Caleb Landry Jones – The Mother Stone

Caleb Landry Jones, découvert à l’écran en tant qu’X-Men, et plus récemment à l’affiche The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch, revêt désormais sa secrète casquette de musicien. Son premier album, The Mother Stone, influencé notamment par les élucubrations solos de Syd Barrett, est empreint de schizophrénie. Prometteur ovni ésotérique, Caleb Landry Jones livre une œuvre sombre, et résolument perturbante.

"Flag Day", premier titre délivré début février est le miroir de l’univers du jeune texan. Pesant, menaçant, et pourtant si difficile à quitter. Sa musique est d’ailleurs le fruit d’un long processus de création entamé durant sa seizième année. Nourrie des tourments et des échecs amoureux de son géniteur, l’œuvre de Caleb Landry Jones est noire et intime. Bouffi de créativité, The Mother Stone n'est pas une fin en soi, mais bien le commencement d’une œuvre majeure pour laquelle Jones a déjà composé et enregistré plus de 700 chansons. Toutes sont secrètement enfouies dans la grange de ses parents ; cet exutoire qui lui servait, jusqu’alors, de studio.

Ce qu’il manquait, c’est simplement un élan, happant ses créations pour les faire jaillir hors de la grange. Ce fut le cinéaste et musicien Jim Jarmusch. Il le mit en relation avec le label Sacred Bones, après avoir découvert certaines de ses chansons. Jones est alors guidé jusqu’aux Valentine Recording Studios pour l’enregistrement. Dans les pas du grand Zappa, il collabore avec le producteur Nic Jodoin, armé de son arsenal de Yamaha et de Casio.

En musique, comme en pochette, Caleb Landry Jones se métamorphose à l’infini. Il se livre tout en s’absentant, paradoxalement, de lui-même. En constante bipolarité, l’insaisissable The Mother Stone tiraille mais n’étonne même plus tant on ne sait le définir ; toujours est-il qu’il détonne. Deux ambitieuses épopées de 7 minutes introduisent les 13 titres qui suivent. Nous sommes propulsés dans la tête embuée du trentenaire, devant une multitude de couleurs, tantôt meurtries, tantôt rayonnantes, mais toujours fascinantes. On y découvre une aventure remplie des voix et des cris acharnés des écorchés narrateurs qui se succèdent, se superposent et se déchirent. Le tout est agrémenté de sonorités cuivrées, sorties tout droit d’une chaotique fanfare spatiale.


Caleb Landry Jones, psychédélique, the mother stone

Brutalement caressé par ce faux rythme ardent, l’auditeur est en apesanteur au cœur d’une clameur céleste. L’expérience déroute et conquiert un temps, mais la lassitude intervient inexorablement à l’approche de l’heure d’écoute. Saupoudré de soupçons de Pink Floyd, dans "Thanks For Staying" notamment, et de Bowie, The Mother Stone est un surprenant courant d’air. Prometteur et inspiré, il pâtît cependant d’un excès dans la désarticulation et d’une trop longue durée.

Nul doute que l’on devrait prochainement entendre plus de la part Caleb Landry Jones, puisque 685 titres attendent encore sagement que les portes de la grange s’ouvrent de nouveau.

Sortie le 1er mai en digital / le 29 mai en physique chez Sacred Bones / Modulor

Tracklist :

1. Flag Day / The Mother Stone
2. You're So Wonderfull
3. I Dig Your Dog
4. Katya
5. All I Am in You / The Big Worm
6. No Where's Where Nothing's Died
7. Licking The Days
8. For The Longest time
9. The Hodge-Podge Porridge Poke                   
11. The Great I Am
12. Lullabbey
13. No Where's Where Nothing's Died
(A Marvelous Pain)
14. Thanks For Staying
15. Little Planet Pig

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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