Nostalgique sans tomber dans le pathétique, sombre sans pour autant se répandre en guitares larmoyants. Un juste milieu entre les très démonstratifs Muse et les plus minimalistes Radiohead. Voilà ce que nous propose les rennais de LYS, avec leur premier album Go Your Own Way. Repéré en 2008 par Olivier Lude, le réalisateur et ingénieur du son de M, et soutenus par la participation d'une centaine d'internautes sur la production de leur premier single «In My Mind», puis par Warner Music, le quatuor est en passe de devenir l'un des groupes de rock les plus importants en France, du moins si l'on en croit Steve Hewitt, le batteur de Placebo. Qui, en plus de les avoir invité sur l'une de ses première partie, à également produit leur opus aux côtés de Paul Corkett, notamment connu pour avoir déjà produit des groupes tel que The Cure, Björk, mais aussi....Placebo ! Lauréats du concours «Concerts Sauvages» organisé par Warner Music en 2011, soutenus par un monstre du rock, par la plate forme SFR jeunes talents (et même par la marque de vêtement IKKS), tout sourit à LYS depuis leurs débuts en 2007. Et à l'écoute de la galette, on comprend cet engouement.
En effet, même si on peut être effrayé par l'aspect déprimant et commercial qui en émane, cette sensation disparaît bien vite au fur et à mesure que les pistes s'égrènent. Chaque morceau est une bonne chanson en lui-même, plein de justesse et millimétré, grâce aux deux géants qui ont produit l'album. Une tendance nostalgique certes, mais n'y voyez pas pour autant une heure de cris dépressifs et d'ambiances lourdes. Car LYS sait aussi diversifier sa musique, passant de morceaux plus pop («Look In Your Eyes») à des tracks plutôt électro («Insane»), sans oublier des ballades torturées comme «Wide Awake» avec son introduction enfantine, ou «New way Home » à la voix fragile, sur le point de se briser, qu'on écoutera le front collé contre une vitre en regardant le paysage défiler, ou encore des pistes plus futuristes comme «Up to The Cloud», qui entretient d'ailleurs une légère ressemblance avec 30 Second To Mars. On trouve toujours ce petit quelque chose de surprenant à chaque coin de chanson, comme l'effet écho sur «Look In Your Eyes », ou l'ambiance fête de Noël dans «Wide Awake», qui contraste avec des paroles pas vraiment gaies.
Lourd et triste sans tomber dans le superflu, parfait pour éponger un chagrin d'amour c'est vrai, sans pour autant tomber dans le cliché ou l'ennui. Pour nous le rappeler, «This Morning », qui sonne comme un second souffle, apportant une note de fraîcheur, de légèreté. Car après «So Nice», un petit bijou qui prend au ventre grâce à son alternance entre calme et tempête, à sa voix grinçante, aux paroles amoureuses et aux gros riffs, l'ambiance était redevenue quelque peu mélancolique.
Mention spéciale à «Falling Appart», une version live acoustique pleine de tension et sombre, qui par l'authenticité de l'acoustique se démarque des autres pistes. Naturel, sombre, mais aussi dansant lors d'envolées à la gratte, ce morceau montre encore une fois la polyvalence dont le groupe est capable. Contrairement à «You Make Me Feel », qui sonne comme une note de fin décevante, trop répétitive et sans piquant. La répétition, qui paradoxalement est l'un des défauts présent sur de nombreuses pistes.
Au final, un premier album prometteur, réalisé par un groupe qui s'inscrit dans la tendance du moment, influencé par des groupes à succès actuels comme les Tricky ou Placebo sans pour autant perdre son identité musicale. S'il ne décroche pas encore complètement la timbale, l'expérience aidant, il faudra surveiller Lys de près à l'avenir !