Alors que son projet solo est tout récent (environ un an), le dubmaker Bisou était programmé le 10 novembre dernier au Télérama Dub Festival à Besançon (le gros report ici). Curieuse d'en apprendre un peu plus sur le jeune artiste, La Grosse Radio est ainsi allée à sa rencontre en amont de son set.
Pour celui qui a découvert notre antenne en écoutant le canal métal (oui, oui !), il apparaissait donc logique de lui donner la parole.
Bisou revient sur ses productions, sa vision du dub actuel et sa volonté de sortir des canons du genre.
Bonjour Bisou, merci de nous recevoir au nom de La Grosse Radio. Peux-tu te présenter ?
Bonjour La Grosse Radio. Je m'appelle Loïc aka Bisou, j'ai 23 ans et je viens de Montpellier. Le projet Bisou existe depuis un peu plus d'un an. J'ai sorti un EP 6 titres, Haumea, chez ODGProd et là je suis en préparation d'un prochain album, également chez ODGProd, dont la date de sortie n'est pas encore fixée.
Comment es-tu venu au dub ?
Il y a environ trois ans, j'ai monté un projet en binôme avec un pote qui s'appelait Digital Skankers. C'est cet ami en question qui m'a fait découvrir le dub. Digital Skankers a duré deux ans, on a tourné un peu puis on s'est séparé. C'est à ce moment-là que j'ai créé le projet Bisou. Digital Skankers était axé sur le stepper et l'electro conventionnel, alors qu'avec Bisou, j'ai envie de tester d'autres choses et de partir sur des sonorités plus pop. Je dis ainsi que je fais de l'electro dub pop.
C'est justement ce qui est écrit sur ton Soundcloud afin de définir ta musique. Veux-tu amener cette touche pop au sein d'un univers qui n'y est pas nécessairement sensible ?
Tout à fait. C'est la raison pour laquelle j'ai tenu à inscrire le mot pop sur mon Soundcloud, afin de ne pas prêter à confusion. En effet, pour certains, l'electro dub ça doit être de l'electro dub et pas autre chose. Au final, la pop c'est tout et rien à la fois et on se fait vite une idée de ce qu'est la pop en France.
Tu as également produit un son avec Rakoon, "Disco Dealer". Le disco fait-il partie de tes influences ?
En fait, ce morceau n'est pas si disco que ça, c'est plus du funk. On l'a intitulé "Disco Dealer", puisque le disco fait référence aux paillettes, au kitsch, etc... Lorsqu'on a commencé à faire du son avec Rakoon, on s'est rendu compte qu'on aimait beaucoup ce délire-là. D'ailleurs, on va sûrement monter un projet ensemble qui s'appellera Disco Dealer, on bosse sur d'autres compos dans cet esprit. Et je pense que le jour où on fera un show, il y aura une boule à facettes au-dessus de la scène (rires).
Qu'est-ce qui a poussé ODGProd à sortir ton premier EP, Haumea ?
Tout a commencé avec Digital Skankers. On les a rencontrés sur un concert et on leur avait parlé de notre volonté de sortir quelque chose sur leur label. Par la suite, Digital Skankers a cessé d'exister et ça n'a pas pu se faire. Du coup, lorsque j'ai monté Bisou, ils étaient toujours partants pour me produire, ce qui a abouti à Haumea. C'est d'ailleurs Olo qui s'est chargé du mix et du mastering. Maintenant, on s'entend super bien, ils m'aident beaucoup quand j'ai des questions, ils sont toujours là pour moi ! BIG UP ODG ! Je porte même un t-shirt ODG aujourd'hui ! [il nous montre alors le t-shirt, NDLR] Je supporte à fond !
Que penses-tu de la mouvance qu'est en train de développer ODG au sein du dub français, à la fois avec le label et avec le groupe ?
Quand j'ai commencé à faire du dub, je pensais être le seul à partir dans des délires pop, electro, etc... Mais au final, je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup d'artistes qui produisaient la même chose que moi. Je suis très content que le dub évolue de cette manière aujourd'hui en France et même ailleurs. J'adhère à fond par exemple à l'album de remix de Danakil par ODG, avec toutes ces ambiances kitsch, r'n'b, avec de l'autotune, etc...
Et Brigante Records, avec qui ODG est très lié ?
Oui, je suis un peu. En fait, je vois souvent des vidéos avec des MCs de ce label, d'autant plus qu'Olo se charge beaucoup de leurs productions. J'ai justement contacté quelques-uns de ces MCs ; pour l'instant, il n'y a encore rien qui s'est fait. Mais j'adore leur délire vapor dub. Ils apportent nettement quelque chose de nouveau au dub en France. C'est très bien, puisqu'il faut que les choses évoluent plutôt que de vouloir rester fermé et toujours dans la même approche de la musique. Ils n'y vont pas de main morte, dès lors qu'ils ont une idée, ils la mettent en pratique. Je trouve ça génial !
La scène dub live avait déjà renouvelé le dub à sa manière il y a une vingtaine d'années. Te réfères-tu à des groupes comme High Tone ou Zenzile ?
Ils ne font pas partie de mes premières influences, mais j'ai été obligé par la suite de m'intéresser à High Tone, sachant que je découvre au fur et à mesure toute la culture du dub. J'ai appris énormément de choses de ces groupes en voyant l'évolution qu'ils ont amenée à leur époque. Sur le fond, ça n'a rien à voir musicalement avec ce qui se développe aujourd'hui, mais c'est plus dans la forme et la manière qu'ils vont m'inspirer. De toute façon, n'importe qui qui fait du dub en ce moment est obligé d'être adepte de ces groupes-là.
As-tu écouté l'album de remix d'High Tone fait par la nouvelle génération du dub et qu'en as-tu pensé ?
Oui, bien évidemment ! J'ai pris une grosse claque ! Ce qui est intéressant avec cet album, c'est que le groupe qui a bouleversé le dub il y a plusieurs années est remixé par des artistes qui ont ce rôle-là aujourd'hui. Rien n'est conventionnel, chaque artiste apporte sa propre touche. Tout est nouveau en ce moment, ça fait plaisir !
Quel effet cela te fait d'être programmé au Télérama Dub Festival ?
Ça me fait quelque chose ! En fait, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a un an à la même période je faisais ma première date Bisou dans un petit bar à Montpellier. Entre temps, il s'est passé plein de choses, j'ai notamment sorti mon EP. Mais un an, c'est court et là je me retrouve à La Rodia à Besançon dans le cadre du Télérama Dub Festival ! Je suis super content ! D'autant plus que je suis programmé avec des artistes de fou !
Et sinon, je digresse légèrement, mais là aussi, un an après ma première date, je vais jouer le 24 novembre à Nîmes en première partie de Panda Dub qui est l'artiste qui m'a donné envie de faire ça aujourd'hui. C'est un honneur pour moi. Il m'inspire même toujours autant aujourd'hui.
Comment composes-tu ?
Je fais la compo sur Fruity Loops et je fais le live sur Ableton. C'est un live dub de base, je travaille en multi-pistes, je joue avec les gains et des effets dub, bref ce qu'il y a de plus banal dans le live dub.
Sinon, je n'ai pas vraiment de technique particulière lorsque je compose un riddim. Mais en général, je vais me poser sur le piano et jouer quelques accords et mélodies et lorsqu'il y a quelque chose qui me plaît, j'attrape un synthé pour développer l'instru.
Tu as récemment sorti une vidéo avec Riwan de Wailing Trees. Pourquoi Riwan ? Est-ce un échantillon d'un futur EP ?
On s'est rencontré avec Riwan au Zion Garden à Bagnols/Cèze où on étaient programmés. Il est venu vers moi à la fin de mon concert, on a commencé à discuter et il y a eu immédiatement un bon feeling entre nous. Et lorsque j'ai commencé à regarder le concert de Wailing Trees, je me suis dit que ce serait cool qu'on fasse du son ensemble. Il m'a proposé la même chose. Du coup, quelques temps plus tard, je suis allé chez lui à Lyon pendant une petite semaine et on a sorti une première vidéo où j'ai essayé de faire quelque chose de plus digital. La vidéo a bien tourné et a beaucoup plu, on a donc recommencé. Et là, on a l'idée de monter un projet avec lui et un autre chanteur lyonnais à la voix grave et rauque, Towst. Ce ne sera pas du dub, malgré quelques influences, mais je n'en dis pas plus, puisque rien n'est fait pour l'instant.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur l'album que tu prépares ? Ce sera uniquement instrumental ou vas-tu inviter des MCs ?
On retrouvera donc Towst mais aussi un feat. avec Zaira Zen, une chanteuse espagnole. Je l'avais découverte sur un EP de Pablo Raster, sorti chez ODGProd. J'ai bien aimé sa voix, et j'ai décidé de la contacter pour l'inviter sur l'album.
Un dernier mot pour La Grosse Radio ?
Quand j'avais 17 ans, j'écoutais La Grosse Radio Metal et là, je suis en interview pour La Grosse Radio Reggae ! Ça fait plaisir ! Au plaisir de se revoir et de se retrouver en concert.
Merci Bisou de nous avoir accordé cet entretien !
Merci également au staff du Télérama Dub Festival et à La Rodia d'avoir permis d'organiser cette rencontre !