Moins de deux ans seulement après All We Know Is Falling, Paramore nous revient déjà avec Riot! son deuxième opus à l'aube de l'été 2007. Propulsé par le single "Misery Business", Riot! est à ce jour un album majeur du millénaire dans la sphère pop-rock ayant propulsé le combo en haut des charts pour de bon. Dix ans plus tad, qu'est-ce qui en a fait son succès planétaire ? Et surtout, que vaut vraiment cet album ?
C'est à la fin de l'hiver 2007 que je pose une oreille pour la première fois sur la musique de Paramore quand le combo de Nashville, Tennessee - fêtant tout juste sa majorité - est annoncé en première partie du groupe de metal américain Evanescence au Zénith de Paris (une salle qu'ils rempliront d'ailleurs en 2013 pour la tournée du quatrième album éponyme) pour la première des deux dates du combo de l'Arkansas. Fan devant l'éternel d'Amy Lee et sa troupe, c'est en partageant mon amour du groupe sur un forum de fan français que je découvre ce groupe emmené par un petit bout de femme aux cheveux oranges. Dix ans plus tard, mon amour pour Paramore est inconditionnel et Riot! est la pierre angulaire de cette relation.
Articulé autour du duo Hayley Williams (chant) et Josh Farro (guitares), la composition de cet album ne s'est pas faite sans heurts, notamment avec le départ de Hunter Lamb (guitare) mais aussi des tensions latentes entre la fratrie Farro et la fronwoman qui mèneront quelques mois plus tard à l'annulation d'une tournée européenne et au départ après la sortie de l'album suivant, Brand new eyes en 2009, des deux frangins. Composé lors des différentes tournées dont la première tournée en tant que tête d'affiche aux USA ou lors du Vans Warped Tour en 2006 ainsi qu'à la maison à Nashville, Riot! est un bon de géant en terme de mélodies, d'arrangements, de textes et de puissance dévastatrice par rapport à All We Know Is Falling. C'est aussi l'album qui a véritablement amené Paramore vers le devant de la scène en se vendant notamment à deux millions d'exemplaires aux USA et plus de trois cent mille au Royaume-Uni !
Porté par le single de choc "Misery Business", un véritable hymne pop-rock qui ne laisse personne indifférent dès la première écoute, Riot! est le genre d'album qui s'écoute d'une traite, que l'on adore tout de suite et qui au fur et à mesure des écoutes se révèle de par son incroyable richesse musicale. On reconnait d'ailleurs ici tout le talent de Josh Farro qui nous propose tout au long des onze morceaux de cet opus une variété de riffs et de mélodies qui tiennent l'épreuve du temps à la perfection. Ballades, mid-tempos, cavalcade classique du pop-rock/pop-punk, tout y passe.
Riot! s'ouvre avec le formidable "For A Pessimist, I'm Pretty Optimistic" qui déjà nous propose un son plus évolué que tout ce que nous offrait les précédentes compositions et un premier gimmick qui se retrouve distillé un peu partout sur l'album : cacher le riff de la lead guitar derrière la guitare rythmique et le duo basse/batterie de tel fait qu'il faut souvent tendre l'oreille pour le discerner. Ainsi, ce qui peut de prime abord passer pour une musique simpliste et peu étudiée se révèle être pleine de surprise. On retrouve ce gimmick sur de nombreux titres ("That's What You Get", "Hallelujah" ou "Born For This") et on se demande parfois pourquoi il est caché tant en faisant simple, Josh Farro arrive à nous transmettre un paquets d'émotions.
Paramore a réussi à trouver un équilibre dans la construction de l'album en grande partie grâce à une tracklist évitant de mettre tous les titres forts au début afin d'accrocher l'auditeur puis d'avoir une qualité qui décline au fur et à mesure des titres. Cela se résume de manière simple quand, au bout de trente-cinq minutes, débarque l'ultime titre "Born For This", qui en dehors des deux singles "Misery Business" et "CrushCrushCrush" est le morceau le plus puissant et le plus rock qui soit. De la même manière, les deux morceaux les plus lents que sont "When It Rains" et "We Are Broken" se retrouvent très bien entourés et plongent l'auditeur dans une expérience d'écoute différente.
"What a shame we all became such fragile broken things, a memory remains, just a tiny spark. I give it all my oxygen, to let the flames begin". Ce sont par ces mots que commencent ce qui restera comme le meilleur titre de cet opus et probablement de la carrière de Paramore : "Let The Flames Begin". L'intro se déroule autour des deux frangins Farro, Josh distille des riffs mélodieux pendant que son frangin Zac frappe ses fûts comme un forcené. Hayley Williams fait ensuite son apparition tout en émotion, des émotions qui ne nous lâcheront pas pendant les cent quatre vingt dix huit secondes du titre. Mais pour mieux comprendre l'impact de ce morceau, il est impossible de passer à côté des versions live. Tout d'abord celle datant de la tournée en support de l'album avec cet extrait pris lors du tournage du DVD The Final Riot! (agrémenté d'un outro) ainsi que celle-ci prise lors du BBC Radio 1's Big Weekend (agrémenté de deux outros). Impossible de ressortir indemne de ces deux prestations, impossible de ne pas comprendre la dimension que prend Paramore en concert.
Ce qu'il faut aussi comprendre quand on évoque Paramore et cet album en particulier c'est l'impact qu'il a eu et a encore sur notre génération. A l'heure actuelle, il est quasiment impossible pour un groupe ayant une chanteuse et faisant une musique se rapprochant du pop-rock/pop-punk d'échapper à la comparaison avec Hayley Williams et Paramore. C'est quasiment du sans précédent à l'heure actuelle et c'est signe de l'importance prise dans l'échiquier musical du combo de Nashville, peu de groupes pouvant se targuer d'avoir une telle influence sur une scène musicale en particulier.
Et justement à propos de Hayley Williams, la frontwoman est impressionante du début à la fin. Elle est capable de jouer sur tous les registres et sa voix possède un grain si reconnaissable, si unique que c'est la première chose qui me fit tomber amoureux de la musique du groupe. Capable d'aller chercher des aigüs (notamment sur les refrains) comme des parties graves (en grande partie sur les couplets ou les ponts), capable de dynamiter un titre avec son chant comme sur "Hallelujah" ou de jouer avec nos émotions ("We Are Broken"). Si les progrès de Josh Farro en terme de composition s'entendent rapidement, ceux de Hayley Williams au chant sont fulgurants. Alors que sur All We Know Is Falling, on sentait un potentiel mais un manque de maitrise ou de justesse par moment ici c'est un sans-faute réalisé. Une prestation incroyable pour un résultat magistral. Et à l'opposé de beaucoup de chanteur.euse.s, cette dernière est aussi impeccable sur scène, chapeau bas.
Riot! est donc l'album qui a propulsé Paramore parmi les plus hautes sphères du rock actuel et qui dix ans après sa sortie n'a pas pris une ride. En dix ans, la musique de Paramore a beaucoup évolué mais les souvenirs de ces premières écoutes à l'âge de quatorze ans ne quitteront jamais ma ma mémoire faisant de cet opus un incontournable de ma discographie. Dix ans après Riot!, Paramore s'apprête (normalement) à nous offrir son cinquième album composé encore une fois en duo mais cette fois-ci entre Hayley Williams et Taylor York (guitare). Dix ans après Riot!, j'attends avec impatience cette nouvelle sortie.