Chatterbox, le dernier album de Sidilarsen, paraît ce lundi 27 janvier.
Sidilarsen, c’est un groupe à part dans le paysage metal français. Tant et si bien que l’on a choisi de les chroniquer, ici, sur l’Antenne Rock. C’est le nu-metal qui caractérise leur univers. Autrement dit, c’est une fusion des genres : metal et big beat pour l'ossature, rock, indus et hip-hop qui se côtoient… et tout cela fait très bon ménage.
Cette dernière production continue de nous ravir. Le dosage dans les genres musicaux diffère quelque peu du climat général de Machine Rouge (2011). Ici c’est l’expression 100 % rock et son cousinage metal (très métal), hard-rock, grunge qui sont à l’honneur. L’écrin electro s’offre en une parure sophistiquée.
Du rock chanté intégralement en français. J’en connais plus d’un pour qui c’est rédhibitoire ! Et bien, David Cancel (Didou) et Benjamin Bury (Viber), à l’écriture, maîtrisent l’exercice comme si c’était une seconde nature. C’est de la belle langue qui se donne à nous, qui sonne, qui claque, et cerise sur le gâteau, qui véhicule du sens.
Les auteurs s’emploient à l’usage de textes engagés qui appellent à la conscience sociale, à la vigilance et qui dépeignent une vision du monde humaniste.
Sur le disque, Didou et Viber chantent, rappent, scandent ou hurlent les mots qui viennent se fondre dans leur musique.
"Comme on Vibre" le single paru en décembre, avait permis de lever quelque peu le voile sur l’album. Or le morceau, une efficace tuerie dance metal à la métaphore éloquente, n’est pas représentatif de l’ensemble. Il en est la porte d’entrée, le tube des dance floor grand public.
Laissant le "dance-floor intégral" de côté on aborde les titres à dominantes rock. "Matière première" propulse ses guitares assénées que Noir Désir ne renieraient pas. La filiation avec Trust (80's), autres temps mêmes combats, vient aussi à l'esprit.
"Nos anciens" a l’étrangeté d’une mélopée rock chantée en rap dont la facette electro joyeuse évoque l’univers de William Orbit. Ses paroles sont à mi-chemin entre l’image symbolique et le discours clairement énoncé.
La transe rock "Un écho", déçoit un peu parce que la déferlante de guitares saturées en ouverture (et le bon gros son qui va avec) est atténuée par la voix du chanteur. Faible en puissance elle en fait retomber la force.
Sidilarsen qui aime toujours les climats mélangés présente les 3 titres les plus particuliers avec "On en veut encore", mélodie aux accents orientaux jouxtant le rap et s’accompagnant de punk et de métal. "Hermanos" nous dépayse dans le rock blues texan façon ZZ Top, un son slidé et bien gras poursuivi d’univers electro-indus, assorti des injonctions rocailleuses du chanteur !
La nébuleuse "Des milliards" déroule son obsédant leitmotiv mi-rock, mi-prog sur 18 minutes ! La chanson qui clôture l’album en est la séquence émotion.
Il s’agit d’une chanson militante qui appelle à un sursaut citoyen et universel à ne pas se laisser enfermer dans une gangue sociale méprisée. Je vous laisse découvrir le casting des voix, interlopes !
Evidemment Chatterbox ouvre aussi les vannes sur le metal, voire le très-metal.
Transe encore avec "Le prix du sang", c’est une lame de fond qui démarre bien soft, mais ça ne dure jamais longtemps chez Sidilarsen ! Batterie qui tape dur toujours imparable. Les guitares agressives ne sont pas sans rappeler Led Zeppelin ou encore Rammstein dont ils revendiquent les influences.
La force de frappe et la constance de Samuel relayées par les machines constituent la charpente jamais trop mise en évidence. On en est même surpris pour ce style de musique.
Sentiment d’urgence (texte et musique) rendu avec le superbement combiné metal, grunge et big beat "Unanimes" ainsi que "L'ivresse des maudits" au texte angoissé et métaphorique.
"Si près de la flamme" dans le registre hard-rock-metal apporte une touche plus personnelle. "De Toulouse à Paname… ", c’est une tranche de vie du groupe qui nous est racontée. Présentée à l’instar d’une note d’intention, les Toulousains prennent plaisir à nous faire part de leur expérience des concerts, des tournées, de la relation qu’ils cultivent avec le public.
On se surprend à ressentir de l’émotion à l’écoute de plusieurs des morceaux. Le texte authentique joue son rôle assurément, où l’empathie envers ceux à qui il est destiné (c’est vous, c’est moi…) est évidente. Il y a aussi le savant assemblage des sonorités électro, qui va titiller nos sensibilités dans la transe, associé au son brut et direct du rock et du metal, qui lui, va scruter dans nos ressentis les plus immédiats.
Saluons au passage l’homme aux manettes du son, du mix et des arrangements dont le travail d’orfèvre conduit aussi à cette réussite.
Chatterbox nous offre un éventail musical brut et sophistiqué à la fois qui ne souffre pas de la diversité. L’unité est donnée par les doses variables d’electro qui sont administrées. L’énergie rock est bien là.
Oh, il y aurait bien une petite faiblesse à regretter sur certains vocaux, où la puissance n’est pas au rendez-vous… mais juste le temps de l’évoquer, je l’ai déjà oubliée.
Je préfère souligner qu’il y une chose que les Sidilarsen ne savent pas faire c’est avoir la langue dans leur poche !
Les Toulousains ont fondé un grand groupe musical qui a des choses à dire et à nous faire écouter. De la façon dont ils s’y prennent, nous on aime bien ça !
La formation : David Cancel (Didou) chant - Benjamin Bury (Viber) chant - guitare - Benjamin Lartigue (Benben) guitare - Julien Soula (Fryzzzer) basse - Samuel Cancel (Samuel) batterie et machines
TRACK-LIST
- Comme on vibre
- Matière première
- Unanimes
- Hermanos
- Le prix du sang
- Nos anciens
- On en veut encore (feat. Bera)
- L’ivresse des maudits
- Un écho
- Si près de la flamme
- Des milliards
Sortie prévue : 27 janv. 2014
NEW TRACK MUSIC / MUSICAST
L'agenda des concerts de Sidilarsen en 2014
33 - Bordeaux. Rock School Barbey - 13/03
19 - Tulle. Des Lendemains Qui Chantent - 15/03
82 - Montauban. Rio Grande - 21/03
32 - Auch. Le Cri’art - 28/03
71 - Mâcon. Cave A Musique - 29/03
77 - Savigny le Temple. L’empreinte - 11/04
29 - Brest. Cabaret Vauban - 25/04
16 - Cognac. Les Anciens Abattoirs - 30/04