Linkin Park revient avec son sixième album studio, prônant un retour aux sources de Hybrid Theory. Une promesse que les fans n'espéraient plus. Peut-être à raison, tant le groupe peine à sortir de ses conventions, malgré l'effort d'avoir quitté l'autoroute du pop-rock-electro. L'album garantit tout de même des surprises, notamment grâces à ses invités de marque : Page Hamilton de Helmet, Daron Malakian de System Of A Down, et Tom Morello de Rage Against The Machine.
L'album n'est même pas sorti qu'on compte déjà six singles diffusés, soit la moitié du disque. Le premier, "Guilty All The same", avait annoncé la couleur dès le mois de mars : cette fois, on la joue à l'ancienne. Selon les membres du groupe, nous voici devant un album à la texture "différente et non-conventionnelle", "vraiment heavy", voire même "carnivore". Un revival de Hybrid Theory, en somme.
Le début de l'album semble tenir ses promesses. Les riffs de guitares saccadés s'enchaînent, la batterie n'hésite pas à dérouler un rythme post-punk. Sur "Keys To The Kingdom", Chester et Mike se déchaînent, mais le titre n'a rien pour rester dans les mémoires, à part un outro bien bourrin mais gâché par des "oh-oh" qui décribilisent toute la démarche. La recherche de spontanéité est bien souvent gâchée par des artifices qui sonnent faux. En témoignent les "You say !" à la fin des rimes de "All For Nothing", les "1,2…1-2-3-4!" qui lancent "War", le titre punk de l'album.
Au fur et à mesure de l'album, on a l'impression que pour Linkin Park, un "retour aux sources" signifie donner des vacances à Mr Hahn (clavériste, qui s'était un peu emporté sur Living Things), et faire la part belle aux riffs de guitares heavy. Sur ce point, mention à "Rebellion", qui bénéficie de la patte du mythtique Daron Malakian, guitariste de System of A Down. On apprécie également la prise de position dans les mélodies acérées de "Mark The Grave", "Wastelands" et "A Line In The Sand".
Ces derniers temps, les titres de Linkin Park étaient devenus des blockbusters américains. C'est-à-dire une superproduction qui en jette, mais à la trame tellement prévisible. On avait du mal à se défaire des intros sans surprise, du pont reprenant le refrain en plus doux, des double-refrains en outro… Finalement, on retrouve à nouveau tous ces éléments dans "Wastelands", "Final masquerade" ou encore "Until It's Gone". Disséminés dans le disque, les "oh-oh" à tout va, les choeurs et les mélodies vocales qu'on a l'impression d'avoir entendu 100 fois ces dernières années rendent The Hunting Party un peu fade.
"Until It's Gone" est par exemple une ballade heavy assez caractéristique des derniers albums. Pêle-mêle, c'est un mélange des récents "Burn It Down", "Lost In The Echo" ou "In My Remains". Idem pour "Final Masquerade", qui se veut émouvante mais rate son objectif tant elle semble recyclée.
A force de vouloir en mettre plein la vue, on se surprend à admirer le modeste instrumental "Drawbar", au très bel arpège signé Tom Morello, simplement accompagné d'une batterie et suivi d'un piano.
Par inadvertance, mon player a joué "With You" juste après la fin de l'album. J'ai laissé dérouler les autres "Points of Authority" et "A Place For My Head" du premier album, comme un vieil aigri. Comme le disait le poète dans "Lying From You" : "No, no turning back now".
Tracklist :
1- Keys To The Kingdom
2- All For Nothing (Feat. Page Hamilton)
3- Guilty All The Same (Feat. Rakim)
4- The Summoning
5- War
6- Wastelands
7- Until It's Gone
8- Rebellion (Feat. Daron Malakian)
9- Mark The Graves
10- Drawbar (Feat. Tom Morello)
11- Final Masquerade
12- A Line In The Sand