Pour la troisième fois en quelques semaines, La Grosse Radio s'est rendue à un concert de Danakil. Normal, puisqu'à l'instar du crew de Marly-le-Roi, La Grosse Radio parcourt la France entière pour vous offrir les meilleurs live reports disponibles sur la Toile !! Après les prestations de Clermont-Ferrand et de Rouen, c'est donc vers La Commanderie de Dole que nous nous sommes dirigés, pour couvrir non pas uniquement celle de Danakil mais bien plus encore !!
Un beau plateau avait été en effet réuni en ce samedi 26 novembre dans une salle qui n'était malheureusement pas remplie au maximum, même si les massives s'étaient pourtant déplacés en masse pour accueillir, hormis Danakil, Mystical Faya, Volodia et L'Entourloop ! Une belle programmation en perspective pour réchauffer les corps et les cœurs du public, alors que le froid, la grisaille et le brouillard étaient bien installés dans les contrées jurassiennes.
Les locaux de Mystical Faya ont inauguré cette soirée reggae avec leur son roots teinté de rock. Après les avoir déjà vus cet été au No Logo tout proche (on a d'ailleurs justement croisé quelques membres vêtus de sweats ou de vestes à l'effigie du festival indépendant), ils jouaient donc une fois de plus à la son-mai et cela s'est ressenti durant le concert. Le public connaît bien les morceaux du combo et plus particulièrement les plus emblématiques, tels que "Sleeping souls" ou "Don't be afraid" dont les refrains sont repris en chœur par l'assistance. Le show avait commencé une fois de plus par la reprise de "Rudeboy paradise" et ses guitares rock tout comme "Best laid plans" ou "What a shame" qui montrent que Mystical Faya s'inspire bien plus que du reggae, ainsi qu'ils nous l'avaient confié en interview. Du rock mais aussi des incantations un peu plus soul via la voix de Mystic Loïc sur le romantique "Close to me". Quant à la basse de Riké El Compressor, elle se fait lourde et hypnotique sur le roots et imposant "False Leaders", morceau qui se conclura par un dub qui l'est tout autant. Et la ganja tune "Inna mi yard" nous aura beaucoup plus séduits par son clavier à la Jackie Mittoo que par sa thématique omniprésente et désormais cliché dans l'univers du reggae music.
C'est une tout autre atmosphère que Volodia nous a proposée après le concert de Mystical Faya. Etant signé sur Baco Records, le label de Danakil, Volodia assure aujourd'hui les premières parties de la tournée des auteurs de La Rue Raisonne, afin de défendre son premier album Un Pied sur terre, opus résolument moderne, roots et digital comme on les aime. Mais sur scène, l'instrumentation prend une tournure différente, ce qui n'est pas pour nous déplaire. On apprécie lorsque les artistes sont capables d'innover, de se renouveler et de réorchestrer totalement leurs productions. Cependant, on pensait voir le Booboozzz All Stars backer Volodia, mais il n'en est rien. Au fond, peu importe, puisque c'est la paire rythmique de Danakil (Titi et Massive Boris), excusez du peu, suppléée par un guitariste, qui s'est chargée d'accompagner le chanteur pour un set électro-acoustique. En ouverture de son concert, Volodia a fait son "Premier pas" sur la scène de La Commanderie avant d'interpréter "La Canopée" qui figure sur la mixtape estivale de Baco Records. Puis, on entendra les titres majeurs de l'album tels que "Au final", "Une minute de silence" ou "Captain" qui, faute de Naâman ce soir-là à Dole, sera chanté en duo avec le guitariste John John. Le show, de par sa nature, pouvait peut-être paraître trop sweet et intimiste, mais détrompez-vous. La basse de Massive Boris fait toujours autant de ravages, même dans un format moins "électrique" et le flow de Volodia nous ramène à son crew d'origine, le bien-nommé Phases Cachées. Car oui, en live, Volodia flirte limite avec le hip-hop ; cela se ressent d'autant plus sur "Les Gens qui passent" avec son beat boom-bap. Et bien évidemment, l'incontournable "Sac à dos" viendra clôturer ce concert original devant un public sautant et skankant mémorablement ; car après avoir introduit le "54-46" par un "gimme to me one time", John John verra Massive Boris le suivre avec la ligne de basse légendaire du riddim produit par Toots.
C'est donc à un deuxième set auquel Titi et Massive Boris allaient participer lors de cette soirée reggae. Vous l'avez compris, c'est donc à Danakil que Volodia avait transmis le flambeau des good vibes. Comme à l'accoutumée, les musiciens ont entamé leur prestation par une séquence exclusivement instrumentale avec un Manjul aux percus, bien rythmée en mode rockers et à la lisière du dub, avant que Balik et Natty Jean n'interviennent sur la mélodie d'"Echo systeme". Et Danakil étant bel et bien de retour, c'est donc l'efficace "Back again" que le crew a fait surgir des enceintes de La Commanderie. Ça, c'était pour le petit dernier en date, l'album La Rue Raisonne ; mais ont aussi résonné d'anciens morceaux que le public s'est empressé de chanter en communion avec Balik : notons "Champs de roses" ou "Marley" introduit par un magnifique "Natural mystic" a capella. Il est vrai qu'une certaine atmosphère mystique flottait dans l'air, car le son de Danakil sonne résolument roots, mais là aussi ce serait prendre des raccourcis que nous n'aimons guère. En effet, avec La Rue Raisonne, Danakil a voulu "avancer en suivant l'évolution des techniques de production", selon les dires de Balik dans notre interview à retrouver ici. Qu'il s'agisse du massif "Mediatox", dont le clip était juste sorti la veille et dans lequel Massive Boris troque sa basse contre un synthétiseur sur lequel il pianote sur le devant de la scène, ou de l'époustouflant "Dis-leur", Danakil fait preuve de créativité et d'ingéniosité. Les percus roots et nyabinghi de Manjul de même que la renommée des cuivres peuvent tout autant s'accomoder du déferlement impétueux des instrus digitales. Et ça c'est cool !!
A l'occasion du rappel, qui se terminera par le classique "Ne touche pas", Balik posera sa voix sur deux rub-a-dub, "Comme je" et "Paris la nuit" avec quelques featurings : le premier avec Manjul et le second avec Mystic Loïc de Mystical Faya et Volodia. Qu'importent les influences, les parcours et les inspirations, le reggae est formé d'une seule et même famille.
Et pour finir la soirée en beauté, quoi de mieux qu'un petit set electro. C'est samedi soir, non de non !! Les deux énergumènes de L'Entourloop ont donc débarqué munis de leurs platines afin de mettre le feu une dernière fois à La Commanderie. Epaulé par le MC Troy Berkley, qu'on a plus l'habitude de voir opérer en sound system, et par le trompettiste (ex Peuple de l'Herbe) N'Zeng, L'Entourloop propose aussi un live énergique et éclectique qui peut prendre des airs jazzy comme des détournements par la jungle, de ce point de vue-là pour ceux qui connaissaient déjà N'Zeng, ils ne seront pas du tout surpris, mais qui reste clairement dans un format reggae/hip-hop. Et ça scratche et ça sample à tout va. "Banging hip-hop ina yardie style", tel est le credo de L'Entourloop, et cela leur convient à merveille : en effet, ils samplent autant le "Tearz" du Wu-Tang Clan que Sister Nancy quand ce ne sont pas des dialogues de films dont bien sûr L'Entourloupe. A ce propos, leur accoutrement ferait penser qu'ils sortent tout droit de Heat ou The Town, à croire que la référence aux gangsters fait partie intégrante de l'ADN de leur label Banzaï Lab, au sein duquel sévissent également les Smokey Joe & The Kid. Et c'est donc avec "Dreader than dread", "Burn dem up", "Back in town" ou encore quelques titres inédits qui seront à retrouver sur leur prochain album à paraître en 2017 que L'Entourloop aura réussi à faire jumper les spectateurs encore nombreux dans la salle.
BIG UP à tous les artistes présents au cours de cette soirée.
BIG UP également à Baco Records et à Maxime Nordez d'Iwelcom.
Crédit photos : Frédo Mat