Depuis 2005, les membres de Garbage étaient chacun retournés dans leur coin. Laissant plus ou moins le groupe à l’abandon. Mais les membres se sont retrouvés quelques années plus tard avec une volonté et une motivation réapparues. Et avec une envie : refaire un album dans la même euphorie qu’à l’époque. Ce fut chose faite le 7 mai dernier. Not Your Kind Of People a été enregistré en Californie de façon totalement indépendante. C’est un album se devant d’être écouté de façon attentive. Il regorge d’éléments intéressants. Mais ils ne sont pas forcément évidents dès la première écoute. Butch Vig (Nirvana, Smashing Pumpkins, Foo Fighters) est toujours là à la production, ainsi qu’à la batterie. L’ambiance globale de l’opus a donc gardé une touche grunge.
‘’Automatic System Habit’’ propose dès le début un son électro-rock et tourbillonnant. On reconnait tout de suite la voix grave et sexy de Shirley Manson. Voix pétillante d’énergie. Le morceau est très efficace. Bon choix pour lancer l’album. Il donne envie d’écouter le reste. On y est entraîné malgré nous. Un des meilleurs morceaux de l’opus.
Malheureusement on déchante juste après. Le tempo de ‘’Big Bright World’’ est intéressant au début. Mais le reste de la chanson se traine. Comme si la voix de Shirley voulait nous tirer à sa suite. Mais avec difficulté. Elle manque de dynamisme. L’instru s’envolant avec légèreté remonte un peu le niveau. Mais pas assez pour en faire un bon morceau. On se rattrape avec le groovy ‘’Blood For Poppies’’. Premier single issu de l’album. Un riff de guitare grunge. Une voix captivante. On peut dire que c’est le meilleur morceau. On enchaîne avec ‘’Control’’. La voix intense de Shirley modifiée par quelques effets laisse deviner que cette chanson, chantée dans un stade, doit donner un effet grandiose et épique. L’harmonica a un côté ensorcelant.
‘’Not Your Kind of People’’ offre une superbe intro avec un riff de guitare nonchalant façon delta rock des seventies. Ce « We are not your kind of people » est chanté avec une mélodie rappelant ‘’Reason To Believe’’ de Sum 41 (présent sur Screaming Bloody Murder, dernier bébé des punk-rockeurs). Mais dans une version soft et apaisée. C’est un moment musical magnifique. Plein d’émotion. Langoureux.
Pour les personnes ayant regardé en boucle l’entrée d’Indochine sur scène dans le DVD Putain de Stade, l’intro de ‘’Felt’’ vous semblera familière. La voix est un peu trop trafiquée. Elle paraît fausse. Loin de nous. Dommage. Car la cadence est plutôt vigoureuse. Plus vigoureuse encore sur ‘’I Hate Love’’. Avec un début très électro et rythmé. L’oreille est attirée immédiatement. Le type de son qui aurait pu être composé par Mike Shinoda pour un film dans le genre Transformers. Le morceau est électro-rock et vitaminé. A l’inverse, le chant de Shirley est calme et pop. Le contraste passe très bien. Mais le manque de rage dans la voix empêche d’en faire un morceau parfait.
On retrouve un voix à la fois vide et captivante sur ‘’Sugar’’. Pourtant, la piste paraît interminable. Elle laisse plutôt indifférent. Les Américains relèvent le niveau avec ‘’Battle In Me’’. L’album commence à arriver à la fin. Et on constate que le groupe est toujours en grande forme. Il y a encore beaucoup d’arrangements sur le son. Mais tout est bien orchestré. La guitare et la batterie sont lourdes et rock’n roll.
C’est le bon vieux Garbage qui renait sur ‘’Man On A Wire’’. Un son grunge nineties. C’est bon d’entendre des riffs de guitare d’aussi bonne qualité. D’aussi bon goût. Dommage que l’album se termine sur ‘’Beloved Freak’’. Morceau plat. Sans intérêt. Soporifique. C’est le morceau de trop.
Aucune piste ne ressort vraiment du lot. Oui, on pourrait faire un classement de la meilleure à la moins bonne. Mais il n’y a aucune tuerie. Aucune chanson n’a le potentiel de devenir un tube à l’image de ‘’Stupid Girl’’ ou ‘’I Think I’m Paranoid’’. L’album est plus grunge que son prédécesseur. Ce dernier était plus pop. Plus facile d’accès. Il est également moins noir. Plus léger au niveau de l’état d’esprit. On retrouve l’énergie que Shirley et compagnie délivraient à leurs débuts. Même si la voix de notre chanteuse manque parfois de présence et de puissance.
A l’image de la musique d’aujourd’hui, le son trafiqué est, à certains moments, trop superficiel. Pas assez naturel. Que ce soit au niveau de l’instru ou du chant. Ce dernier manque parfois d’authenticité. Mais dans l’ensemble, le tout est énergique. Digeste à l’oreille. C’est un retour plutôt réussi pour les Américains. Ce n’est jamais chose facile après un si long silence.
Le groupe n’a pas fait une copie de ce qu’il jouait avant. Il a innové. Sans prendre trop de risques non plus. Ce qui s’avère être peut-être une bonne chose. Car il y actuellement beaucoup trop de groupes qui évoluent en passant du côté obscure de la force. Not Your Kind Of People ne sera pas un des albums marquants de la décennie. On ne l’écoutera pas en boucle. Mais, on retrouve une bande-son saturée de guitares. Toujours la même voix nineties froide et sexy. Une musique futuriste mélangeant grunge, rock, électro. Tous ces ingrédients, c’est ce qu’on aime chez Garbage. C’est l’essentiel finalement.
