Pogo Car Crash Control

16 septembre 2020, terrasse du Trabendo, Paris. Le Supersonic Hors Les Murs, un des derniers vestiges du Rock'n'Roll post apocalyptique. Les salles sont fermées, les concerts tous annulés ou presque, la déprime est pressante. Déprime hostile. Les privilégiés qui ont pu investir les lieux en arrivant tôt, très tôt, vont découvrir Tête Blême, nouvel opus du quatuor Pogo Car Crash Control. Une occasion à ne pas rater, pour se pencher sur l'une des plus belles machines du moment.

Cet album, les P3C l'ont enregistré dans les temps d'avant, à Paname, tout simplement. Chez Francis Caste. Dans ces temps anciens, il y avait encore plein de choses. De la rage, beaucoup. Des riffs, puissants. Alors les P3C en ont mis plein. Avec un son massif, brut, puissant. Rythmes implacables, mélange Punk, Metal, peu importe, tant que ça envoie. Alors sur cette terrasse du Trabendo, pour leur seul concert de l'année, la rage, elle est là. C'est un cri vital, primaire, primitif, qui surgit. "L'odeur de la Mort", "Tête Blême", autant de titres faits pour tout déchirer. Avec du nouveau, des solos énervés, chose que l'ami Simon n'avait pas trop exploré dans les années passées.

Sur la Terasse, on a droit à notre petite claque. Petite, parce que faut pas se toucher. Air-pogo, ou comme le dit très bien Olive, "Wall of Covid", c'est un peu le Wall of Death, presque. Ambiance un peu étrange, un groupe trop heureux d'être sur scène, un public trop heureux d'être un public, mais le tout avec une retenue surprenante, un non-pétage de plomb et pourtant aussi un soulagement de voir que non, le rock n'est pas mort...

Parce que non, le rock bouge encore. Avec par exemple le jouissif "Qu'e'st-ce qui ne va pas", titre aux paroles fichtrement pogocarcrashiennes, mais avec un tempo plus lourd, et surtout ce son énorme, signature à lui tout seul de l'album. Ca pioche au fond du temps. Lola, récemment élue bassiste du siècle des mille meilleurs riffs de la galaxie*, appuie les guitares avec toute sa hargne, pendant que Louis enchaîne les cassures de rythmes, speed et lourd dans les mêmes morceaux. Les influences ? Un peu de tout, Punk oui, assumé. Metal aussi. Un baril de poudre, certainement pas de perlimpimpin, oh non. Les maux intérieurs sont exacerbés, le monde est gris, violent, sinistre, glauque... Pas beaucoup d'accords majeurs dans tout ça, non monsieur, non madame. Si tu veux du clown, va le chercher ailleurs, tu connais l'adresse. Même lorsque Olive se lance dans une chanson d'amour, il faut qu'elle sonne comme un testament. P3C, Pogo on entend, Car parce que "Mais ou est donc or ni Car", mais surtout "Crash". Le train est lancé pleine balle, toujours à la limite du dérapage, et pourtant, "Control". Sans doute l'explication officieuse la plus crédible quant au nom du groupe.

Il y a du très bon dans les Pogo Car Crash Control. Complètement indéfinissable, à la croisée de tous les styles qui envoient de la terrine de sanglier, les quatre se sont forgés une vraie identité, et signent avec cet album un coup de maître.