Le label HellCats fait rarement dans la dentelle, et a des goûts généralement plutôt sûrs. Pour preuve les quelques têtes d'affiche à crête (ou pas) comme les Dropkick Murphys, Joe Strummer, Rancid, et quelques autres énervés qui maîtrisent plutôt bien le rythme binaire punk-rock, sous toutes ses formes, à partir du moment où c'est corrosif.
Aussi lorsque The Interrupters sortent un album sur ce label, on peut s'attendre à du lourd. Et quand on voit que cet album a été produit par Tim Armstrong (Rancid), une des légendes du punk d'outre-atlantique, cela ne peut qu'aiguiser encore plus notre curiosité...
En 2012, après plusieurs expériences musicales et cinématographiques, Aimee Allen forme The Interrupters avec Kevin Binova, ingénieur du son de son état, et ses deux frères Justin et Jesse. Le projet est orienté ska-punk, détonnant à souhait.
Les premières années d'existence les voient tourner avec Bad Religion entre autres, ce qui constitue plutôt une bonne référence, vous en conviendrez. Un premier album éponyme en 2014, et puis, 2016, Say It Out Loud, nouvel opus, une petite bombe explose dans l'univers du rock made in LA...
Le monde ska-punk est assez restreint, et pour cause : entre deux chaises, difficile d'éviter les pièges du ska festif et du punk-rock aseptisé. The Interrupteurs, bien aidés par Tim Armstrong, ne se posent pas de questions. L'album est franc, direct, comme une droite dans ta face, Ô toi lecteur de cet article. Car tu ne sortiras pas indemne de cette offrande sur l'autel crasseux du rock. Ska oui, punk-rock, oui encore, avec un peu de Oï dedans, mais festif, non, juste sincère, honnête, et bougrement bien envoyé. Tim Armstrong, inventeur (ou a minima grand propagateur) du style avec Rancid, montre ici que, même derrière la console, il sait insuffler la patate.
Le premier clip extrait de l’album, qui accueille également l’auditeur en sa qualité de piste numéro 1, donne le ton. Ca va balancer dans les chaumières :
Tout au long des 14 titres, la voix de Aimee, tantôt grave et sombre, tantôt puissante et légèrement éraillée, nous promène dans les univers musicaux les plus énergiques. Et les kids de L.A. ne se cantonnent as au rythme saccadés du ska originel, ils en connaissent un bout dans le punk aussi. Pour preuve, "On a Turntable", qui pourrait venir des Dropkick Murphys, ou encore "Control", très Skate-Punk, The Interrupters balaye le style, pour finir par un magistral "Loyal". La basse baladeuse ajoute une touche extrêmement mélodique à ce déchaînement de feu à deux-temps.
The Interrupters est bien entendu un groupe à messages, qui tournent autour de la défiance vis-à-vis des médias dominants, un thème qui nous est cher, à La Grosse Radio. Comment ne pas applaudir devant un "Babylon" qui appelle à “conquérir le système de contrôle", ou "Media sensation" et sa diatribe contre les choix éditoriaux des media…
The Interrupters n’oublie pas non plus ses racines, en allant chatouiller le Rock Steady Beat dans "The Valley", ou encore le ska originel des Specials dans l’énorme "Phantom City", avec Tim Armstrong qui les rejoint pour pousser la chansonnette d’un rap rageur.
Say It Out Loud est un album majeur, de ceux dont on ne sait pas ce qu'on faisait avant. The Interrupters nous livrent sur un plateau l'une des meilleures galettes de cette année 2016. Le rock fort a encore frappé, il vient de Los Angeles...
Chance, The Interrupters a décidé de passer ses vacances en Europe. Comme les dates de concert sont un peu difficiles à trouver, dans sa grande mansuétude, La Grosse Radio vous fournit les rendez-vous en France, qui vont faire trembler les planchers ou les péniches :
19 août 2016 Frossay (44), Festival La caravane de Couvre Feu
20 août 2016 - Paris (75), Le Petit Bain 'attention, places ici)
21 août 216 - Saint Dié des Vosges (88), L'Entracte II (billetterie sur place)
31 août 2016 - Montbéliard (25), Atelier des Môles
6 Septembre 2016 - Toulouse (31), Le Metronum
7 Septembre 2016 - Montpellier (34), Le Secret Place