Pour les fans des Pixies, l’annonce d’un nouvel album 23 ans après Trompe Le Monde a fait l’effet d’une bombe. Depuis 2004, les reformations se succèdent sans réel succès et surtout sans rien de nouveau à proposer. Début 2013, Kim Deal, la bassiste a jeté l’éponge. La raison reste encore floue. Gageons que les royalties générées par son autre groupe les Breeders et leur hit "Canonball" suffisent à lui assurer des revenus conséquent. Mais les Pixies ne lâchent pas l’affaire. Black Francis au chant, David Lovering à la batteuse et Joey Santiago à la gratte s’attachent les services de Kim Shattuck, garage girl officiant dans les années 80 dans les Pandoras puis avec les Muffs dans les 90’s. L’affaire dure quelques mois, le temps d’enregistrer quelques EP sobrement intitulés EP1, EP2 et… EP3… Un petit tour et puis s’en va, Kim Shattuck tire sa révérence et, pour une tournée accompagnant la sortie du nouvel album qui n’est autre que l’assemblage des trois EP, c’est Paz Lenchantin (ex-Melissa Auf Der Maur, ex-Billy Corgan) qui s’y colle. Que peut-on attendre donc de ce cinquième album, Indie Cindy ?
La réponse est : « du bon, mais aussi du moins bon ». Coté réussite, d’entrée, on ouvre poilu avec “What Goes Boom”. On s’égosille, on s’époumone pour nous montrer qu’on a encore de beaux restes. C’est plutôt bon signe. La guitare couine. On a envie d’oublier le départ de Kim Deal pour écouter ce que ces Pixies version 2014 ont dans le ventre. La voix de Monsieur Black est toujours au rendez-vous et tout le monde semble bien s’amuser.
On retrouve cette ambiance sur "Jaime Bravo" où la guitare cisaille. Françis est puissant et les chœurs donnent une profondeur au morceau. On tient là enfin notre hit "pixien" par excellence. Dommage qu’on doive attendre le dernier morceau pour enfin trouver un autre brulot de Pixies pur jus. Car entre ces deux morceaux, c’est parfois moins intéressant.
Rayon gros rock à patate, on trouve quand même "Blue Eyed Hexe" qui comporte tous les ingrédients pour faire un bon morceau des Pixies. Black Françis y retrouve un peu de la verve des grands classique. "Another Toe In The Ocean" s’appuie sur de grosses guitares et devient un morceau rock puissant. Joey Santiago place de grosses giclées de fuzz qui s’avèrent payantes.
"Bagboy" et "Indie Cindy" sont des titres au chant à tendance rap sur une batterie moissonneuse batteuse. Le deuxième s’emballe un peu pour le refrain où la bassiste double la voix de Franck Black. La fin monte en puissance et on retrouve quelques vibrations des grandes heures des Pixies. Cool mais un peu trop policé… C’est du Pixies propre.. Certainement un peu trop…
Puis après on sombre un peu dans la facilité. Pas d’inédits par rapport aux trois EP, cela semble annonciateur d’une pénurie au niveau des compos. C’est pas bon signe. Avec des titres comme "Greens And Blues", les Pixies font du Pixies. Dans un registre soft Monsieur Black est à l’aise. Mais attention on attend un peu plus de patate chez cesgens là. "Magdalena 318" est dans l’esprit "Where Is My Mind". Une mélodie accrocheuse, une voie très easy listening et les Pixies nous livrent une nouvelle compo. Pas géniale mais elle tient la route.
Encore du mid tempo avec "Silver Snail" ou "Andro Queen". Il est difficile de trouver une originalité dans ces morceaux mais ils n’en restent pas moins des titres très corrects. Mais avec ce qu’on produit les Pixies par le passé, on se sent obligé de comparer et on lâchera quelques « c’était mieux avant » à l’écoute de cet album.
"Ring The Bell" se pose comme un single pop en puissance, simple, accrocheur. Un titre qui va faire bouger les foules en concert à n’en point douter. Mais ça sonne quand même très pop et on s’éloigne du registre Pixies original. "Snakes" lorgne lui aussi fortement coté pop et on pourrait croire à un inédit de U2 un peu musclé. Toujours pareil, c’est très bien fait. Après, on s’éloigne certainement de l’esprit déglingué des Pixies d’il y a 20 ans. A leur décharge, il est certainement plus facile de faire du U2 à cinquante balais que du Pixies au même âge.
Indie Cindy marque donc le retour aux affaires du combo de Frank Black. Retour plutôt réussi d’autant qu’il s’accompagne d’une tournée où les vieux hits sont à l’honneur. Au final, Indie Cindy n’est pas un album génial des Pixies mais c’est un album plus que correct de rock indé. On retrouve l’âme des Pixies dans bon nombre de ses morceaux mais il manque la touche de génie qui les ferait passer au rang de tubes incontournables. On ne peut pas demander aux Pixies d’être ce qu’ils étaient il y a 20 ans. Le départ de Kim Deal, pionnière du groupe à la basse et aux chœurs n’a pas été facile à digérer.
Donc pour les fans vous trouverez dans cet Indie Cindy de bonnes raisons de vous réjouir et certainement d’aller voir votre groupe live. Pour les nouveaux auditeurs, penchez-vous plutôt sur Surfer Rosa et Doolittle et vous prendrez une sacrée claque...
NOTE REELLE : 6,5