moi. Il a son groupe Major Lazer et à côté, sous le nom de Diplo, il va réaliser des compositions pour Madonna, etc. Moi, à une toute petite échelle française et reggae, je vais faire Manudigital et parallèlement, je vais créer des morceaux via Flash Hit Records ou autres, avec des artistes jamaïcains que j'adore, tel que Lieutenant Stitchie. On a, par conséquent, chacun un aspect bipolaire, double-face. Ainsi, en voyant le travail de Diplo, je me dis que ce n'est pas incompatible de mener une carrière sur deux fronts différents.

La seconde, c'est en ce qui concerne son style musical. Là où la Jamaïque a commencé à s'essouffler dans le dancehall moderne, à se perdre dans des choses, je n'ai pas honte à le dire, de mauvaise qualité (la Jamaïque peut produire du très bon comme du très mauvais, ce que beaucoup de gens en France ne comprennent pas), Diplo est arrivé, avec les même artistes, à démocratiser le genre (à travers des morceaux comme "Watch out for this"), alors que la Jamaïque s'était, comme souvent d'ailleurs, recentrée sur elle-même. Il a réussi à placer quelqu'un comme Busy Signal, qui était déjà très réputé, à un statut international incontesté, je trouve cela vraiment admirable. Nous aimons la même musique, il la place sur les réseaux mainstream mais sans rentrer dans un aspect commercial. En effet, lorsqu'on décortique la musique de Major Lazer, on perd la notion de couplet/refrain. Ce genre de codes qui nous est rabâchés depuis les années quatre-vingt à la radio en France et même ailleurs, il les a complètement cassés. Dans un morceau de Major Lazer, tu pourras trouver des passages instrumentaux, des couplets et un refrain surgi d'on ne sait où. C'est assez rare finalement de parvenir à un tel niveau de popularité avec ce style-là, même s'il y a toujours cette efficacité commune à la musique commerciale qui fait qu'une fois qu'on a entendu un titre de Major Lazer, on le retient et on sait que c'est un hit.

Diplo a composé "Lean on" sur le dernier album de Major Lazer avec un artiste français, DJ Snake. A quand un crossover entre DJ Snake et Manudigital ?

(rires) Je ne sais pas, ça serait super. Ou avec Diplo, pourquoi pas !! On peut en parler, je suis ouvert à toute proposition. Après je ne rêve pas non plus, mais on ne sait jamais ! Il faut regarder loin devant pour avancer, et peut-être qu'un jour ça se passera, ou alors pas du tout !

Mais c'est le genre de collaboration qui pourrait t'intéresser, bien que vous ayez des styles différents ?

Bien sûr, puisqu'à la base je suis musicien et ça m'intéresserait grave ! On a des styles différents mais on a les mêmes influences. Quand on regarde "Blaze up the fire" avec Chronixx, on va retrouver les mêmes sonorités que dans ma musique, en ce qui concerne les hits, les skank, les claviers, bien que lui va se diriger vers une démarche beaucoup plus électronique, bien plus radicale. Mais ça reste la même culture et son MC, Walshy Fire, est Jamaïcain.
Mais je ne cours après cela, mon but n'est pas de lui envoyer des mails tous les jours et d'ailleurs je pense que c'est lui qui viendra me chercher et non l'inverse. Je fais mon petit chemin et lui son grand chemin, mais si jamais on se rencontre, ce sera génial !

On observe aujourd'hui un grand intérêt pour le reggae digital, via toi, Jahtari, etc... Penses-tu que c'est lié à cette grande vague de sound system qui connaît beaucoup de succès depuis plusieurs années ?

Tout à fait, cependant, je vois ça de loin. En France, il y a deux scènes sound system différentes : celle propre au dub avec de véritables systèmes de son et une autre jouée dans des bars avec essentiellement de la musique jamaïcaine.
Pour moi, la culture sound system dub ne s'est pas nécessairement essoufflée, mais tourne un peu en rond en ayant malgré tout beaucoup d'influences et de renouvellement. Le son stepper anglais, très utilisé en France,  s'est assez recentré sur lui-même. Du coup, on retrouve ce public dans le reggae digital, puisque ça parle de bass music. Les deux publics se chevauchent car il y a quasiment les mêmes chanteurs, la même texture de son, seule la rythmique est différente.
Depuis peu, des artistes comme Mungo's Hi Fi ont réussi à développer le reggae digital dans le monde du dub (ce qui amène beaucoup de gens à confondre les deux genres) ; ainsi les publics s'entremêlent et c'est bien, car le mouvement dub français et européen apporte beaucoup au reggae digital en lui ramenant plus de spectateurs.
Mungo's Hi Fi, Jahtari ou encore Maffi ont fait beaucoup de travail dans ce sens-là et ont fait émerger Soom T, Solo Banton, Mr Williamz, qui jouent autant sur scène qu'en sound system. C'est très bon pour le reggae digital en règle générale.

L'utilisation du Casio MT-40 est-elle également un symptôme du regain pour l'électro que l'on observe dans le reggae aujourd'hui ?

C'est un peu spécial pour le Casio MT-40. Pour les gens qui ne connaissent pas, celui-ci a fait basculer la musique jamaïcaine dans les années 80, des productions acoustiques on est passé à l'électronique et il a suffi d'un riddim, le "Sleng Teng" de Wayne Smith produit par King Jammy. Et ça s'est fait du jour au lendemain quasiment, en une semaine c'était plié. Cet instrument a donc forcément un rapport avec le reggae digital d'aujourd'hui puisqu'il incarne la base de l'électronique en Jamaïque. Cela s'est passé entre 1984 et 1986, alors que dans les autres styles, la funk notamment avec Herbie Hancock et d'autres, l'électro est apparu dès les années 70. La Jamaïque a donc eu un temps de retard, comme souvent, car c'est une île, un peu coupée du monde, et il y avait un autre facteur : le manque d'argent pour acheter du matériel moderne.
Donc même si la transition a été décalée, la frontière est de plus en plus mince entre le reggae et l'électro, bien qu'on observe aujourd'hui un retour en arrière avec le mouvement nu roots avec Jesse Royal, Chronixx, Protoje. En effet, le reggae a toujours été dans un cycle d'éternel recommencement. Cet aspect est très présent en Jamaïque, les artistes ont en permanence fait du neuf avec du vieux, ce qui n'est plus à la mode en ce moment le sera demain. C'est ça qui est magique.

Justement, tu étais en Jamaïque dernièrement pour tourner la deuxième saison des Digital Session. Peux-tu nous en parler ?

Les Digital Session, c'est un concept que j'ai sorti il y a trois ou quatre ans sur Internet. Le principe c'était de prendre ce fameux clavier Casio MT-40, de me mettre dans la rue, de poser ma caméra, d'appeler un chanteur et de faire un freestyle sur un morceau que j'interprétais sur le clavier en direct. J'ai fait la première saison en France, vous pouvez retrouver les vidéos sur Youtube, avec des artistes francophones et anglophones. J'étais arrivé au bout de tous les artistes avec qui je voulais travailler (même s'il y en a beaucoup d'autres que je voudrais inviter).
Mais je me suis dit qu'il fallait tourner une nouvelle saison, car la première avait bien marché et que la dimension humaine du projet m'avait particulièrement plu. Cependant, je ne voulais pas refaire la même chose et j'ai eu l'idée de transposer ça en Jamaïque.
J'ai donc fait appel à un ami, Sherkan de Tiger Records, pour s'occuper de la réalisation vidéo. Une fois là-bas, on a enfourché sa moto à la recherche d'artistes, de chanteurs de manière inopportune dans les rues de Kingston.
Pour l'anecdote, je cherchais à contacter un interprète depuis quelques jours, que je n'arrivais pas à localiser et on est tombé sur lui par hasard dans une boutique et on a enregistré la session devant le magasin. De ce point de vue-là, c'est passionnant la Jamaïque, puisqu'on trouve des artistes à chaque coin de rue. De même que tu prends une belle claque, lorsque tu t'aperçois du niveau incroyable des chanteurs et que ça ne sert à rien de se prendre la tête en France pour des histoires de compétition, puisque nous sommes bien en-dessous. Ca remet les choses à leurs places. J'ai hâte d'y retourner très prochainement.

En Jamaïque, tu as également tourné un clip, "Wah mi come from" de Papa Michigan. As-tu enregistré d'autres titres ?

En effet, j'ai réalisé ce clip "Wah mi come from" d'un EP qu'on avait sorti avec Papa Michigan, il y a environ un an, sur Flash Hit Records.  Je suis allé en Jamaïque avec Alex de Flash Hit et Papa Michigan, qui vit aux Etats-Unis actuellement, nous a rejoints là-bas, puisque nous nous n'étions jamais rencontrés de visu. On a donc eu l'occasion de faire ce clip avec lui, il nous a également conduit au studio de Jimmy Cliff, Sun Power, où nous avons enregistré deux autres morceaux pour le prochain EP.
Avec Alex, on a aussi enregistré le dernier titre de l'EP de Jah Vinci, qu'on prépare depuis quelques temps et on a finalisé les derniers morceaux du nouvel album de Cali P que l'on est en train de mixer en ce moment.
C'était donc un séjour très chargé, mais c'est l'avantage de la Jamaïque. Même si tu n'as rien prévu, mais que tu es cependant motivé, tu sais que tu pourras travailler tous les jours sans problème.

Tu te concentres essentiellement sur ta tournée, je suppose. Toutefois, as-tu d'autres projets dans les mois à venir ?

Effectivement, en termes de live, je me consacre au Digital Pixel Tour ; j'ai des dates jusqu'au mois de novembre.
En outre, vous pourrez toujours visionner les vidéos Digital Session, Back inna days sur les réseaux sociaux.
En ce qui concerne les sorties, il y a donc l'album de Cali P avec Flash Hit Records, celui de Lieutenant Stitchie qu'on travaille depuis des mois et qui va paraître en septembre.
A côté de ça, je vais continuer à mener le projet Manudigital avec de nouveaux EP, de nouveaux featuring.

De nouveaux Digital Lab ?

Oui je pense que je vais le faire avec d'autres artistes. Je suis en train de me pencher dessus mais ça va arriver pour bientôt c'est sûr. Je travaille aussi beaucoup avec Joseph Cotton, avec qui on a plein de morceaux. Il faudrait vraiment qu'on sorte un EP ou un album, puisque mon ordinateur est rempli de chansons avec  lui (rires).

Un dernier mot pour La Grosse Radio ?

Merci à vous, puisque vous soutenez mon projet et ça me fait vraiment plaisir ! C'est grâce à vous, entre autres, que des artistes comme nous arrivent à exister. Même si chaque media est très indépendant dans son coin, toutes ces petites choses qui s'accumulent nous permettent de diffuser notre musique et notre message. Je vous remercie à fond là-dessus !
BIG UP La Grosse Radio !!

BIG UP à toi aussi Manu !!

Je remercie également Sandra et Julie du label X-Ray Production qui ont permis d'organiser cette rencontre !!

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