Pratiquement un mois après jour pour jour après le Festival Contraste & Couleurs de Chalon/Saône (le gros report ici), La Grosse Radio avait de nouveau rendez-vous avec Williams Brutus. La rencontre s'est cependant déroulée dans des conditions différentes, mais non moins chaleureuses.
C'est en effet un espace plus confiné, plus restreint, en somme plus intimiste qui accueillait Williams Brutus en samedi 20 mai, en l'occurence Le Crusoé, petite salle de concert de Dijon, qui fait également office de restaurant. Nous disons bien intimiste, puisque vous pouvez y faire d'une pierre deux coups, à savoir y dîner en amoureux avec votre moitié ou bien y manger entre potes avant d'aller voir votre artiste préféré. Plutôt sympa et convivial comme cadre, d'autant plus que toutes les générations s'y croisent ; l'on a par conséquent pu regarder des retraités skanker et s'amuser comme des diables au milieu d'un public nettement plus jeune. Cool !
C'est le jeune guitariste Dijonnais et ami de Williams Brutus, Steven Morvan, qui a assuré la première partie. De la même manière que celui qu'il précédait sur scène, son répertoire peut aisément être qualifié d'éclectique. Steven Morvan puise ainsi son inspiration à travers la black music sous toutes ses formes, bien que l'ensemble est nettement marqué par le funk. Mais ce qui nous aura le plus impressionnés chez le chanteur, c'est sa voix rauque et erraillée qui rappelle celle des bluesmen de la première moitié du XXème siècle ; et pourtant, ainsi qu'il nous le confiera dans une interview à retrouver bientôt sur le webzine, il ne force pas du tout pour obtenir ce timbre si particulier. Du funk, du blues, de la soul donc, mais aussi...du reggae sera interprété par Steven Morvan. Afin de coller à l'ambiance générale de la soirée, il a ainsi repris quelques classiques du genre né à Kingston, comme le "Food for thought" de UB40 ou un mash up funky entre les couplets de "Jammin'" et le refrain de "Get up, stand up". Et outre Bob Marley, on a également pu entendre la réadaptation d'un titre d'un autre Jamaïcain, le "Here comes the hotstepper" d'Ini Kamoze. Le reste du set de Steven Morvan a consisté en l'interprétation de certains de ses morceaux qui figureront sur un album prévu pour l'automne.
Quelques instants plus tard, les musiciens de Williams Brutus sont alors entrés en scène. Là réside également l'une des modifications opérées entre le concert du Festival Contraste & Couleurs et celui qui nous intéresse aujourd'hui. En effet, s'il s'était produit en solo et en acoustique à Chalon, c'est accompagné de son backing band (et avec lequel il a l'habitude de tourner) que Williams Brutus s'est présenté devant le public.
Après une introduction reggae/funk très efficace, le chanteur est alors apparu pour se poser sur "Let me know Jah", l'un de ses premiers titres en solo sous le nom de Williams Brutus après l'aventure en duo avec SAï. C'est d'ailleurs l'un des rares morceaux où il opte pour un flow reggae, voire ragga, sa voix se rapprochant en effet plus généralement de la soul (même sur les percutants "Dilé" auréolé de quelques accords de kora ou le one drop "Pauvres de nous" où l'influence notable des Wailers se fait clairement ressentir notamment via la guitare lead et un clavier très Tyrone Downie) ou alors parfois du hip-hop comme sur "You can't stop rain", sur lequel il prend la place de Beat Assailant, le rappeur qui partage ce titre sur le premier EP de Williams Brutus sorti tout récemment (la grosse chronique ici).
Le Mâconnais a ensuite bien évidemment chanté les autres tracks issus de cet opus qui préfigure un album à paraître prochainement. On se souviendra fortement du "Girls just wanna have fun", Williams Brutus étant un adepte des reprises (voir à ce propos celle du "Another day in paradise" de Phil Collins au Festival Contraste & Couleurs), où il a pu faire montre de toute sa fougue et de sa débauche d'énergie en motivant passionnément le public avec une réadaptation sur un rythme ska/rocksteady du célèbre tube des années 80.
A contrario, c'est sur une orchestration plus soul et mélancolique que les spectateurs pourront se laisser bercer au son de la love song de l'EP, "When I'm with you", prélude en fait à un interlude solo du chanteur au cours duquel il interprétera un morceau qui rend hommage à son oncle. Solo, pas tout à fait, puisque juste après, la violoniste Géraldine viendra le rejoindre pour "Looking to my eyes" pour un moment touchant et empli d'émotion.
Trêve de sentimentalisme, les choses sérieuses ont redémarré dès lors que les musiciens ont réinvesti la scène pour deux rub-a-dub, "Won't turn around" et le désormais fameux "I Tried" à la ligne de basse très lourde et à la mélodie digitale façon Manudigital jouée par le clavier Boodz. Et puisque la vigueur et l'entrain débordants de Williams Brutus sont des choses assez contagieuses, c'est son guitariste qui viendra s'éclater le temps d'un solo sur le devant de la scène.
Lors du rappel, Williams Brutus nous fera part du morceau à la tonalité soul "Avant que" initialement en feat. avec Yves Jamait avant que ne retentisse le puissant et le déchaîné "Tchimbe" qui synthétise toutes les influences de l'artiste, puisqu'on pourra y entendre à la fois du reggae, forcément, mais aussi du ska, de l'afrobeat, du rock, et j'en passe, à la plus grande satisfaction du public.
BIG UP à tous les artistes présents ce soir-là et à Eiffer.
Merci également à l'équipe du Crusoé pour son accueil.
Crédit photos : Live-i-Pix