Après presque 2 ans de tournée et quelques mois en studio, Sidilarsen qu’on ne présente plus sur la Grosse Radio nous amène son sixième album : Dancefloor bastards, qui sortira le 29 avril prochain chez Verycords.
La fusion, la symbiose des genres est toujours au rendez-vous, Plume (le réalisateur de Chatterbox, l’ancien opus) est toujours aux manettes et le line up toujours le même depuis 2005 à savoir :
David « Didou » Cancel - chant et machines
Benjamin « Viber » Bury - guitare, chant
Julien « Fryzzzer » Soula - basse et machines
Samuel « Turbo » Cancel - batterie et machines
Benjamin « Benben » Lartigue - guitare
« Spread it » vous a déjà été présenté par le groupe, relayé par la Grosse Radio of course en attendant l’album.
C’est le morceau qui ouvre Dancefloor Bastards par un gros riff quasi punk avec une nappe électro, rattrapés par une rythmique simple et efficace qui s’efface pour laisser aux voix de Viber et Didou le temps de s’exprimer clairement sur les couplets. Puis c’est l’explosion, ça mouline, ça castagne sur tous les temps pour marteler le propos sur les refrains « Tuons nos dieux, sauvons les hommes ». C’est clair et autant le marteler pour que ça rentre puis se répande… Libérateur ! Spread it around ! Clearly !
Dès la première écoute, on comprend pourquoi « Dancefloor bastards », 2ème morceau de l’album a donné son nom à l’ensemble. Ce sera son hymne sans nul doute et ce n’est pas pour rien. Joyeux mais concentré, sérieusement humoristique, here comes the sound ! Sur une base électro vocale, un gimmick tout en montée, palm muté à souhait pour une meilleure immersion, Sidilarsen nous embarque sur son dancefloor, son choix du cœur, des tripes et on projette tout à fait le gros bordel en live : Comme le morceau, ça va mélanger les corps, les cheveux et la sueur dans tous les sens. C’est ça qui est bon !
Toute en retenue, l’intro guitare bluesy de « frapper la terre » nous embarque dans des coins reculés du Texas, d’Arizona ou de n’importe quel coin désertique chaud et poussiéreux. C’est là que nous avons rendez-vous avec la tribu Sidilarsen. Contrairement à ce que laissait penser l’intro, l’arrivée des 2 chamans au chant et du joueur de futs est tonitruante. Normal, les Sidi nous entrainent dans une danse pieds nus dans la poussière. Pas besoin de plumes, ni d’oripeaux, de rituel sacrificiel ou de dogme, le morceau à la rythmique tribale, presque transcendantale colle aux propos et suffit pour nous lancer dans la ronde et balancer nos pompes pour « frapper la terre » avec nos grelots autour des chevilles.
Pour le morceau « Go fast » l’intro en démarrage d’une grosse caisse (et je ne parle pas de batterie) parait bien clichée… La base électro du morceau enfonce le clou et que dire des passages vocodés de la voix ?...
Ouais c’est vrai, ils font beaucoup de route les Sidi comme ils le disent dans le morceau, ils ont beaucoup de matos dans la soute. Du coup, ils se trainent. On peut comprendre leur rêve de vitesse sur la route et les grosses cylindrées sont faites pour ça. Cependant le mélange des propos entre les outils de gros dealers d’une part, de galériens de la route (comme les musiciens par exemple) d’autre part et des grosses bagnoles hors de prix ne rend pas ce morceau vraiment lisible. La musique nous perd aussi, à moins que troublée par les mots j'ai trop fermé les écoutilles !
Mes congénères masculins adhéreront peut-être… Et rien que de le penser, voilà encore un gros cliché… mérité ?
On retrouve dans « guerres à vendre », le morceau suivant, la puissance et la vélocité, habillées de toutes ces ruptures rythmiques ou mélodiques qui soulignent des mots enragés et lourds de sens. On retrouve aussi l’utilisation intelligente des machines, des sons électro bien dosés, bien travaillés pour rendre ces 5 minutes incroyablement courtes. Il est digne de ce que l’on attend d’un engagement musical et intellectuel total, sans concession, pur, mature. « Guerres à vendre » a aussi l’originalité qu’il faut pour être nouveau et garder la tradition de la contestation "sidilarsienne". C’est tout à fait réussi. D’ailleurs on adhère et l’envie d’en découdre devient notre.
Ce morceau est également le deuxième proposé par le groupe en teasing de l'album et c'est bien malin. On vous le remet là :
Surprise immédiate quant aux instruments et sons choisis pour « Le jour médian ». Une nappe vintage, un piano, une timbale et un charley… C’est pratiquement tout. La voix démarre seule sur ce socle qui semble un peu trop fragile pour elle. Du coup elle semble peu assurée. Elle hésite entre émotion et distance dans cet univers un peu décalé. Hors de sa zone de confort habituelle, l’oreille de l’auditeur (trice) est un peu perdue et tergiverse entre plusieurs sensations. Les mots ont même du mal à passer sur certains phrasés et les chœurs en « heyyyy » nappés ou balancés pour redonner un peu de tonus au morceau n’aident finalement pas. Le refrain tente de remédier à cette impression grâce au gros boulot de mise en cohésion et en abyme de la rythmique, soutenue par la petite nappe acide qui l’accompagne. Le morceau nous laisse tout de même, à ne pas savoir de quel côté pencher, dans les starting blocs.
On arrive clairement en plein coeur de la partie électro-rock-metal de l’album avec « Walls of shame ». Le travail des voix et des machines opère, cette fois, parfaitement. On avance avec le groupe. On danse et on hurlerait bien : Shaaaaame, si ce n’était la réaction des passants. « Walls of shame », rythmé à souhait, parfaitement dosé dans les styles mélangés est un morceau jouissif de lâcher prise, joyeux et grave à la "Twisted" ou "Skank heads" des Skunk Anansie ou d’un "Chile" des No one is innocent, avec de petites incursions ludiques de la part de samuel le batteur ou de Benben le guitariste en clins d’œil, qui laissent augurer une version live haletante et pleine de surprises.
« Méditerranée damnée » musicalise un sujet lourd et douloureux avec beaucoup de finesse. On accompagne les émotions du groupe qui vibrent dans la compo. Après une intro guitare et nappe d’infra basse à la « livin’it up » des Limp Bizkit, le tempo s’emballe et nous embarque illico. Les dosages rock électro sont parfaits, les voix dépotent, le frisson est pur et sincère. Les Sidilarsen nous embarquent dans une chaude et profonde transe presque douloureuse. Le temps s’arrête. C’est bon et ça fait mal. Malheureusement le pont slammé pourtant amené par un riff introductif casse la communion dans laquelle on était installé. Nous voilà exilés, sortis pendant quelques longues secondes de ce moment fort partagé. Hagards, on se demande bien à quoi peut bien servir cette parenthèse qui nous oblige à faire l’effort de revenir dans la belle machine à émotions que ce morceau qui reste néanmoins un bien bon moment moins 30 secondes....
Pas de pose dans la secousse. Religare, ton paradis, notre enfer, tatoutatoutatouta ta ta…. Ça tambourine à souhait côté rythmique et ça mouline de manière jubilatoire sur les cordes. La nappe d’orgue classique rock à la Doors reste discrète mais pose le tout et en assure la cohérence. Plus brut et direct, le morceau est là où on l’attend et c’est aussi bien comme ça. Le pont reste dans le ton et tout va bien pour " everybody ", « everyone » in « everywhere », on peut relier nos hémisphères !
Même constat pour le morceau suivant : « Soit mon rêve ». Plus rien n’arrêtera le rouleau Sidilarsen. Dans ce morceau, l’intelligence de la nappe électro, presque en contre harmonie donne une belle perspective à l’ensemble et le contre chant de la fin nous surprend agréablement. Cette voix, sur ce ton, idée originale, nous laisse frustrés tant elle n’arrive qu’à la toute fin du morceau. On en redemande.
Quoi ? Qu’ouï-je ? C’est un saxo là ? Ils sont fous les Sidi ? Et bin oui, ils l’ont fait et ça le fait… Le morceau est bon, vif, puissant et intègre. On se dit qu’il arrive au bon moment dans l’album car, le groupe nous a amenés avec intelligence jusque-là en nous malmenant un peu parfois mais pour nous pousser avec lui « Au maximum »!
“I feel fine”. I want you to feel fine too ! Plus Indus qu’Electro dans l’ambiance et dans les sons, avec des harmonies plus acides que rondes, un peu à la Nine inch nail, référence assumée du groupe. On garde intacte la puissance en la rendant moins visible. Elle est toute en tension qui excite le trajet des nerfs et électrise la colonne vertébrale. Les voix se lâchent vraiment et chantent jusque dans le craquage. C’est ce qu’on voulait, de la fêlure, de l’organique orgasmique. On se vautre, on s’adonne, on en veut encore ! Encore !
"Comme une envie", justement, ce sont les premiers mots du dernier morceau de cet album : « 1976 ». Très sampling, machines et orchestre de cordes, voire symphonique. « Ou va-ton maintenant ? » C’est une bonne question pour ce morceau… Comme la dernière piste phare d’une B.O à la fin d’un gros film d’action… Ampoulé, avec tous les effets utilisés pendant tout le reste du film, les boutons de la console poussés au taquet, une apothéose en somme… un peu too much for me, je suis partie avant le générique.
Malgré les quelques petites incompréhensions, ce nouvel album des Sidilarsen est un puissant exutoire qui donne une dimension physique à l’engagement des mots.
Enregistré dans l’esprit du live, Il nous promet de bien beaux moments de partage grâce à cette énergie libératrice dont il regorge. On a hâte de les retrouver ici et là pour faire durer la magie frénétique qu’il opère sur les corps… Dancefloor Bastards porte bien son nom et nous l'adoptons avec joie car nous sommes de la même trempe !
Sidilarsen sera en tournée partout à l’automne mais a déjà des dates prévues pour les festivals d’été :
05.05 - GRAY (70) Festival Rolling Saône
14.05 - BURIE (17) Festival Fest'O Pineau
02.07 - VOUNEUIL SOUS BIARD (86) Festival Le Lavoir Électrique
08.07 - VILLENAUXE LA GRANDE (10) Festival Rockaldo's
16.07 - DIEULOUARD (54) East Summer Festival
13.08 - SAINT GOBAIN (02) Festival des Vers Solidaires
19.08 - SAILLAT SUR VIENNE (87) Festival Les Cheminees Du Rock
27.08 - LOURES BAROUSSE (65) Festival Estival Rock
Faites tourner !