Un an plus tard (le gros report de 2018 ici), La Grosse Radio était de retour au Grand Bastringue et dans son lieu hautement chargé d'Histoire, puisque le festival ne se déroule ni plus ni moins que dans le parc de l'abbaye de Cluny, monument construit bien avant l'an 1000. Hé ouais mec ! La Bourgogne, ce n'est pas que du vin, c'est aussi une architecture flamboyante.
Et flamboyant, le Grand Bastringue l'est aussi, pour la bonne et simple raison qu'en 2017 il a été élu 3ème meilleur festival de reggae aux Victoires du reggae derrière les plus connus que sont le Sun Ska et le No Logo. Pas mal pour un événement qui ne bénéficie pas de la même couverture et de la même renommée que les deux autres.
On ne le dira jamais assez, mais ce n'est pas seulement la programmation qui fait la réussite d'un festival. Le cadre y est pour beaucoup, l'organisation encore plus (de ce point de vue, on saluera une nouvelle fois les élèves de l'ENSAM qui auront rempli leur contrat) et le public sans qui rien ne serait possible. Ce dernier aura encore fait montre de sa vivacité, de son engouement et de sa bonne humeur.
Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour passer un festival placé sous le signe des good vibes, d'autant plus que le soleil était radieux en cette deuxième journée, tout comme la programmation. Celle-ci, à l'instar de l'année dernière n'était pas axée strictement sur le reggae et ce choix éditorial nous convient parfaitement.
Tout d'abord, Actes et Fractures, combo local originaire de Montceau-les-Mines. De cette ville, on ne connaissait que le groupe de punk Hors Contrôle ; même s'ils ne sont pas punks, les membres d'Actes et Fractures en conservent une certaine énergie sur scène. Plus exactement, ils se situeraient dans la tradition de la Mano Negra (le chanteur rendra d'ailleurs hommage "au frère Manu Chao") avec des riffs rock bien sentis, un peu de ska, un soupçon de reggae et surtout une trompette qui amène énormément d'entrain. Dans les refrains, pas de "ho hé oh" ou de "la la la" punks, mais tout le monde (ou presque) participe aux chœurs. Le public, qui pénétrait petit à petit dans l'enceinte du festival, était encore peu présent devant le groupe, mais il lui a vivement témoigné son intérêt en jumpant, sautant, dansant et acclamant le crew.
C'est alors que le duo Mahom est entré en scène. Joris et Toinou venaient ainsi présenter leur tout dernier album, King Cat (la grosse chronique ici) paru en mars et dans lequel ils faisaient part d'une nouvelle approche de leur dub. Mais à Cluny, c'est surtout en mode stepper qu'ils ont mis le feu devant une assistance dont la motivation avait encore gagné en intensité. Même pour "Snowball", l'un de leurs morceaux les plus calmes, le public répondait présent. Face à tant d'énergie déployée, le duo a ainsi commandé aux massives d'exécuter un wall of death qui faisait plaisir à voir, le genre de chose qu'on retrouve plus habituellement dans le metal. Mais peu importe, on le redit sans cesse, mais la musique n'a pas de frontière ; cette philosophie est bien l'apanage des Mahom qui concluront leur set notamment avec la reprise tout en émotion et tout en dub du "Temps de l'Amour" de Françoise Hardy.
Un show de Biga*Ranx, c'est aussi un moment empli d'amour. Nouvelle tournée, donc nouvelle configuration pour le Tourangeau. Cette fois-ci, c'est en solo qu'il se produit sur son Cassette Tour, à travers lequel il gère à la fois parties vocales et instrumentales, oscillant ainsi entre sound system et DJ. Et si avec Olo d'OnDubGround (le gros report du Trianon ici) ou avec son frère Atili (le report du Télérama Dub Festival ici), les sets pouvaient prendre la direction du dub, ce parti pris du genre fondé par King Tubby est clairement assumé maintenant. On s'en rend compte dès l'intro, un stepper simple mais terriblement efficace. Puis, chaque morceau ("My Face", "Petit Boze", "Subterranean Exodus", etc) est également décliné en dub, Biga*Ranx offrant ainsi de véritables extended versions. C'est donc un artiste complet qui s'est présenté devant le public, d'autant plus que le show est illustré par des images de palmiers et de sunsets dans la plus pure tradition de Telly*.
Et c'est le collectif La P'tite Fumée qui s'est chargé de conclure la soirée avec un son trance et tribal. Ce style musical est aux festivals de reggae ce que l'electro berlinois est aux événements rock, à savoir un excellent moyen de maintenir le public en haleine malgré l'horaire tardif. Et de ce point de vue, ça aura encore très bien fonctionné. Les massives étaient encore nombreux pour écouter et danser devant ce concert à base de didgeridoo et autres aspects trance. Et dès lors, on comprend mieux pourquoi le groupe, inconnu pour nous jusqu'à il y a peu, est programmé partout en ce moment (il sera même au No Logo en août prochain) ; qu'on se le dise, les membres de La P'tite Fumée sont bel et bien les successeurs de Hilight Tribe ou des Bourguignons de la Kaophonic Tribu.
BIG UP à tous les artistes présents au cours du festival !
BIG UP également à l'orga et aux bénévoles !!