The Delta Saints – Monte Vista

En septembre 2015, les Delta Saints nous cassaient les Bones, un album majestueux et fougueux emprunt de tradition blues, bayou blues même. Aujourd'hui ces cinq gars de Nashville menés par la voix de Ben Ringel reviennent avec un album plus moderne, plus frais et joyeux, marqué par la Californie. Le gros riffs de guitare de Dylan Fitch sont encore présents, la basse percutante de David Supica aussi, la férocité de Vincent Williams derrière la batterie et enfin le clavier de Nate Kremer apportant des touches electro à l'ensemble.

L'album a été produit par Ed Spear qui a déjà bossé pour Jack White, Neil Young, The Arctic Monkeys, ça marque un homme et le style convient parfaitement au Delta Saints. Il a su garder leur blues initial et ajouter quelques zests de modernité (Jack White + The Arctic Monkeys, en somme). Le rock brut est encore là, le blues aussi et pourtant la prod est bien différente que sur Bones, le son claque bien plus, persque acide, bien moins grave, sans perdre en profondeur. Le résultat est propre, clinquant, bien loin de Bones. Et c'est très bien comme ça, le groupe aura 10 ans l'an prochain et tout ne se passe pas dans le Bayou graisseux, étouffant. Monte Vista, c'est la lumière de l'éclair pendant la nuit et le bruit de l'orage au loin.

C'est bien cette alliance de modernité et du blues qui nous tiendra tout au long de cet album avec en vue la grandiloquente Californie, à cette image, glorieuse artistiquement, un Etat puissant à elle-même, à la pointe, loin du Sud profond. Cette Californie qui attire de tous temps les artistes, qui y jouent, qui la chantent (même les Britanniques Led Zeppelin voulait "Going to California"). Et le premier morceau de l'album, du nom de l'Etat du grand Ouest, en est un hymne puissant, accrocheur, prenant et vibrant. C'est donc par ce "California" que The Delta Saints ont lancé la promo de l'album et nous avions été surpris de la nouvelle approche du groupe, emplie de nouveux synthés. Comme si en s'éloignant de leur Tennessee, les cinq compères avait trouvé un souffle nouveau, une nouvelle ère, et bien plus dans l'air du temps que leur blues rugueux des albums précédents. Ben Ringel admet même que "la Californie a toujours été une sorte de havre pour le groupe physiquement et émotionnellement" et bien lui en a pris de s'y arrêter. Et dans un lieu cher à Dylan Fitch, à savoir la maison de sa grand-mère à San Diego sur la rue Monte Vista (si vous vous demandiez pourquoi ce titre à l'album).

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Et pourtant, c'est bien en s'ancrant dans la contemporanéité que les Delta Saints nous livrent des morceaux intenses et marqués 70's comme "Burning Wheels", "Sun God", "Roses", dans le rock 80's avec "Burning Wheels". Et de l'album ressortent le plus les morceaux plus modernes comme "California" donc, mais aussi "Are you", "Crows", "Young and Crazy" et "In your head". Ce n'est pas pour autant une balade dans le temps que le groupe nous offre, ce sont plusieurs saveurs qu'il met en oeuvre, en gardant à l'esprit leur Rock brut, ce qui fait leur ADN.

Dylan explique que le groupe a commencé les compos de Monte Vista juste après avoir fini Bones et que cela leur a été une incroyable transition passant le groupe du "blues bayou à du rock psychédélique et indie. Nous sommes passés de l'harmonica au clavier. C'est un peu moins roots. Et maintenant, nous sommes indépendants à nouveau après avoir été sur un label. Pendant tout le processus, nous avons eu ce besoin de continuer à écrire. Il y avait beaucoup de choses à faire dans le monde et beaucoup d'inspiration, qu'il s'agisse de perdre des artistes tels que David Bowie et Prince ou le climat politique. Nous avons donc mis au point des idées tout au long de 2016."

Le groupe, on l'a compris, a évolué sans renier d'où il venait mais fait plus d'appel du pied à de groupes comme The Kinks et Kasabian, et même à Pink Floyd et Radiohead pour le côté cinématographique de la chose. Pour Monte Vista, le groupe a aussi revu sa manière de faire, en écrivant les textes avant la musique; les obligeant à sortir de leur zone de confort et se mettre à jamer pour trouver les musiques adéquates pour les paroles. Et de ce disque enregistré en 6 jours à Nashville, ressortent des thèmes nouveaux comme les conflits de générations, la politique ("Sun God") et des oeuvres au son plus pop, non pas pour s'adapter à l'époque mais à ce qu'ils avaient à raconter.

A noter aussi, leur hommage à David Bowie avec "Space Man" pour lequel Ben Ringel admet la force musicale indéniable. Un morceau atmosphérique débuté à la guitare acoustique puis qui s'emballe jusqu'à la fin, comme notre engouement pour cet album.

Tracklist :
1 California
2 Sun God
3  Burning Wheels
4 Are You
5 Crows
6 Roses
7 Space Man
8 Young And Crazy
9 In Your Head
10 Two Days

Sortie le 28 avril en indépendant

Crédit photo : David Bean

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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