En ce deuxième jour de festivités, le soleil est plus que jamais au rendez-vous, apportant une fois de plus, tout son lot de contraste et de couleurs. Le public est plus nombreux que la veille pour une programmation qui revient aux fondamentaux reggae du festival. Pas d'artiste strikly hip-hop ce soir-là, mais la plupart des intervenants relaient tous une musique qui va bien au-delà du reggae.
De la même manière que la veille, le démarrage de la journée se fait sweet. Encore une fois, c'est un guitariste solo qui ouvre le bal. Pour le coup, c'est Joss Bari qui vient faire résonner ses ballades tout autant inspirées par le reggae, le dancehall, la soul ou le folk. On nous dit dans l'oreillette que Joss Bari a participé à The Voice, mais ce n'est pas ce que nous retiendrons. On aura plutôt été frappé par sa reprise d'un morceau des Néo-Zélandais de Katchafire ou encore par sa pratique du beatbox, talent dont il se servira lorsque Patko (qui était présent la veille) investira la scène pour un feat. des plus enjoués. Là encore, une mise en bouche intéressante.
Décidément, Jahneration est partout en ce moment sur les terres de France et de Navarre. Après avoir joué à Lyon ou Clermont-Ferrand les jours précédents, Théo & Ogach, accompagnés de leur band, étaient ce soir-là à Chalon/Saône pour le festival de leurs potes de Broussaï. Pour ceux qui partagent des morceaux autant avec Erik Arma (voir ici) qu'avec Demi Portion (voir ici), leur présence ici n'en était que plus logique. Tchong et Erik Arma viendront d'ailleurs rejoindre Jahneration durant leur concert. Sinon, que dire du set qui n'ait déjà été évoqué ? C'est toujours aussi impeccable, le section rythmique demeure plus redoutable que jamais et les nombreux effets dub et autres reverbs parsèment le show. La setlist est à peu près toujours la même ("Control Your Tempa", "Reload", "Deh Ya", etc) sauf que le concert est dorénavant introduit par "Run Away" et sa puissante extended version façon dub, les tubes résonnent plein pot et on prend toujours autant de plaisir à voir le groupe en live & direct.
Ce serait un euphémisme de dire que Raggasonic a mash up le Parc des Expositions de Chalon/Saône. Big Red et Daddy Mory restent incontestablement les maîtres du reggae français et ils nous l'ont encore prouvé lors du festival Contraste & Couleurs. Backés par Lord Zeljko, le selecta emblématique et historique du King Dragon Sound System, c'est ainsi une dream team qui s'est présentée devant les massives bourguignons. Raggasonic enchaîne les tracks légendaires du premier album, ils ouvriront justement leur concert par "Aiguisé comme une lame" où Daddy Mory déclare "aucun deejay ne peut nous tester", phrase qu'il prononcera à nouveau après un freestyle en mode mitraillette où les deux MCs alterneront avec leurs flows "puissants comme un fusil d'assaut".
Pour l'instant, pas de nouvel album à l'horizon, Big Red et Daddy Mory reprennent donc les titres qui ont fait leur succès, autant avec Raggasonic qu'en solo. Outre "Les Riches", "J'entends parler" ou "Mon Sound" et "Faut pas me prendre pour un âne", on entendra ainsi le mortel "Kill Kill Kill" de Big Red sur un beat grime ou "Big Faya" de Daddy Mory. Raggasonic a enflammé le public, c'est peu de le dire.
Raggasonic a bercé et influencé tout le monde. L'Entourloop s'en souvient et N'Zeng, le trompettiste, dédicacera d'ailleurs un de leurs morceaux au crew de la Seine-Saint-Denis. Quant aux parties vocales, nos deux compères stéphanois sont également bien lotis avec Troy Berkley, le MC des Bermudes. Il se posera sur "Soundbwoy", "Johnny a Bad Man" ou encore "Le Tour de Force" avec des feat. virtuels tels que Blackout JA ou Skarra Mucci. Ce dernier fera également entendre sa voix sur le désormais mythique "Dreader Than Dread". Et ce qui est cool avec L'Entourloop, c'est qu'ils mixent autant du reggae, que du hip-hop, de la bass music ou de la jungle avec des parties de trompette tonitruantes par N'Zeng. On entend autant des samples de Fuzzy Jones, de Sister Nancy ou des Fugees, bref ça pioche partout chez L'Entourloop. Pour finir, ils concluront leur set par un terrible moment de "Bonheur" composé en collaboration avec Panda Dub : un dub stepper qui finira par mettre tout le monde d'accord.
Ce feat. entre L'Entourloop et Panda Dub représentait ainsi une belle transition pour la suite, puisque c'est Weeding Dub qui allait se charger de clore la soirée et par là même le festival. Bien qu'il ait commencé son set par les tracks les plus roots ("Rise Up", "Let Go", "Make Dem Know") de son dernier album Another Night Another Day (la grosse chronique ici), on sentait que l'ambiance gagnait en intensité. Dès lors, il a enchaîné sur des morceaux plus bruts et plus stepper ; cette deuxième partie du set fut inaugurée par le titre éponyme d'Another Night Another Day introduit par une suave mélodie à la flûte et sur lequel il a immédiatement mis un pull-up. Ça y est, le public était chaud bouillant et il n'en fallait pas plus pour qu'il en redemande encore et encore. Des titres UK aux influences electro se succédèrent ainsi les uns les autres sur un rythme endiablé, qu'il s'agisse de l'énorme feat. avec Shanti D, "Can't Understand" ou de tracks plus afro, voire limite disco, comme "Afuryca" ou "African Shrine". Et bien évidemment, le Lillois mixera l'inévitable "Gypsy Dub", cet hymne sound system avec le violon de Ras Divarius.
BIG UP à toute l'équipe organisatrice du festival ainsi qu'à tous les artistes venus jouer !
Crédit photos : Live-i-pix