Mac Demarco est un garçon qui a de l'humour et il ne manque pas de le souligner en sortant son nouvel album un premier avril. Poissons et autres blagues vaseuses mises à part, on ne cache pas notre joie de retrouver celui qui nous en avait mis plein les oreilles avec ses deux précédentes productions, à savoir "Rock N Roll Night Club" et "2".
Cette fois plus inspiré pour son titre et nous évitant ainsi un 3 tout à fait Led Zepplinien, Mac Demarco déboule toute en décontraction avec son "Salad Days". Et il avait su nous faire saliver le bougre, ne sortant plus un album tous les six mois (tout en égrenant de nouvelles compos au fil de ses concerts) et postant un premier single fort alléchant, "Passing Out Pieces". C'est d'ailleurs avec ce morceau qu'on remarque une envie d'évoluer et de proposer une musique un peu différente (comprendre plus psyché et avec du synthé). Un peu seulement, car si des titres comme "Chamber of Reflection" et "Jonny's Odyssey" s'inscrivent dans la droite lignée de ce premier single, le reste de l' opus est plus à l'image de ce que à quoi notre canadien préféré nous avait habitué.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi les épisodes précédents, rappelons que Demarco, s'il n'est pas le musicien le plus original du monde, a su créer au fil de ses albums un son bien à lui, se situant quelques part entre de la pop décontractée et du rock cartoonesque. Cette apparente coolitude n'en est pas moins trompeuse car le père Mac sait ce qu'il fait. Chaque chanson fait montre d'un vraie science de la composition. Ainsi, la majorité des titres étant composé la plupart du temps par le sempiternel couplet/refrain/couplet/refrain sont bien accrocheurs sans être pour autant mélodiquement évidents. Et c'est là qu'on se laisse prendre au piège.
"Salad Days" ne déroge pas à la règle et s'avère être un disque tout aussi plaisant que ses prédécesseurs, nous gratifiant une nouvelle fois de plusieurs perles pop telles que "Salad Days", "Passing Out Pieces", "Let My Baby Stay" ou bien encore "Blue Boy". On ne pourra que regretter qu'il ne s'agisse pas encore de la pièce maîtresse de Demarco, pour peu qu'il puisse un jour y en avoir une. Effectivement, ce genre de musique, aussi jouissive soit-elle, n'ira jamais vraiment s'aventurer vers les hauteurs pour tenter de tutoyer les dieux. Et franchement, tant mieux !
Si le sieur Mac se révèle être plus un artisan qu'un artiste, on peut dire alors qu'il est un véritable orfèvre, et le mot n'est pas trop fort. Il est tout à fait agréable de sentir à travers le disque ce fragile équilibre entre sérieux et amusement. En plus d'être un bon compositeur, notre bonhomme sait faire sérieusement quelque chose qui ne l'est absolument pas; à moins que ce ne soit l'inverse ? En résumé, pour peu que vous soyez bien accroché à cet univers; ce "Salad Days" est un parfait prolongement d'une discographie qui, si elle manque encore de génie, n'en reste pas moins à ce jour un sans faute.
