Envie de riot girls sur ta platine ? Pourquoi pas rester dans l'Hexagone plutôt qu'outre-Atlantique ? C'est ce que nous propose Lou Sirchis avec ses Toybloïd. Déja remarqué il y a quelques année sur La Grosse Radio lors d'un passage live dans le Sud de la France, le combo avait mis le feu... Il n'en fallait pas plus pour nous mettre la puce à l’oreille et chercher à savoir ce que ce nouvel opus des Toybloïd Modern Love a dans le ventre… C’est parti…
Pour planter le décor, le communiqué de presse nous annonce que le groupe a écrit cet album avec la volonté de faire "bouger les veuchs et les teuch, car ouais, il s'agit bien d'amour". On ouvre avec "Violence" qui porte bien son nom. On y sent toute la rage des Toybloïd. La patte de Lou Sirchis est reconnaissable aussi bien dans les textes que dans les riffs. Un coté autobiographique pour parler de la violence des jeunes sur certains sujets. Un album où le thème de l’homophobie et du respect de l’autre se retrouve souvent mis en avant. "Queer" comme son nom l’indique nous renvoie sur la communauté LGBT mais sans en faire des caisses. On expose son point de vue en toute simplicité et surtout sur fond de rock ‘n’roll. "Donna" reste sur le même thème. Une intro avec une basse prenante façon A Forest des Cure puis ça s’anime un peu plus. Une voix aux relents punk rock s’invite accompagnée de guitares saturées.
Sur "Monster", Lou se mue en une Debbie Harry du XXIème siècle, avec un rock facile d’accès avec une note de pop mais sans excès. Encore un clip fort réussi. Une ambiance assez sombre. Ce doit être dans les gènes (pour ceux qui auraient vécu sur une autre planète les 30 derniers années, rappelons que Lou est la nièce de Nicola Sirkis).
"Diamonds" aborde le thème de l’absence de fort belle manière. Les guitares sont sales et distordues et lorgnent vers de productions punk façon Kim Fowley bien que la voix féminine y soit plus soignée que dans les productions de ce dernier. On tient ici un album de gros rock puissant et revendicateur. Beaucoup de refrains sont ingurgités dès la première écoute. Cette immédiateté pourrait rapprocher les morceaux de l’étiquette power pop façon Paul Collins.
Crédit photo : Eva Quillec
On se laisse prendre au jeu comme avec "Seven", titre très pop rock avec un riff roboratif qui s’immisce dans notre crane. Puis Lou envoie des grosses guitares pour ce morceau qui en concert pourrait facilement devenir un hymne repris en chœur par le public. Un morceau à vous filer définitivement des fourmis dans les guibolles.
"Sunrise" démarre plus tranquille avant de monter en puissance. Des orchestrations acoustiques pourraient en faire la ballade de l’album. Un côté un peu plus positif alors que les textes de l’album sont plutôt empreints d’une certaine tristesse.
Premier extrait officiel, "Beauty and the Beast" est un titre puissant façon riot girl. On pense aux furies punks de la fin des seventies. Cherrie Currie et Joan Jett drivées par Kim Fowley ou alors les Slits. Le clip vaut aussi le détour. Les Toybloïd lancent les hostilités de fort belle manière avec ce premier extrait de Moden Love.
Du rock ‘n’roll sans voyelles ? Why not ? "Rck N Rll” donc part tranquillement avec des petits chœurs sympathiques pour monter en puissance. Le riff s’installe subrepticement dans nos cranes et Lou s’affirme au chant. "Do you wanna rock ‘n' roll" nous demande-telle ? Mais bien sûr qu’on veut !
Avec "Shiny Kid" On pense aux premiers Superbus. "Could one day join his idol Sid?” On est bien dans le registre punk 77 non ? "Les histoires d’amour finissent mal en général" nous disaient les Rita Mitsouko. "Halo" nous livre sur fond de guitares saturées le désarroi de notre héroïne. On retrouve toujours une immédiateté dans les titres qui est fort sympathique. Pas besoin de remettre l’ouvrage sur la platine pour l’apprécier. C’est du rock. Tout simplement. Et ça fait du bien.
Musicalement, on retrouve des noirceurs « Indochinoise », on compare aux groupes de filles mais au final on se laisse prendre au jeu et ce deuxième long format des Toybloïd est rempli de bonnes choses. Des bons ingrédients bien assaisonnés à la sauce Toybloïd et le tour est joué. Nous voilà un bien album de rock français fait par des filles avec des textes pas cons. On peut appeler ça une réussite.
Sortie le 26 juin 2020 chez KMS/Gleam House/Sony