Juliana Daugherty – Light

Nouvelle venue dans la famille des chanteuses folk minimalistes, Juliana Daugherty, originaire de Virginie, se livre entièrement sur Light, son premier album. Pas vraiment un concept album, mais un disque centré autour de sa propre dépression pour tenter de se reconstruire. Un résultat intéressant mais imparfait.

Dire que Light est un album dépouillé relève de l’euphémisme : la majeure partie des titres se composent uniquement de la voix de Juliana Daugherty et d’une guitare acoustique. Pas d’artifice aussi, l’autrice compositrice interprète mise tout sur les mélodies et sur sa voix.

Elle a effectivement un timbre captivant, grave et un peu lancinant, légèrement voilé. Sa voix comporte une sorte de fêlure qui rend son interprétation prenante. Elle instaure une atmosphère assez sombre, qui tient aussi aux paroles, puisque la chanteuse explique avoir "écrit ce disque en partie pour dépouiller la maladie mentale de son pouvoir", affirmant qu’il n’y a "rien de plus utile ou de beau que ce qui peut être appris de l’expérience de la dépression". Si les chansons sont mélancoliques, elles ne sont pas déprimantes pour autant, et peuvent même faire ressortir une certaine sérénité, comme sur "Easier".
 

juliana daugherty, folk, premier album
Crédit : Tom Daly


Mais la chanteuse a-t-elle raison de s’appuyer presque uniquement sur sa voix ? Si elle fait merveille dans les graves, le voile de sa voix s’adapte mal aux aigus, qui en deviennent assez crispants. Avec leurs arrangements épurés et une telle place accordée au chant, certains morceaux sont très atmosphériques, extrêmement beaux et émouvants.

En revanche, d’autres ne sont pas loin d’être soporifiques, et à force d’être minimalistes, les arrangements à la guitare finissent par se ressembler. A dire vrai, dès la troisième chanson, "Revelation", l’auditeur a un peu l’impression de tourner en rond : non seulement elle n’apporte rien de plus que les deux précédentes, mais en plus la chanson manque d’intensité, d’aspérité à laquelle on pourrait se raccrocher. Cette chanson, comme d’autres ("Bliss", "Easier", "Wave") souffre d’une ambiance très morose, et si cette morosité est compréhensible au vu des thèmes abordés (dépression, incapacité à aider un proche qui perd le contrôle, combat amoureux, vulnérabilité), elle provoque plus la lassitude que l’empathie – qu’il est certes souvent plus facile de provoquer avec des chansons franchement pathos.
 


Plusieurs chansons oscillent donc entre une certaine beauté mélancolique et un dépouillement terne. D’ailleurs, les quelques morceaux qui retiennent réellement l’attention sont souvent ceux qui, tout en gardant une certaine épure, proposent quand même des arrangements un peu plus travaillés et moins minimalistes, qui permettent de créer une véritable ambiance crépusculaire. Ainsi, le sublime morceau d’ouverture, "Player", bien qu’assez dépouillé, offre dès les premières notes une atmosphère sombre et saisissante qui donne envie de plonger avec la chanteuse dans les tréfonds de son âme. "Sweetheart" bénéficie d’un clavier et de cordes qui mettent en valeur la mélodie, quand les légères percussions de "Light" permettent au morceau de créer une ambiance singulière comparé au reste de l’album.

Light ne convainc donc qu’à moitié, mais les quelques morceaux qui bénéficient d’arrangements travaillés démontrent un véritable potentiel. On a donc envie de voir ce que donnerait la chanteuse si elle explorait des territoires moins arides.

Sorti le 1er juin chez Western Vinyl / Different Act

Tracklist
1 - Playerjuliana daugherty, folk, premier album
2 - Baby Teeth
3 - Revelation
4 - Sweetheart
5 - Bliss
6 - Easier
7 - Light
8 - Come For Me
9 - California
10 – Wave

Plus d'infos sur  l'artiste

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :