Comme l'année dernière (le gros report ici), La Grosse Radio avait rendez-vous en live & direct depuis Verjux, en Saône-et-Loire, dans le cadre du Verjux Saône System. En effet, vous avez sûrement dû vous en rendre compte, mais le 16 juin, la programmation du canal reggae a quelque peu été chamboulée par la couverture du festival.
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Dès 20h, notre grosse équipe technique a ainsi pu vous faire partager toute la vibe du Verjux Saône System en accueillant tout d'abord Bigoud, le taulier, qui est venu nous présenter cette édition 2018 puis, en retransmettant l'intégralité (oui, oui, vous avez bien lu, l'intégralité) des concerts. C'est donc avec un immense honneur que Mystical Faya, The Sunvizors, Le Peuple de l'Herbe, Brothers Vibes, dont les sets étaient entrecoupés par les sélections du sound system Natural Hi Fi, ont été diffusés sur La Grosse Radio Reggae pour 7h de live !
Le gros staff de La Grosse Radio et Bigoud du Verjux Saône System
Mais si nous avons pris l'antenne à 20h, le Verjux Saône System avait déjà ouvert ses portes quelques temps plus tôt et le public affluait en masse. Le beau temps et l'esprit convivial du festival, conjugués à une programmation des plus prometteuses ont attiré des spectateurs nombreux et généreux dès l'ouverture du site. Généreux, pour la bonne et simple raison que, si l'entrée du festival est à prix libre, les massives auront su soutenir le Verjux Saône System dont les bénéfices servent à financer la classe verte de l'école du village ainsi qu'une école au Burkina Faso.
Après cette brève présentation de la soirée, entrons maintenant dans le vif du sujet, à savoir les concerts.
Comme tous les ans, c'est un groupe local, au sens large, qui ouvre le festival. Mystical Faya n'est pas vraiment originaire de Saône-et-Loire, mais depuis que la Bourgogne et la Franche-Comté ont fusionné, le choix des Bisontins paraissait logique. Le combo mené par le chanteur Mystic Loïc est ainsi venu faire résonner son roots lourd et profond à Verjux. Pas vraiment de changement dans la setlist (mais peut-on leur en vouloir ?), on attend donc impatiemment la sortie d'un éventuel troisième album. Par conséquent, le show est rythmé par les morceaux de Never Give Up (la grosse chronique ici) et de Sleeping Souls (la grosse chronique ici), dont le ravageur et rockers titre éponyme avec ses enivrantes nappes au clavier. Du rockers également avec le bouillant "Go Away Satan" et du rub-a-dub avec "False Leaders" qui se conclura par un dub hypnotique. Et si le son de Mystical Faya se veut assez lourd, il peut se faire aussi plus léger comme sur "What A Shame" où le clavier viendra se poser à la manière des Chill Sessions, dans lesquels le groupe revisite son répertoire dans un format plus soul.
C'est encore du roots que l'on a pu entendre avec la sensation Sunvizors. Pour une première pour nous, ce fut une vraie surprise de découvrir ce collectif qui groove énormément. La base de leur musique demeure bien évidemment reggae (même trop ?), mais les Sunvizors savent nous éblouir avec un peu de hip-hop, de bass music, de dub et de trip-hop, leur univers se baladant entre ceux de Zenzile et de Portishead et la voix soul erraillée de Joy D n'étant pas du tout reggae. Ce n'est d'ailleurs pas un "Glory Box", mais plutôt un "Music Box" que le collectif s'est plu à jouer sur scène et pour rester sur les références anglaises (les Anglais demeurant les maîtres quant aux mélanges des styles), le pseudo de la chanteuse nous fait immédiatement penser à Joy Division et celui du clavier JC Wobble à Jah Wobble, le bassiste de Public Image Limited. Les Sunvizors seraient-ils un peu punks dans l'âme ? En tout cas, si les guitares énervées ne sont pas l'apanage du groupe, nul doute qu'il se contrefiche des étiquettes. On écoutera même un peu de trap suave avec "Beautiful Trap", interprété tout d'abord en solo et en acoustique par Joy D avant que les autres musiciens ne la rejoignent.
S'il y a un collectif qui lui aussi se moque des étiquettes, c'est bien Le Peuple de l'Herbe. Le crew lyonnais aura ainsi sûrement destabilisé les auditeurs de La Grosse Radio Reggae durant son concert, tant le son du Peuple a profondément muté dans un style abstract-rock-hip-hop. On le savait depuis le dernier album, Stay Tuned... (la grosse chronique ici) paru l'année dernière, mais lors de notre précédente rencontre avec eux au No Logo (le gros report ici), le changement n'avait pas été aussi brutal, leur concert ayant d'ailleurs été le meilleur du festival. Qu'à cela ne tienne, Le Peuple de l'Herbe est et demeurera pour les siècles des siècles un groupe de scène et il a conservé cette réputation à Verjux. L'association des deux MCs, JC001 (l'Anglais et l'ancien) et d'Oddateee (l'Américain et le nouveau), fonctionne parfaitement et le jeu des musiciens (Varou, DJ Pee, Psychostick et Spagg) reste carré et pointu. Mais il manquait un petit quelque chose et ce petit quelque chose c'est une trompette ou un trombone : on s'en est rendu compte dès le premier morceau, "Adventure". Et donc pas de cuivres sur "Les Rues de Saint-Paul" ou "No Escape", c'est un peu comme une bière sans mousse, vous voyez le tableau. On aura cependant beaucoup apprécié les hommages rendus à Doug E. Fresh ainsi qu'au groupe de punk orléanais Burning Heads.
C'est devenu une habitude depuis plusieurs années déjà, ce sont les Brothers Vibes qui viennent clôturer le Verjux Saône System. Le duo était backé, comme en 2017, par Selecta Binghi, afin de nous faire part de son reggae conscient à base de raggamuffin et de rub-a-dub. C'est donc en mode sound system que les Brothers Vibes se sont présentés devant les massives et bien qu'il fût environ deux heures du matin lorsqu'ils sont arrivés sur scène, le public était encore nombreux et prêt à en découdre face aux riddims qui retentissaient dans la nuit de Verjux. C'est ainsi que Bongo Léni et Flava Di se sont posés sur le Judaintown Riddim avec "Donne Ça" ou qu'ils ont toasté sur le "Sixteen Tons Of Pressure" d'O.B.F. Et comme dit plus haut, le binôme délivre des conscious lyrics, on a donc pu l'entendre "Passer Un Message", extrait de son EP du même nom paru l'année dernière (la grosse chronique ici).
Un immense BIG UP à Bigoud et à toute l'équipe du Verjux Saône System pour leur accueil au top !!
BIG UP également à tous les artistes présents ce soir-là !!
BIG UP enfin au gros staff de La Grosse Radio, Laurette, Mallis et Crash.
Crédit photos : Live-i-Pix