"Des compos originales et cohérentes, riches et efficaces, le tout emballé dans du gros son, mais que demander de plus ?"
Un jour, j'ai reçu un EP 5 titres d'un duo de petits jeunes à l'air sympathique qui proposaient une musique sortant de l'ordinaire. Oh certes, ce premier enregistrement était bardé de défauts de jeunesse, mais il possédait un grain et des idées de composition vraiment intéressantes. Du coup, wait and see. L'album qui nous occupe aujourd'hui a mis du temps à arriver, pas loin de 4 années durant lesquelles les deux jeunes gens ont tourné, rencontré du monde qui leur a permis de faire d'autres concerts, des résidences, de bénéficier de conseils de pros, jusqu'à taper dans l'oeil de Daniel Bergstrand, producteur de Métal renommé (Behemoth, Soilwork, Meshuggah, In Flames...). Bottle Next a poursuivi son chemin, a continué d'apprendre encore et encore (plus de détails dans notre interview) afin de ne surtout pas se précipiter et pouvoir sortir du bois au moment opportun, c'est à dire maintenant (ou plus précisément le 27 janvier 2017, alors que la sortie était initialement prévue cet automne, ce qui explique cette chronique du coup très en avance).
"Hard Folk" qu'ils disent. Ca se comprend, vu qu'on a en tout et pour tout une batterie et une guitare électro acoustique (et du chant). Le premier réflexe de tout bon quidam est de se dire que c'est un peu léger niveau instrumentation, un écueil potentiel dont les garçons sont parfaitement conscients, de sorte qu'ils ont énormément travaillé leurs compositions pour notamment les enrichir avec des breaks de folie. C'est une de leurs spécialités, c'est ce qui saute aux oreilles immédiatement : les passages sortis de nulle part sont légion et extrêmement bien intégrés (intermède à cuivres sur "Choices" ou "Machines", ponts à l'ambiance plus sombre et touchante sur "Running herd" ou "Age of Beauty"). Ce travail d'orfèvre nous amène au deuxième point : des breaks de tarés oui, mais au service des compos, qui tiennent toutes carrément la route et demeurent, malgré les détours, des morceaux de rock efficaces. Ce qui nous amène au troisième point : leurs influences ont beau être essentiellement Métal, c'est bien à du rock énergique que nous avons affaire ici, le tout baignant dans une bonne humeur euphorisante de tous les instants.
Du Métal oui, puisque c'est autour de ce style que les garçons se retrouvent, ce qui se ressent notamment dans un travail rythmique ultra poussé. Sûr que les heures passées en résidence ont été utilisées à bon escient, parce que techniquement, Bottle Next envoie le bois comme peu en sont capables : la complicité musicale entre les deux compères a été considérablement affinée et les différentes rythmiques, pour peu qu'on y prête attention, ont de quoi faire peur. Le binaire n'est clairement pas ce qui passionne nos amis, qui s'en éloignent dès qu'ils le peuvent, tout en conservant un groove imparable. Le dernier point est que cette musicalité est très bien mise en valeur par le travail de production ainsi que par le mixage et mastering réalisés par le sieur Bergstrand cité plus haut. Des compos originales et cohérentes, riches et efficaces, le tout emballé dans du gros son, que demander de plus ?
Pas le morceau le plus représentatif de l'album, mais le seul dispo sur le net à l'heure actuelle.
La marge de progression est encore là, il est tout àfait possible d'améliorer quelques passages, de rendre la formule encore plus savoureuse, mais ce premier album est d'ores et déjà un joli pavé dans la mare de la scène hexagonale. Ce soin apporté aux compos, entre rythmiques infernales et breaks tombés des cieux, permet à Bottle Next de se sortir du piège qui leur tendait les bras : celui du duo rigolo qui donne bien en concert mais qui n'a pas grand chose à proposer sur album. Il semble pourtant qu'après The Inspector Cluzo (dans un style toutefois bien différent), la scène française se soit trouvé un nouveau duo rock aussi capable que motivé (dans notre interview, le batteur Martin évoquait des dates à l'autre bout du monde). Et duo ou pas duo, on aimerait entendre des albums aussi riches plus régulièrement.
8,5 / 10