Alors qu'ils venaient tout juste de mettre le faya au Dub Factory du No Logo l'été dernier (le gros report ici), nous sommes allés nous entretenir avec ces deux représentants de la nouvelle génération du dub français que sont Rakoon et Bisou.
Nous sommes particulièrement revenus sur leur set et sur la manière dont ils l'ont appréhendé. Mais nous avons également abordé leur vision du dub et de la scène française en général.
L'entretien s'est déroulé dans une atmosphère assez bon enfant, d'autant plus qu'un invité surprise très emblématique est venu se faufiler parmi nous durant la conversation.
Bonjour Rakoon et Bisou, merci de nous recevoir au nom de La Grosse Radio. Quelques réactions à chaud sur le set que vous venez de donner ?
Rakoon : Ça fait une heure que je répète la même chose en boucle : c'était juste trop beau !
Bisou : Pareil et avec une phrase en plus qui trotte dans ma tête et qui est "mash up the place" !
On connaissait déjà vos vidéos communes, quel a été le déclic pour produire un set ensemble ?
Rakoon : Alors à la base, il faut savoir qu'avec Bisou, on a une connexion musicale qui est vraiment particulière. On s'entend très bien humainement parlant, mais musicalement il y a également une sorte de symbiose naturelle. On avait déjà sorti le morceau "Disco Dealer" il y a quelques temps [un débat s'instaure entre les deux sur la date exacte de publication, NDLR] et c'est vrai que ça nous démange de produire quelques chose de plus concret. Le problème, c'est que quand je suis libre, Bisou est sur son album et vice versa. Mais ça nous tient vraiment à cœur et ce soir, c'était notre première session commune, qui était une exclusivité pour le No Logo.
Pouvez-vous nous expliquer brièvement le concept de ce show ?
Bisou : Normalement, ça devait s'inscrire dans le Dub Master Clash [réunion de plusieurs producteurs dub tels que Pilah, AntiByPass, Fabasstone, Bongo Ben, etc, qui s'affrontent en clash dub et qui étaient présents pour la deuxième année consécutive au No Logo ; voir notre interview de l'an dernier, NDLR]. Mais on s'est rendu compte qu'avec cette configuration, ce n'était pas possible de respecter les codes du Dub Master Clash, à savoir un morceau et son remix. Du coup, comme on utilise beaucoup nos instruments, on s'est dit pourquoi pas faire un clash à base de ceux-ci. On s'est donc approprié les morceaux de l'autre en jouant les thèmes et les solos avec nos instruments respectifs.
Rakoon : Le fameux morceau "Disco Dealer", à chaque fois qu'on se retrouve sur une même date avec Bisou, on le joue et on prend un pied monstrueux. Cette complicité que j'ai sur scène avec Bisou, je ne l'ai avec personne d'autre. On a donc voulu mettre en avant cette espèce d'alchimie. J'ai participé à d'autres groupes auparavant et je retrouve avec Bisou cette connexion que j'ai pu avoir avec les musiciens. On a donc fait des jeux de scène, des chorégraphies et ce genre de choses.
Mais il y a aussi une grosse part d'improvisation, non ?
Rakoon : En effet, même si on avait quand même quelques parties écrites ; vu qu'on est à fond sur nos tournées respectives, il a bien fallu mettre en place quelque chose en amont avec une semaine de répétition. On a donc préparé les moments où on reprend les thèmes de l'autre et ensuite on laissait la place à l'improvisation.
Bisou : A chaque fois, on répétait le thème du morceau et le solo, et ce solo la plupart du temps il est improvisé.
Rakoon, utilises-tu ta guitare de la même manière qu'avec ton projet ?
Rakoon : Non, c'est vraiment différent, puisque là je n'ai pratiquement jamais lâché la guitare.
Bisou : Pareil pour moi. Quand je suis tout seul sur mes live, je ne joue pas autant du clavier. Et ce n'est pas tout à fait la même démarche. Sur mon projet solo, le clavier vient se fondre dans la production, alors que là il était beaucoup plus dominant dans les morceaux.
Rakoon : En effet, on avait envie de caler quelque chose de plus instrumental, limite rock n'roll (rires).
On revient donc aux fondamentaux du dub à la française alors ?
Rakoon : C'est vrai qu'il y a trois générations dans le dub français : celle d'High Tone, celle de Panda Dub et la nôtre. On est donc forcément influencés par cela.
Bisou : Après, ce n'est pas immédiatement inspiré d'High Tone ce qu'on fait. C'est avant tout le côté vivant du show qui nous fait kiffer. Et même si on est des artistes de musique électronique qui s'éclatent sur leurs machines, on a quand même cette volonté de faire vivre le live avec des instruments.
Rakoon : Avec Bisou, on a chacun joué d'instruments avant de pratiquer l'electro, on a donc cette double sensibilité. Mais sachant qu'on avait plus ou moins lâché nos instruments, on retrouve un peu ce délire d'ados qui reprennent leurs guitares afin de se faire plaisir (rires).
Bisou : Et finalement, ça représente un énorme challenge.
Rakoon : Intervention de Panda Dub !
Panda Dub, un BIG UP pour La Grosse Radio ?
Panda Dub : BIG UP La Grosse Radio ! Je vous laisse continuer votre interview...
Bisou : Je reprends donc (rires) Où en étais-je ? Ah oui, je disais que c'était un énorme challenge, puisque faire un live sur ses machines et un live avec ses instruments, c'est complètement différent. On adore jouer sur nos machines, on fait en sorte que ce soit quand même assez technique de manière à ne pas trop s'ennuyer sur scène, mais avec ton instrument, dès lors que tu fais une faute elle s'entend direct. Le challenge est donc de bien travailler ses parties en amont afin de ne pas se tromper pendant le concert.
[Panda Dub refait son apparition et fait un petit tour de table pour payer un coup à boire]
Panda Dub : Promis, c'est la dernière fois que je vous dérange (rires)
Bisou : Mais tu ne nous déranges pas Panda ! On t'adore, tu le sais (rires).
Rakoon : Tu vas le mettre ça dans l'interview ?
Bien évidemment ! Tout est retranscrit comme dans un rapport de police !
Rakoon : Ah ok (rires) Et d'ailleurs, je me demandais si tu écrivais aussi "rires" entre parenthèses, parce que là il va y en avoir pas mal (rires).
Bisou : Bref, reprenons sérieusement (rires). On avait un intérêt particulier à jouer avec nos instruments, puisqu'on sait le challenge que ça représente. C'est moins risqué de jouer avec des machines, avec la configuration qui est la nôtre, tout du moins. Et finalement, se mettre en danger et avoir le trac avant un live, c'est bon, puisqu'on en ressort tout retourné. Ce show-là, on le gardera en mémoire pendant très longtemps, contrairement nos concerts habituels.
Rakoon : En effet. Pour rebondir sur les propos de Bisou, avec ce live au No Logo, on avait aussi envie de sortir de notre zone de confort, de casser la routine et de partir sur quelque chose d'un peu imprévu, d'autant plus qu'on a répété qu'une semaine auparavant, certes de façon intensive, mais ça reste très peu.
S'agissait-il d'un show exclusif pour le No Logo ou d'autres dates sont-elles prévues ?
Bisou : Là, c'était la seule. Par contre, on aimerait le refaire, mais en le développant encore un peu plus, afin de ne pas recommencer exactement la même chose. Ce soir, c'était plus un premier test, ça s'est super bien passé, on s'est régalé. Par conséquent, j'aimerais bien pousser le concept plus loin, mais ça demande beaucoup de temps et de travail.
Rakoon : C'est vrai que les emplois du temps sont compliqués, mais comme on a chacun nos projets respectifs, lorsqu'on se retrouve avec Bisou, d'une certaine manière on se lâche, puisqu'on a aucune pression. C'est pourquoi on a envie d'aller plus loin en produisant un EP funky disco metal wtf (rires). Ça prendra le temps qu'il faudra, mais ça finira par aboutir ! (rires)
Avec la boule à facettes pendant le live (référence à notre précédente interview avec Bisou) ?
Bisou : Bien évidemment ! C'est vraiment ce qui correspond à notre délire : les paillettes, la boule à facettes, etc.
Vous pourriez être amenés à collaborer avec des MCs sur scène ?
Rakoon : Non, je ne pense pas. On a un milliard d'idées, on a envie de développer ce projet, mais ça restera avec cette dynamique en duo. Par contre, on a une passion commune pour le vocoder...
A la PNL ?
Rakoon : Alors, attention, ne pas confondre vocoder et autotune !
Bien sûr, mais c'est juste que j'avais envie de placer PNL dans l'interview...
Rakoon : Ah, mais on est tous les deux des fans de PNL et on assume très bien. Pour revenir au vocoder, on aime bien cet outil et on l'utilise beaucoup dans nos productions. Bisou est d'ailleurs peut-être celui qui manie le mieux le vocoder dans le dub en France. On pourrait donc y recourir sur scène, mais sans avoir besoin de MCs.
Un dernier mot pour La Grosse Radio ?
Rakoon : Un gros BIG UP à La Grosse Radio, c'était une interview pleine de rebondissements et de surprises. C'était cool !
Bisou : Une seconde fois, merci et une seconde fois, BIG UP à La Grosse Radio. C'est toujours un plaisir de te voir Charley.
Rakoon : Un maxi BIG UP à Charley et ça il faut le mettre par écrit avec rires entre parenthèses. Je tiens vraiment à ce que soit mentionné rires entre parenthèses tel quel, c'est très important (rires).
Avant de se quitter, juste une ultime question pour toi Rakoon. Bisou nous avait dit qu'il avait découvert La Grosse Radio via le canal metal, c'est pareil pour toi ?
Rakoon : Nan, moi j'ai eu ma période sarouel et bolas, donc c'était La Grosse Radio Reggae (rires).
Un maxi BIG UP à vous également Rakoon et Bisou !! Merci de nous avoir accordé cette interview!!
BIG UP également à Panda Dub et à Tetra Hydro K d'être passés parmi nous !!