Mettez vos bottes, ressortez la bécane, les Lords of Altamont débarquent. Si vous êtes restés coincés dans les années 70, que vos oreilles ne reconnaissent rien dès qu'on s'éloigne des classiques du rock pur et dur, vous allez être comblés. Depuis 1999, les Lords de Los Angeles servent un rock garage aux bonnes odeurs de cuir, et leur cinquième album, Lords Take Altamont, est sorti cette année, après changement de la moitié du groupe depuis Midnight to 666 (2011). En fait, les Lords, c'est surtout un nom. Après, les musiciens se succèdent, vont et viennent, au service de la musique avant tout. On retiendra quelques piliers présents depuis le début comme Jake Cavaliere, le chanteur et membre fondateur (ex-The Bomboras), Johnny Devilla à la guitare (The Fuzztones), ou encore Harry Drumdini à la batterie, (The Cramps). C'est donc un joyeux mélange d'amateurs de riffs bien agressifs, avec go go danseuses sur scène, qui ressert avec dévotion (une dévotion satanique bien sûr) les grands classiques du rock.
Alors non, rien de nouveau dans cet album, vous avez déjà entendu ses quatorze titres partout, qu'il s'agisse de «Gimme Shelter» ou «Sympathy for the Devil», des Stones bien sûr, ou de «Come Back Baby», un classique des années 40 déjà repris maintes fois (The Ramones, Eric Clapton...). Mais c'est au goût du jour de faire du neuf avec du vieux. Les Lords ont choisi de slammer sur la vague de la nostalgie, et de ne pas choquer leur public en leur ressortant uniquement des trucs qu'ils connaissent par cœur. C'est toujours mieux en concert de voir que les gens chantent en même temps, et comme c'est pas facile niveau logistique de leur distribuer des petits livrets avec les paroles à l'entrée, autant prendre des airs déjà connus.
Attention hein, connu, certes, mais pas copié collé non plus. Les classiques du rock sont ici remaniés goût crête avec des rajouts de sonorités punk et garage. Du fuzz à foison, une batterie qui vous prend aux tripes, on a soudain envie de fracasser sa guitare et de s'époumonner. Vos berceuses préférées sont entièrement retouchées, avec lifting du tempo et injections de distorsions bien senties... jugez par vous-mêmes !
Pour les jeunes tout au fond qui n'auraient pas suivi, le circuit d'Altamont, en Californie, accueillait un festival de musique organisé par les Rolling Stones le 6 décembre 1969. Le concert s'est terminé dans la violence et le sang, avec la mort d'un spectateur, poignardé à quelques mètres de la scène. Loin du peace and love de l'époque, donc. Et comme se faire poignarder en concert par des Hell's Angels c'est vachement rock, le groupe a choisi ce nom, en hommage à cet événement et au tournant qu'il a constitué dans le paysage musical. C'est ainsi que l'album, Lords Take Altamont, est principalement constitué de reprise des Stones, de façon vigoureuse et saturée.
On voit bien ce disque passer en fond dans un garage, pendant qu'on retape sa moto par exemple, ou chez un tatoueur (le meneur du groupe, Jake "The Preacher" Cavaliere, est tatoueur, c'est cliché n'est-ce pas ?). Mais si vous l'écoutez dans votre R5 pour aller faire les courses ça passe sans doute aussi. On va pas juger avec quoi vous assortissez votre blouson de cuir.