Primus – Green Naugahyde

Douze ans qu'on n'y croyait plus.
Depuis le virage amorcé par leur Antipop (1999), les fous furieux de Primus n'avaient sorti que quelques titres par ci par là. Et voilà que Jay Lane (batteur du tout début) revient mettre son jeu de baguettes dans la machine groovy.
C'est signe d'un retour aux racines acides, non ? On ose y croire.
Le coup des reformations, on nous le refait pas mal en ce moment, c'est vrai. Il faut croire que la créativité des temps anciens nous manque.
Primus peut-il nous décoiffer autant qu'à l'époque ? Avons-nous assez de cheveux ?

Une fois passé le "Prelude To a Crawl", on se prend la basse de Les Claypool dans la gueule et toute une époque revient. Frizzle Fry, 1990, personne ne s'en est jamais remis. Sailing the seas of cheese, 1991, et son Tommy the cat, redoutable. Pork Soda, 1993, My name is Mud, j'te jure ! Etc etc... Toute une époque, les 90's.

Venons-en au fait, les trois gars ont un talent fou.Capables de groover sur une rythmique épaisse comme un tronc, de balancer des mélodies sauvages tout en tempérant les assauts, de mélanger les styles tout en sonnant comme du Primus. Pourquoi n'ont-ils point été copié ? Parce qu'ils sont incopiables. Larry Lalonde a des plans de guitare qui vous font hausser les sourcils, quand les tentacules de Les Claypool assaillent la basse avec une énergie nébuleuse d'extraterrestre marin. Et ce Jay Lane n'a rien à envier aux précédents cogneurs, tant il sait se servir de ses 18 bras.

La production (l'album a été enregistré dans le studio de Claypool, Rancho Relaxo) un peu trop propre à mon goût efface un peu de cette bizarrerie initié par les mythiques Residents que l'on appréciait particulièrement dans Pork Soda, mais rend l'album plus ancré dans son temps. On assiste ici à un phénomène étrange qui nous renvoie au tout début des années 90 tout en étant tout à fait moderne dans sa globalité. Globalité un peu longuette d'ailleurs. On sent bien que les morceaux de l'album ont été jammé à fond, et qu'ils donneront toute leur saveur en live.

Quelques titres sortent du lot, ce "Last Salmon Man" éthylique, ce "Jilly's on Smack" à la basse éléphantesque et à l'ambiance pesante, ce "Lee van Cleef" de bouseux, et cet "Extinction Burst" solide comme un roc/rock 70's.

Comme toujours avec Primus, il faut y aller la tête la première, ce que je conseille vivement à tous les auditeurs et auditrices qui ont les oreilles grandes ouvertes.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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