On pourrait reprocher aux Fatals Picards de tourner en rond, de se reposer sur leur rock efficace et leurs mauvais jeux de mots et de ne plus être capable de faire rire du tout à force de vouloir rire de tout…Mais qui voudrait que cette joyeuse ronde s'arrête, hein ? Et si les Fatals Picards sortaient de cette spirale de rock aussi brut que drôle, un brin engagé, un poil à gauche et profondément absurde pour se consacrer à une musique sérieuse, certes plus diversifiée mais sans la moindre allusion à Bernard Lavilliers, les aimerions-nous toujours autant ? Si la réponse ne s'impose pas d'elle même dans votre esprit, Septième Ciel, le... septième album des parisiens (!) éclairera certainement votre lanterne. Car il s'avère à la hauteur.
Tout d’abord il faut savoir que cet énième opus a été cette fois-ci autoproduit suite à un besoin de plus de liberté du groupe (voir interview des Fatals ici). Une indépendance qui prouve que les quatre compères n’ont pas peur de prendre des risques et de quitter une situation confortable pour rester fidèles à leurs envies.
Ensuite, il faut écouter le surprenant « Robert », à l’instrumental mélancolique digne des plus grandes ballades mais surtout doté d’un refrain qui prend étrangement au ventre, et de paroles qui certes font toujours sourire mais tout en retenue, le sujet de l’alcoolisme semblant presque traité avec sérieux. Un peu à la manière de « Tonton », ce morceau montrera aux plus hostiles que les Fatals peuvent encore surprendre par une pincée de sérieux.
Seulement, même si elle attise notre curiosité, cette piste plombe légèrement l’ambiance, surtout placé derrière « Gros Con », un peu facile et grossière (néanmoins pas si fausse), touchant au thème des femmes battues et créant une rupture avec l’énergique et osée « Atomic Twist », également taillé pour le live mais aux paroles qui auraient cette fois mérité d'être un plus recherchées.
On ne peut pas dire qu’on se tort de rire jusque-là donc, mais s’avance alors l’excellent « Punk Au Lichtenstein », une tornade de questions absurdement tordantes sur un rock péchu avec une ambiance un brin métal (ironie ?) qui change la donne. Puis les loustiques nous régalent à nouveau d’un brin de reggae rockifié pour une (plus ou moins) jolie histoire d’amour et un refrain particulièrement efficace sur l’ensoleillé « De l’Amour A Revendre ». Toujours dans la chanson diablement entraînante parsemée de diversité s’avance « Manouches » aux influences bien évidemment tziganes, mais aussi un titre engagé ironiquement et aux phrases assassines (« Tous les chemins mènent au Roms »).
« Ernestine » prend ensuite soin de relancer la machine avec un rock enervé faisant la part belle aux guitares mais se présente aussi comme le morceau que l’on ne comprend pas vraiment : réelle histoire d’un râteau ou moquerie ? Même si l’on se doute bien que les Fatals n’ont pas viré Mademoiselle K…
Heureusement, « PPDE », petit poisson d’élevage, renoue avec l’absurde et les jeux de mots délicieusement débiles (« l’eau limpide de Marseille ») sur des guitares toujours survoltées avant que les quatre énergumènes se fassent plus musette pour nous conter la nostalgique mais plaisante musicalement retraire d’ « Hortense », néanmoins amèrement réaliste. Puis les Fatals nous prennent à contrepied sur cette surprenante reprise de notre Lady Gaga nationale, Mylène Farmer. Surtout lorsque l’on sait que ce n’est ni un hommage ni une parodie mais juste un besoin d’une chanson à l’honneur du sexe masculin pour le live. Cette reprise n’en reste pas moins réussies et appréciable puisque fortement rockifiée.
Diablement énervé ? C’est également le cas du très hard rock « Pogo d’Amour » qui promet de secouer les foules. Enfin, la galette s’achève dans la bonne humeur, musicalement parlant en tout cas, avec « Dimanche Au Soleil », faisant tout comme « De L’Amour à Revendre » un tout petit peu penser à Tryo, groupe auquel les Fatals ont déjà fait quelques clins d’œil.
Encore une fois donc, les Fatals Picards dépeignent certains des défauts et abus de la société en faisant avaler la pilule grâce à l’humour et la dérision, reste à savoir si l’on adhère ou non. On remarquera cependant que la longueur des pistes s’est réduite (fainéantise ?), mais que ce nouvel album contient pas mal de morceaux qui, si on leurs laisse du temps et des concerts, pourraient devenir de futurs classiques du groupe, tel que « Retour à la Terre ».
Tracklist
Atomic Twist
Gros Con
Robert
Punks au Lichtenstein
De L'Amour A Revendre
Manouches
Ernestine
PPDE
Hortense
Sans Contrefaçon
Pogo D'Amour
Dimanche Au Soleil
Bonne écoute !