Tatillons sur l'étiquetage, phylogénéticiens musicaux et autres maniaques classificateurs de genre, préparez-vous à suer froid avec ces OVNIs. Les Stouffi the Stouves confectionnent une musique surexcitée et éclectique mixant le rap, le hip hop, l'électro, le beatbox, le rock, les textes en français et la bonne humeur... un style tentaculaire tout à fait à l'image de leur totem, le poulpe.
Ces «gangsters de l'espace» sont une espèce invasive qui va rapidement coloniser vos oreilles avec son deuxième EP, Squid Invasion, sorti en juin 2014 et succédant à un précédent o(cto)pus sorti en 2013 portant un nom très représentatif du genre musical des joyeux drilles : Alien music for alien people.
Leur logo aux allures de blason clinquant de rapeur est en fait l'emblème même de la pieuvre géante de la planète Aphasia, expulsée à la suite d'une soirée qui a mal tourné, et s'étant réfugiée à Lille sous les traits de Stouff, un extr-humain anciennement beatmaker et chanteur du groupe électro punk Eclectek. S'entourant d'apôtres dévoués au poulpisme, le groupe ainsi formé prêche la bonne parole stellaire et iodée depuis 2012.
Les bases sont posées : bienvenue aux grands malades ayant besoin d'une bonne cure maritime. Voici un bon bol d'air de la mer en sept titres aux allures d'électrochoc.
On commence par mouiller la nuque avec quelques mix hip-hop présentant l'«octopus 2.0» pour faire chauffer les platines sur «Squid Invasion». On s'enfonce un peu plus aux sons de «Under my Skin», ballade romantique salée et revigorante ; avant de plonger complètement la tête dans les hauts-parleurs et de se faire happer par le «Peuple de l'eau», ses saturations et ses beats soutenant un flow hystérique. On n'a pas entendu un tel raz-de-marée lyrique depuis au moins Boby Lapointe. Bon, peut-être Mc Solaar à la rigueur.
Ces pieuvres en transe sortent vigoureusement la poésie de la vase. Le bain commence à faire des bulles avec «Rock 'n Poulpe» qui sonne comme un choeur de mouettes sur fond de machine à vapeur. On retient son souffle pour savoir si Clem Powels parviendra à caser tous ses mots sur le tempo bouillonnant. Ceux que le rap révulse pourraient ici frémir un peu, mais le rythme endiablé aura raison de vous.
«L'autre», avant-dernier titre aux notes de musique de chambre et mené par la voix moins survoltée de Rosa Shanti rappelle un peu Dionysos et permet de calmer un peu le jeu, ou de se préparer à finir en beauté. Le disque s'achève de manière surexcitée avec «Vénère», condensé de dubstep et de bonds nerveux qui donne immédiatement envie de s'y replonger.
Les Stouffi the Souves ne sont pas à mettre entre les oreilles étriquées, leur diversité pourrait incommoder les plus sensibles. Mais si l'aventure sous-marine bigarrée vous tente, alors ces fanatiques des tentacules sont à suivre impérativement !
Si vous le permettez je conclurai en disant qu'avec ces céphalopodes-là, on marche sur la tête, et ça fait circuler le sang. Convertissez-vous au poulpisme pour avoir la pêche !