Powersolo – Bo-Peep

Powersolo ? Vous connaissez ? C'est le bébé de Kim Jeppesen, plus connu sous le nom de Kim Kix. Les fans de garage qui nous font l'honneur de fréquenter les colonnes de La Grosse Radio en ont entendu causer récemment puisqu'il a produit le dernier album des Courettes. Question rock garage le bonhomme en connait un rayon. Cette fois-ci, on s'intéresse à sa prestation de musicien.

À peine la galette Bo-Peep posée sur la platine, Powersolo nous capte avec sa folie, son rythme entêtant et ce son lo-fi caractéristique des travaux de Kim Kix et de ses acolytes. On y trouve de tout ! Lux Interior et Poison Ivy ont fait des émules tant au niveau des cris, hurlements et autres onomatopées du taulier que question guitare où ça twangue méchamment. On n’hésite pas à utiliser la disto' et un peu de reverb’ vintage pour faire sonner le bouzin un rien surf.

Kim Kix n'oublie pas son enfance tunisienne et, avec le morceau "Ana Bhebak", se permet une incursion réussie dans la culture arabe mais revisitée du coté surf avec son qui claque quand il faut. Ce coup-ci, les Danois sont allés chercher une touche de chaleur beaucoup plus au sud. Les chœurs sonnent façon mille et une nuit. C’est bien fait !
 

Le fond de commerce de Powersolo, c'est ce mélange, ce tas d'influences plus foutraques les unes que les autres tant que la dose de rock 'n' roll est importante. On trouve des titres totalement barrés empruntant à la country des pionnier qui finissent avec la puissance de feu d’un Johnny Cash sortant des sessions Sun Records. Une ligne de basse terriblement efficace, certainement une contrebasse, nous drive tout au long de titres comme "Lonely Gal" et ici Powersolo rime avec power trio. On pense au Stray Cats de Brian Setzer mais avec un son plus trash. Un petit harmonica ramène un peu de folie.

Les Powersolo savent travailler des ambiances et nous plongent dans leur univers. Les chœurs hantés rajoutent une dimension façon film d’horreur avec "Back In Town". Un côté malsain se dégage en même qu’une petite comptine entraînante nous trotte dans le crâne. Le riff surf joué slow tempo fait le boulot.

Tantôt on croisera une petite ode à la fée verte sobrement intitulée "Absinth". Gageons que monsieur Rudi Protrudi, taulier des Fuzztones et grand amateur de ladite boisson appréciera. "Miles Around" représente le coté pop sixties. Il renvoie encore une fois aux travaux des Fuzztones avec un orgue lead qui porte le titre. On prend les nappes lysergiques en pleine poire et on en redemande ! On reste dans la dimension psychédéliques avec "Try Another Town" qui lorgne aussi vers les productions comme celles des Rolling Stones avec Their Satanic Majesties Request. De très belles harmonies vocales rappellent les Beach Boys et nous ramènent vers un surf vocal plus traditionnel mais ce n’est que pour mieux brouiller les pistes.
 

"Lost Angeles" pourrait s’apparenter à un coté country surf. Un gars comme Ben Vaughn apprécierait certainement le travail de Powersolo à mois que ce ne soit plutôt l’inverse. En tout cas, fans de Powersolo, si ce n’est pas déjà fait, allez donc jeter une oreille du coté de Pièce de Resistance, dernier effort de Ben Vaughn, si vous aimez l’un, vous aimerez l’autre. Avec cet album, on songe aussi aux relectures des rocks pionniers par Heavy Trash. on trouve dans l'intro de "The Box" des relents de Blues Explosion mais aussi des riffs empruntés aux Phantom Surfers. On cite Jon Spencer, rappelons que lors de quelques tournées européennes du début du siècle, Powersolo officiait comme backing band pour Heavy Trash.

Le bilan de tout cela ? Eh bien, ce Bo-Peep est tout simplement un très bon album de rock 'n' roll. Varié, mélangeant habilement plusieurs styles... Une bien belle fraicheur. Et ce petit coté surf à l'approche des beaux jours qui n'est pas pour nous déplaire. Merci Kim Kix et ses acolytes !
 

Powersolo : Bo-Peep : sorti le 13 avril 2018 sur le label Crunchy Frog