L'habit ne fait pas le moine, proverbe éculé mais qui fait le taf ici. Surtout ne pas se fier pas à l'apparence débonnaire et bourrue d'Ebbott Lundberg. A la première écoute, on s'attendrait à voir un Richard Ashcroft ou un Noel Gallagher derrière le micro mais non, il s'agit d'un Suédois tout juste cinquantenaire et qui a bien plus de bouteille que les lurons de The Verve et Oasis, en plus baryton aussi. D'ailleurs, pour revenir aux gusses Gallagher, ils sont fans du groupe de Lundberg dans les 90's, 00's, The Soundtrack of our lives, hop, la boucle est bouclée. Après avoir donné dans le Rock subversif et le Psychédélique, c'est flanqué d'un jeune groupe Garage Rock, The Indigo Children, qu'il revient avec un quinzième album (15 opus avec 4 groupes différents et en solo) en trente ans de carrière, For the ages to come qui sort aujourd'hui dans les bacs. Si la voix nous fait penser d'emblée à du Brit Rock des 90's, c'est beaucoup plus fin et va plus loin que ça. En tout cas, par son style et sa musique, Lundberg brouille les pistes.
Véritable star en Suède, image de gourou ironique pour les jeunes (voir image ci-dessous), mais aussi hors de ses terres (7 tournées mondiales) puisqu'il avait été nommé aux Grammy Awards aux Etats-Unis dans la catégorie album rock/indie de l'année avec Behind The Music sorti en 2001. A l'écoute du nouvel album, on comprend facilement l'engouement pour le bonhomme nordique.
De type gourou, on retient le titre haletant "Backtrop", avec son fond hippie, guitares aux accents de cithares et ses grandes envolées. Du même type, "I see forever" et "Calling from heaven" se placent comme hymnes solaires oniriques où l'on part avec les violons et la rythmique lente pour l'une et pour l'autre avec la cithare, les ponts aériens, le temps qui est pris dans ce long titre parfaitement représentatif du thème de l'au-delà qu'on retrouve partout dans cet album.
D'autres titres sont à la fois frais et mélancolique comme "Beneath the winding waterway", comme la folk éthérée à la voix lointaine dans "In subliminal clouds", mais aussi le "Little big thing" élégiaque qui pousse à l'introspection liée à la perte du proche, "without you". La tristesse est passée en revue sans nous encombrer, la partition de l'album se prêtant à passer de la peine à l'optimisme qu'on retrouve par exemple dans "Drowning in a wishing well" avec son choeur naïf et les poussées viriles d'Ebot.
Une surprise (tout comme l'est cet album) à noter, le Rock de "Don't blow your mind" avec ses riffs de guitare crissants et leurs solos typés 70's, qui est une reprise bien à part du titre garage de 1966 d'Alice Cooper de ses débuts musicaux avec les Spiders (voir ici l'original) quand il s'appelait encore Vincent Furnier... Fallait aller le chercher celui-là ! Et c'est cette culture qu'on apprécie chez Lundberg, qui le mène à tous les styles, toutes les expérimentations, à varier ses choix, et toujours brouiller les pistes.
Il ne nous reste plus qu'à nous aussi améliorer notre culture musicale en nous plongeant dans la discographie riche et variée d'Ebot Lundberg. On commencera par ses débuts lorsqu'il était jeune vingtenaire avec le rock'n'roll subversif de son premier groupe Union Carbide Productions, et on suivra bien sûr avec The Soundtrack of our life, si cher aux Gallagher donc mais aussi à Courtney Love, qui on l'espère restera dans nos playlists pour longtemps.
Bon à savoir, le généreux et prolifique Ebbot Lundberg vient de monter un nouveau groupe, The Five Billion in Diamonds, avec des musiciens de Portishead, Ocean Blue et Spiritualized. Un album devrait arriver en cours d'année. A suivre !
Crédit photo : Peter Nilsson