C'est reparti pour un t(j)our au Nomade Reggae Festival. Après une première journée (voir ici) placée sous le signe de la chaleur (voire de la canicule) et du sound system, place, en ce samedi 5 août, toujours au soleil (malgré une légère perturbation pluvieuse) et au live. En effet, après une première soirée intitulée Dub Electro Sound System Party, ce sont des groupes qui sont venus fouler la scène du festival. Et hormis une tête d'affiche internationale (Mellow Mood), l'accent a été mis sur le reggae français avec une forte représentation de collectifs venant des Alpes (et donc de la région) en général. Par conséquent, les massives se sont plus déplacés en nombre que la veille.
Mais avant que les montagnards locaux de Missah & Weedo et de Feuilles De Roots n'interviennent devant le public de la Yaute, c'est un autre groupe issu des montagnes, en l'occurence celles du Jura voisin, j'ai nommé les Mystical Faya straight from Pontarlier. Mystical Faya, c'est un roots très lourd porté les lignes de basse de Riké El Compressor, teinté de rock par les solos de Jo et agrémenté de touches soul par la superbe voix de Mystic Loïc, autant dire qu'on kiffe grave ce mélange des genres. On vous avait déjà fait part de cet éclectisme dans nos reports du No Logo 2016 et de leur concert à Dole (le gros report ici) ; la prestation à Frangy n'aura donc pas dérogé à la règle et les Mystical Faya interpréteront, entre autres, ce "Rudeboy Paradise" qui nous plaît tant, ce "Golden Cage" envoûtant et ce "Go Away Satan", stepper toujours aussi massif et puissant. On a enfin beaucoup apprécié le fameux "Sleeping Souls" tiré de l'album éponyme (la grosse chronique ici), pour la bonne et simple raison qu'il a eu droit à une extended version, le dub mixé par l'ingé son Néo (voir ici) étant en effet joué en live par les musiciens lui apportant une véritable plus-value sur scène.
Place ensuite à deux groupes régionaux au sens large du terme avec, en premier lieu, Missah & Weedo et, dans un autre temps, Feuilles De Roots.
Même s'ils ne sont pas originaires de Haute-Savoie, plutôt de Grenoble, Missah & Weedo étaient tout de même à la son-mai au Nomade Reggae Festival. Le duo était venu défendre sur scène son premier album, The Missah & Weedo Show, sorti en fin d'année dernière (la grosse chronique ici). Il était accompagné du MC Tiyab et d'un très bon band, avec une mention toute particulière pour le saxophone qui nous a gratifiés d'excellents solos pas vraiment reggae mais lorgnant plus du côté du funk voire du jazz amenant une touche originale au reggae/dancehall de Missah & Weedo. La vigueur, la pêche, l'énergie déployées par le crew ont littéralement mis le feu devant un public déchaîné qui réagissait avec enthousiasme aux harangues du duo qui ne se prenait pas du tout au sérieux tout en véhiculant des lyrics conscients à travers ses morceaux : "Réseaux Sociaux" est parfaitement représentatif de cet état d'esprit. On entendra également "Qui Je Suis" et surtout le génial "Mais T'Etais Où ?" à travers lequel les compères rendent hommage à tous ceux qui les ont inspirés pour en arriver là : Daddy Yod, Raggasonic, Capleton, etc...
Les spectateurs, déjà largement galvanisés par tout le faya (pour ne pas dire le bordel) que Missah & Weedo ont mis sur la scène, étaient donc plus que prêts pour accueillir ceux qui, pour le coup, étaient vraiment chez eux, à savoir Feuilles De Roots. De ce fait, ils sont régulièrement invités par les organisateurs, puisqu'ils étaient déjà présents l'an passé. Ces deux facteurs font ainsi que le public du Nomade Reggae Festival et le combo se connaissent très bien ; l'alchimie développée par les deux entités était en effet de rigueur durant tout le set de Feuilles De Roots, d'autant plus que les artistes savent eux aussi mettre le faya avec leurs morceaux basés sur l'esprit festif et sur les références à leur département (le 7-4). Malgré leur jeune âge, les membres de Feuilles De Roots ne manquent pas d'expérience et même si leur renommée ne dépasse pour l'instant que très peu les frontières des Alpes, on ne peut que leur souhaiter de pouvoir s'exporter à l'avenir. On le répète, leurs musiciens sont très jeunes mais ils se débrouillent avec brio et le son de Feuilles De Roots est propre et calé sur scène. Les trois MCs se poseront, entre autres, sur l'hymne du groupe, "La Yaute en action", qui fera jumper frénétiquement le public (on a cependant regretté l'absence massive de drapeaux savoyards pendant ce morceau) et "C'est pas fini" sur lequel Feuilles De Roots terminera un concert bien maîtrisé.
Après l'intervention de ces trois groupes en live, nous avons eu droit à un intermède sound system (de la même manière que la veille) avec l'apparition de Papa Style backé, comme à l'accoutumée sur le Turbulent Tour, par Eurosia Sound représenté par le selecta Bashment et le MC Numan. On ne vous présente plus Papa Style, sa fougue, son fast style, son caractère turbulent ; nul besoin de vous préciser qu'il n'a pas manqué de nous le rappeler au cours de son set. Papa Style aime les montagnes (il s'y produit souvent dans les stations pendant l'hiver) et il l'a bien fait savoir aux gens de la Yaute tout en lançant un spécial big up aux riders. Après une intro par Bashment qui jouera le "Millénaire" de Nuttea ou le "Bad Boys" de Manudigital feat. Jamalski, Papa Style et Numan déboulent pour interpréter majoritairement les titres de Turbulent ("Ce que l'argent décide", "Solide", "Back in Town", Police") dont le touchant "Tout là-haut", même si l'on pourra également skanker sur le très bon "Mama Quilla" sorti sur Alma De Guerrero. Et quelle ne fut pas notre immense mais très agréable surprise lorsque Bashment a fait retentir la massive instru du célébrissime "The Message" de Grandmaster Flash afin que Papa Style et Numan se posent dessus à leur manière. Et preuve que le hip-hop demeure une grosse influence pour le trio, c'est sur l'instru du non moins fameux "Tearz" du Wu-Tang Clan que Papa Style invitera Missah & Weedo et les MCs de Feuilles De Roots pour un freestyle géant made in Frangy. Puis, lors du rappel, c'est en mode drum n' bass que Papa Style et Numan nous gratifieront de leurs flows imparables.
Mellow Mood n'a eu qu'à traverser les Alpes pour se rendre à Frangy et diffuser son roots lourd en basses toujours orchestré par il maestro del dub Paolo Baldini en qualité d'ingénieur du son. C'est d'ailleurs par un énorme dub que les musiciens du groupe entameront le set. Les jumeaux Garzia arrivent alors sur la scène pour toaster sur le puissant rub-a-dub "Sufferation" agrémenté de gros overdubs et de reverb. Chez Mellow Mood, en live, l'accent est avant tout mis sur la rythmique et très peu sur les mélodies, d'où l'absence de guitariste solo, il n'y a même pas de guitariste rythmique attitré d'ailleurs, ce sont Jacob et Lorenzo qui alternent de temps à autre avec cet instrument. Mais au fond, on s'en fiche, ce qui compte, c'est que le son du crew transalpin groove grave, notamment sur un "Twinz Invasion" qui fait très mal. Et puisque le dub est un atout majeur entre les mains de Paolo Baldini afin de faire bouger les massives, en cela épaulé par un batteur et un bassiste qui savent eux aussi faire monter la pression, c'est sur "Innocent" que les jumeaux quitteront la scène le temps d'une extended version après avoir motivé le public avec des "do you love dub music ?" Et comment qu'on aime le dub !! Pour finir, Mellow Mood interprétera bien évidemment un "Dancing Inna Babylon" connu de tous.
C'est finalement YaniSs Odua qui a clôturé cette deuxième journée du Nomade Reggae Festival. Le Martiniquais, backé par son fidèle et talentueux Artikal Band, a fait étape à Frangy alors qu'il est en pleine promotion de son dernier album Nouvelle Donne (la grosse chronique ici) paru il y a quelques mois. C'est justement par le titre éponyme qu'il commencera son concert après un "warm-up" opéré par Artikal, puis il enchaînera directement sur "Reggae Land" avant qu'il n'offre un "Moment Idéal" à la gente féminine au cours duquel le guitariste Ilon Ba proposera un solo version Jimi Hendrix avec les dents. Très inspiré par "les sonorités urbaines", ainsi qu'il nous le confiera dans une interview à retrouver très prochainement sur le webzine, YaniSs Odua interprètera bien évidemment "Ecoutez-Nous", même si Keny Arkana n'était pas sur scène pour l'épauler, mais également un morceau plus ancien, "J'ai La Rage", dans la lignée des instrus cuivrées du Peuple de l' Herbe.
Et c'est lors du set de l'auteur de "La Caraïbe" que le maire de Frangy a fait irruption sur scène pour prononcer son discours quotidien en faveur du reggae music. Il rendra un très bel hommage à YaniSs Odua en lui affirmant qu'il avait été énormément touché par ses textes, ce qui le conduira à lui remettre la médaille de la ville, oui oui ! YaniSs Odua est donc reconnu dorénavant comme un citoyen d'honneur de Frangy.
Passé ce moment très solennel, le chanteur dédiera le morceau "Jump", l'un des excellents cross-over bass music et dubstep de Nouvelle Donne, "à tous ceux qui aiment la musique en général". Inutile de vous préciser que ce fut un bien beau dawa au sein du public.
Crédit photos : Live-i-Pix
TO BE CONTINUED !! STAY TUNED !!