Fiona Apple – The Idler Wheel…


Fiona Apple

The Idler Wheel is Wiser than the Driver of the Screw
&
Whipping Cords will serve you more than Ropes will ever do.

Fiona Apple. Fiona Apple. Fiona Apple.
 

Si ce nom vous est étranger, retenez le bien désormais parce qu'il est plus simple à mémoriser que le titre du quatrième album de la belle dame, dont vous allez tomber littéralement amoureux à la seconde où vos chemins se croiseront. Pour ma part, je suis une inconditionnelle de cette Américaine de 34 ans au visage de poupée, aux yeux de louve et au physique frêle qui contraste avec sa voix de velours, tellement écorchée et puissante.

Je l'ai découverte étant adolescente à travers une phrase mise en relief dans un article d'un magazine rock où elle déclarait : « J'emmerde les gens du marketing ». Le genre de phrase qui ne vous laisse pas insensible.

Une véritable Rockeuse dans l'âme, poétesse de la musique, une diva. Quand vous rencontrez Fiona Apple c'est donc pour la vie, en ayant l'impression et l'envie d'avancer avec elle à travers ses épreuves. Une bombe d'émotions fortes, voilà ce qu'est Fiona Apple.

 


 

Tidal


Toute petite déjà, la belle apprend le piano et sa carrière débute avec son premier disque Tidal en 1996. Elle a à peine 19 ans. Avec son titre phare, « Criminal », elle décrochera le disque de platine trois fois. Dans le titre « Sullen Girl » elle dévoile alors son viol qu'elle a subi à l'âge de douze ans après la séparation de ses parents.
 

When the Pawn...


Poussée par le succès du premier album, elle sortira dans la foulée le disque intitulé :

When the Pawn Hits the Conflicts He Thinks Like a King / What He Knows Throws the Blows When He Goes to the Fight / And He'll Win the Whole Thing 'Fore He Enters the Ring / There's No Body to Batter When Your Mind is Your Might / So When You Go Solo, You Hold Your Own Hand / And Remember That Depth is the Greatest of Heights / And if You Know Where You Stand, Then You Know Where to Land / And if You Fall It Won't Matter, Cuz You'll Know That You're Right...

dont le titre comporte 95 mots ! et qui sera inscrit dans le Guiness Record Book. Elle trouve ça cool. 

Cet album, communément appelé When the Pawn... est, dit-on le meilleur, une véritable caverne d'Ali Baba pour tous les amateurs de voix chaudes, de Rock, de rythmiques incroyables, d'intensité inégalée à ce jour et surtout, d'un talent d'écriture qui éclate au grand jour. Son chant est incroyable, la rage qu'elle exprime à travers des sujets qui relèvent du Mythe comme la nature humaine et l'amour, parce que, dit-elle, «Je ne suis pas assez mature pour chanter sur des sujets comme la politique», l'album fait toutefois preuve d'une grande sagesse et fera, une fois de plus, l'effet d'une bombe aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en Europe.

Les amateurs de potins et d'anecdotes seront comblés d'apprendre que Marilyn Manson était éperdument amoureux de la belle à cette époque. Sachez aussi que si Fiona Apple a un physique frêle (surtout aujourd'hui elle paraît très amaigrie) et rentre souvent ses bottines en dedans, étant une grande timide ; ses mains sont très puissantes et elle tape sur le piano comme une forcenée. Elle libère alors un souffle brûlant et vigoureux en exprimant avec une voix très grave des mots et des idées extrêmement forts, se lâche complètement sur scène et met le public à genoux par sa simple présence. Ne vous attendez pas cependant à la voir souvent en Europe, parce qu'elle est terrorisée par à peu près tout, y compris l'avion. La seule date Française, c'était en 2006 aux Folies Bergères

 

Extraordinary Machine
 


Entourée de quelques musiciens en qui elle a entière confiance dont son frère, sa musique se compose essentiellement de son piano, d'une batterie et de quelques samples et instruments à vent et à bois. Et tandis que son précédent opus, Extraordinary Machine, que les fans se souviennent avoir attendu 6 ans (parce que vous l'aurez compris, Fiona est très instinctive dans l'écriture et se fiche du « star system » mais également parce que sa maison de disques, Sony Music, ayant perdu de sa confiance dans la « rentabilité » de l'artiste lui imposait d'écrire au fur et à mesure, conditions qu'un groupe de fans/manifestants a jugées inacceptables pour une artiste de telle envergure), bref, Extraordinary Machine qui a failli ne jamais voir le jour, était beaucoup plus « pop », coloré, presque optimiste et différent du style « Fiona Apple ». Toutefois sa qualité n'en était pas moindre, bien au contraire...

 


 

The Idler Wheel...


Après 7 ans d'attente et de supplice, Fiona Apple, que l'on savait heureuse avec son petit ami Jonatan Ames, un écrivain de talent, refait soudainement surface avec une nouvelle blessure,  amaigrie et enragée à la manière d'une femme et non plus d'une gamine. Leur séparation marquera une nouvelle étape dans l'écriture de Fiona qui devient plus épurée, plus poétique, un véritable retour aux sources, voire aux origines de la musique. 

Le 19 juin 2012 marque donc la sortie de The Idler Wheel is Wiser than the Driver of the Screw & WhippingCords will serve you more than Ropes will ever do chez Epic Records.

L'album The Idler Wheel... est donc à classer dans la poésie chantée et non dans le registre du Rock ou de la Pop traditionnels. La musique de Fiona flirte souvent avec le jazz, et ici particulièrement sur le titre « Hot Knife » où Fiona chante en décalé avec sa soeur dans un seul micro sur un léger fond de.. tambours. On touche à l'essence même de la musique, un minimalisme qui surprend dès la première écoute. Une seule écoute ne suffira pas à apprivoiser cet album magistral, et cette chanson totalement unique en particulier.

L'album évoque donc les relations humaines, tant vis-à-vis de son ex-boyfriend que des hommes en général, comme sur « Werewolf » où elle fait comprendre que pour être aimé il faut aussi « se rendre aimable ».

D'entrée de jeu, les puristes reconnaîtront une voix de Miss Apple quelque peu changée, marquée par les premiers signes de l'âge, mais Fiona se vante de ne jamais modifier sa voix en aucune sorte lors de l'enregistrement des albums. Cette bouche aime toujours autant jouer avec les sonorités et les mots avec une précision comme sur le titre « Daredevil ». En effet, le talent d'écriture de Fiona lui a permis de mettre en relief un passage (presque craché par l'artiste) dans un morceau relativement calme et toujours avec cette naïveté, ce sens de l'humour attendrissants ....

« Seek me out”¨
Look at, look at, look at, look at meӬ
I'm all the fishes in the sea ! »

 

Fiona veut s'affirmer, être remarquée et libérée de cet homme qui l'a quittée pour une autre. Ne comprenant pas cette décision, Fiona dédicace à son ex-boyfriend le titre « Jonathan ». « Et ça me fait chier » - dit-elle, « parce que nous sommes toujours amis et je lui devais cette chanson ». Ainsi « Jonathan » se dénote par sa musique également minimaliste (ici ce sont des machines à vapeur mais en vérité tout l'album regorge de sonorités « steampunk ») et un duo piano/voix presque Hitchcockiens, à vous donner des frissons. Fiona raconte en quelques mots le voyage vers Coney Island où apparemment Jonathan emmène toutes ses petites copines et lui rend la pareille avec son « petit poing » caressant sa poitrine :

« Jonathan, call again
Take me to Coney Island
Take me on a train
(...)
Just tollerate my little fist
tugging on your forrest chest
(...)
You'd like to captain a capsized ship
but I like watching you live »


Lorsque ce petit caractère bien trempé explose, ça donne un volcan d'immondice enrouée comme sur le titre « Regrets » où la voix de Fiona rejoint presque celle d'un Tom Waits. Le genre d'artistes qui ne se prévalent d'aucun glamour lorsqu'il s'agit d'émotions fortes.

« Valentine » marque un pas de plus dans le désespoir et entre en véritable compétition avec ce que je pensais être la plus belle ballade de Fiona Apple, « I know » qui vous laissait déjà en larmes. Celle-ci est tout autant frappante, au rythme des coups de coeur que l'on peut y entendre, du grand Fiona Apple.

Tous les titres ne sont pas noirs et certains se rapprochent des sonorités "Pop" que l'on pouvait entendre sur l'excellent opus Extraordinary Machine, comme le titre introductif « Every Single Night » qui a donné lieu à une vidéo que voici :

 

C'est aussi le cas du merveilleux « Anything we want », tribute à une nouvelle vie qui commence ainsi que d'un « Hot Knife » où Fiona exprime sa féminité et ses désirs primaires dans ce titre jazz aux sonorités africaines où elle se compare à du beurre et l'homme dont elle parle serait un couteau brûlant, ou vice versa. Cette fois, elle est sûre de sa féminité, de son pouvoir de séduction et le clame haut et fort de sa voix, qui, elle, ne l'abandonne jamais.

Dépêchez-vous... votre disquaire a peut être encore dans son stock la version booklet du CD incluant l'album avec un titre exclusif, « Largo », une vidéo de concert, les croquis de Fiona, quelques photos d'enfance et cartes postales.

 

Katarz

 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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