Fife Augury – The Shape of a Tree

Belle découverte de fin d'année que ce premier opus des Français de Fife Augury intitulé The Shape of a Tree et déjà disponible. Créé par deux potes fans de Rock et de Metal, Fife Augury prend le parti de composer un album avec une ambiance par morceau. Sorte de passerelle entre le rock progressif à l'ancienne et un son plus moderne parfois metal, les deux compères proposent un voyage à travers leurs différentes influences passant par Pink Floyd, Genesis ou encore Dream Theater. Alors, premier essai transformé ? Verdict dans les lignes qui suivent.

La première chose qui frappe lors de la première écoute de l'album est l'extrême versatilité des deux amis : Paul et William. Ce dernier ne se contente que des instruments à cordes mais il est à l'aise dans tous les styles que ce soit dans un registre acoustique proche de Steve Hackett ou dans du metal plus dur. Quant à Paul, véritable multi instrumentiste, il va poser une emprunte forte sur l'album officiant à la basse, la guitare, aux claviers et à la voix. Et quelle voix, parfois éraillée, souvent douce, puissante, on sent que le chanteur connaît bien son organe et peut exprimer une palette de sentiments et d'atmosphères hyper variées.
Malheureusement, il nous faut évoquer le point négatif de l'album : la production. Le chant justement se retrouve relégué en arrière plan et à moins d'avoir accès aux masters, ce que le groupe a eu la gentillesse de faire, avec un système audio lambda, certaines paroles sont noyées sous la guitare et la batterie. Cela est largement excusable puisque c'est un premier opus en autoproduction. Le reste des instruments sonne relativement bien même si parfois, on regrette que le groupe n'ait pas eu les moyens de produire cet album de façon plus professionnelle.

Cela étant dit, nous pouvons nous concentrer sur la diversité des morceaux. Commençons par le hit de l'album : "What I Should Be". Le groupe ayant senti son potentiel, ce fut la première chanson à être dévoilée au public. Le single est hyper efficace avec une intro qui dévoile une basse bien présente et permet de faire le lien entre les influences metal et prog rock du groupe. Avec un refrain qui rentre facilement dans la tête, proche de ce que peut faire Marillion, le morceau s'assimile rapidement et plaira au plus grand nombre. Un peu dommage que la fin soit si "abrupte", car on aurait aimé que le morceau continue à coups de "ohohoh" à la Coldplay. Ce dernier est d'ailleurs une belle influence de Fife Augury qu'on retrouve sur "When Owls Fall" avec cette intro que le groupe de Chris Martin aurait pu composer, à l'époque où ils faisaient encore des compositions digne d'intérêt et non de la pop acidulée. La chanson est d'ailleurs une ode à la pop de qualité avec notamment une partie piano qui rappellera le riff de "Sympathy for the Devil" des Rolling Stones pour évoluer vers un solo qui fera penser à Steve Rothery, pour terminer dans une folie rock 'n roll à la Elton John
"Wave", quant à elle a le rôle de la ballade et de la pause relaxante de l'album. Avec un mellotron Bowiesque qui hante la composition, le morceau ne reste pas statique et évolue vers un crescendo épique. 

Fife Augury, rock, progressif, Muse, Genesis, Dream Theater, Pink Floyd

Pour les amateurs de sons un peu plus musclés, les auditeurs pourront se tourner vers "Escaping Light", en ouverture d'album qui distille dès le début, des relents de Dream Theater sans pour autant les copier. Mais toujours dans ce désir de mélanger les influences, le morceau va évoluer vers du prog plus classique avec un passage instrumental très Floydien. En bref, c'est un morceau qui demande plusieurs écoutes pour retenir et admirer tous les détails en arrière plan. Autre morceau sorti de cette période seventies : "Singularity" qui est introduit par une instrumentale intitulé "Plurality" qui rappellera le travail atmosphérique de Pain of Salvation. La pièce principale au son stoner assez lourd évoluera encore vers des ambiances atmosphériques et plus planantes. 

Les deux grosses pièces maîtresses se trouvent vers la fin de l'album avec tout d'abord l'instrumentale totalement folle intitulée "Speed of Asia" qui illustre bien les contrastes observés par William lors de son voyage en Corée du Sud. On passe d'un rythme effreiné avec des synthés 8-bits à un pont instrumental relaxant et zen assez hypnotisant. Certains diront que les deux parties ne sont pas forcément fluides mais puisque l'Asie est une terre de contraste abrupte, alors le morceau le sera également. Par contre, puisque nous évoquons le manque de fluidité, "Speed of Asia" souffre, comme "What I Should Be", d'une fin un peu trop soudaine. Là encore, cela passe pour une erreur de jeunesse que le groupe pourra modifier en faisant peut-être appel à un producteur externe pour le prochain opus.
Histoire de finir en beauté, le groupe nous offre un titre éponyme d'une douzaine de minutes très moderne qui permet à Paul de briller dans un registre proche de Matt Bellamy, le tout accompagné de riffs tranchés qui rappelleront Threshold. Le morceau passera notamment par des soli maîtrisés mais également par une partie électro qui montre une autre facette surprenante du groupe. Dommage que la boîte à rythme sonne trop froide mais encore une fois, c'est largement pardonnable.

Fife Augury, rock, progressif, Muse, Genesis, Dream Theater, Pink Floyd

Fife Augury nous offre donc un premier opus, certes jeune mais plein de promesse. Avec beaucoup d'influences mais aucun plagiat, le groupe a su bien digérer les nombreux styles qui le caractérisent. Espérons que ce premier album leur ait donné envie et les moyens d'en faire un deuxième peut-être plus travaillé, en ayant appris des premières expériences.

Tracklist:
01. Escaping Light
02. What I Should Be
03. Wave
04. Plurality
05. Singularity
06. Speed of Asia
07. When Owls Fall
08. Shape of a Tree

Album disponible actuellement ici

Sortie le 2 novembre 2020
 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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