Aie, aie, aie, c’est terrible ! A peine 20 secondes d’écoute et on tombe déjà sous le charme du nouvel album de Rover, Let It Glow. A croire que ça brille, pour de vrai… Casque sur les oreilles, c’est encore meilleur, les riffs légers grattent l’oreille gauche, les notes de guitare aigues titillent la droite, 33 secondes, décollage, on part en avion. « Some Needs » en piste number one démarre donc très bien. Le refrain et ses chœurs sonnent comme du très bon Bowie, 01’52’’ re-décollage, et si c’était une fusée ?
Il y a sur ce second album beaucoup d’expérimental, mieux, de l’instinctif. Rover a tout enregistré lui-même sur une console analogique avec de vieux instru’ capricieux qui claquent des sons inattendus et créent des accidents, de l’instant, des auto-surprises qu’il partage aujourd’hui avec son public.
Rover, c’est avant tout une voix. Un timbre angélique à la Antony and the Johnsons lorsqu’il s’envole dans des octaves hautes et de la roche rugueuse lorsqu’il redescend dans les ténèbres. Le plus fort, c’est qu’il passe de l’une à l’autre en un claquement de doigts. On pourrait s’arrêter à ces prouesses que ça nous suffirait déjà mais derrière, en décor, l’instrumental est tout aussi envoutant. Hors de question de faire ces trucs-là, mais oui vous savez, ce qu’on appelle « couplets », « refrains », tout ça, avec une structure de morceau bien définie, bien symétrique et sans surprises... Non, non. L’artiste propose quelque chose de différent, des ponts inattendus, des couplets qui ne se ressemblent pas, des instruments guests qui s’incrustent, parfois juste sur une petite seconde, provoquant le chamboulement du morceau. Et malgré tous ces rebondissements, l’album conserve une unité, une cohérence, quelque chose de rond, de suave, de sérieux.
Avec Rover on tape bien sûr plus dans la mélancolie que dans la rage, l’humour ou tout autre sentiment. Ca se veut grave sans être pesant, pas de sourire en vue dans la voix, une concentration extrême, des yeux fermés peut-être, comme un espoir triste... Une solitude aussi. Lunettes noires, toujours, et troc du costard pour le blouson de cuir.
Et si on sentait du Bowie sur « Some Needs », c’est à Roger Hodgson qu’on pense sur « Innerhum ». Comme influences (si elles en sont), il y a pire ! Le cœur de cet album reste bien sûr le titre éponyme qu’on découvrait il y a quelques temps. Et le single « Call My Name » dévoile son clip enflamé aujourd’hui :
Lumières rouges de la nuit, éclairages et mauvais contacts, des ombres de réverbères étendues sur le sol, c’est cette ambiance qu’on sent sur plusieurs pistes de l’album, notament « Along », haletante. L’aube pointe parfois le bout de son nez, mêlée de rosée matinale et de lueurs dans ses gouttes d’eau, quelques rayons d’un lever de soleil timide (« Glowing Shades ») accompagné de piano et d’oiseaux, au réveil.
Pour clore ce nouvel opus, « In The End », quelque chose d’Irlandais, de grands paysages, des routes qu’on traverse à toute berzingue, de l’écho, des nuages gris, du vent qui traverse les vitres de la caisse, un objectif qu’il faut rejoindre, envers et contre tout, comme guidés par quelque chose de plus grand. Et si on y allait, nous aussi ? Ça a l’air fort là-bas !
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Images : rover-music.com
Flora Doin