Retour quasi inespéré depuis le temps de l'un des groupes de rock les plus talentueux de notre scène nationale. Dry Can avait déjà frappé fort avec son premier Maxi et des titres comme "Wherever I Stand" et "Wild". Le groupe nous avait également fait le plaisir d'un gros boeuf mémorable au cours duquel ils avaient interprété des versions acoustiques de toute beauté. Et puis pour diverses raisons, le quatuor a décidé de faire un petit break, notamment pour prendre du recul et réfléchir un peu à la direction qu'il souhaitait emprunter. Il aura fallu prendre son mal en patience, mais les musiciens n'avaient pas disparu, puisqu'ils sont désormais bien de retour avec leur premier album long format, Meanwhile.
Les questions sont nombreuses : musicalement, ça a changé ? Changé comment ? C'est toujours bien ? Réponse tois fois positive. Le groupe a eu 1000 fois raison de ne pas chercher à aller trop vite en besogne et sortir un premier album inabouti. Car Dry Can a ainsi fait l'effort de se concentrer sur son identité profonde, sur sa musique, afin de bien s'assurer que tous les titres seraient bons, que l'album serait un tout fort. Non pas que cette nouvelle livraison soit homogène et plate comme un trajet Bruxelles-Amsterdam, mais le niveau qualitatif moyen se situe bien plus haut qu'auparavant.
Dry Can propose toujours un rock influencé Grunge, mais si "Path", titre énergique qui nous permet de constater avec plaisir que la complicité vocale entre Anne et Antoine (et leurs maîtrise impeccable de leurs chants respectifs) est toujours bien présente, prend plaisir à nous rappeler ces origines, le groupe ne se limite plus à cet horizon qui s'inscrit désormais au sein d'une palette bien plus large. Si le quatuor se garde la possibilité d'appuyer sur l'accélérateur et jeter un coup d'oeil aux années 1990 de temps à autres, comme sur "Sort of", il n'hésite pas non plus à s'éloigner de sa zone de confort. De magnifiques chansons comme "Aside" ou "Something Beautiful" sont là pour en témoigner : en prenant le temps de partir à la découverte de lui-même, Dry Can a gagné en confiance et a passé un cap important, sans se faire violence (impossible de ne pas reconnaître leur patte), et en construisant sur ce qu'il sait déjà faire (le travail sur les arrangements est une fois de plus impressionnant, et quel son !).
Dès lors, difficile de qualifier cet album autrement que comme du rock, au sens large, sans chichis, sans désir d'épater la galerie non plus, la force des compositions et leur agencement impeccable se suffisant à eux-mêmes. L'album dégage avant tout une impression de sérénité, de force tranquille. Après cinq premiers titres déjà très riches, deux petits intermèdes sortis de nulle part sont là pour confirmer la tranquilité d'esprit qui règne au sein du groupe, et accessoirement faire office de transition idéale vers "Wasted", qui lorgne de nouveau vers les années 1990, avant les 1,47'' d'énergie pure de "Nu Start" qui font du bien par où elles passent et nous entraînent sur le bluesy "Blue Horizons". Attention, cette dernière partie de l'album est tout sauf du remplissage et ne doit pas être prise à la légère.
Entre moments d'émotion et passages plus costauds, ce dernier tiers montre que Meanwhile n'a pas encore révélé tout ce qu'il avait sous le coude. Solo de guitare endiablé sur "Tease", guitare acoustique et ambiance chaleureuse qui tend vers le Pearl Jam des grands jam sur "Away", rage et énergie sur "Part time job", avant que l'album ne se termine paisiblement sur le magnifique et poignant "Mad Aero". C'est là la force des très bons albums : parvenir à être variés sans être foutraques, parvenir à impressionner sans être prétentieux, parvenir à durer sans lasser. Meanwhile, c'est tout ça et plus encore.
â–º On peut écouter l'album par ici
