A l'occasion de la sortie du 2ème album de Fauve, Vieux Frères, partie II, le groupe nous a offert une interview téléphonique en plein démarrage de leur tournée qui commence par Paris, en écumant les salles telles que Le Nouveau Casino, La Gaîté Lyrique, Le Bataclan, L'Olympia, Le Trianon, La Flèche d'Or ou La Maroquinerie jusqu'à la fin du mois de mars.
Rappel : trouvez la chronique de ce nouvel album sur le webzine de La Grosse Radio.
Salut Fauve,
On avait très envie de parler de votre collectif, de votre musique, parce que votre démarche est très rock’n’roll, à savoir « faire les choses sans se demander pourquoi on les fait ni où ça va nous mener, mais juste y aller quoi »… C’est bien ça l’esprit de départ ?
Ouais, ouais ! En fait, on est comme tout le monde, on se pose des questions aussi, mais un des mots d’ordre c’est effectivement la spontanéité. Ca nous tient vachement à cœur de faire les choses comme on le sent et pas comme on nous dirait le faire.
Dans ce genre musical (le rock), quels sont les groupes que vous préférez ?
C’est difficile à dire parce qu’on est nombreux et qu’on écoute tous des choses très différentes. A vrai dire, aujourd’hui, on écoute plus du rap ou du hip-hop mais on a tous grandi avec du rock dans les années 90, donc on est vachement fans de rock aussi c’est vrai, on a commencé par là donc oui, on a des restes de ça. On est tous très fans, je pense, de Noir Désir, Radiohead, Nirvana… Voilà, rien de très pointu en la matière mais on écoutait aussi pas mal de punk-rock et de neo-métal quand on était ado, c’était la musique qui était un peu en vogue à ce moment-là…
Fauve c’est avant tout une bande de potes, comment vous êtes-vous rencontrés ?
On se connait tous depuis au moins une bonne dizaine d’années et il y en a certains qui se connaissent depuis plus longtemps et dont les parents étaient potes avant qu’on soit nés ! Donc depuis la naissance, d’autres depuis le primaire, le collège, la fac, etc…
Au départ vous avez écrit votre premier EP pour vous défouler, comme une catharsis, sans imaginer cet engouement de la presse et du public, quel regard vous avez aujourd’hui sur ce parcours inattendu ?
C’est toujours étonnant ! On n’a pas trop le temps de regarder en arrière depuis le début parce qu’on a pas mal enchaîné mais on a été ultra surpris dès le départ… Clairement, le but, c’était de faire les choses pour nous, on n’a jamais pensé à exposer le truc, on pensait que ça n’intéresserait personne. Et même avant qu’on sorte le premier EP, t’as des gens sur internet qui commençaient à commenter alors que tu ne les connais même pas ! On ne savait pas d’où ils venaient, ni comment ils tombaient dessus, donc peut-être le premier choc c’était ça. Après, le 2ème choc c’est sur le concert, il y avait beaucoup plus de monde que ce à quoi on s’attendait, c’était complètement absurde. Ces moments-là étaient déjà ultra bizarres et dingues ! Et c’est resté dans la continuité de ça, on n’a pas arrêté d’être surpris depuis ce moment-là. Encore hier soir, c’était la première date de la tournée et sur les nouveaux morceaux, les gens connaissaient les paroles par cœur, ça nous parait dingue sur certaines chansons qu’il y ait autant d’écho ! Donc ça continue en fait.
Et les textes justement, vous les bossez à plusieurs ?
En fait, il y en a un qui s’occupe de centraliser le boulot… Après ce n’est pas forcément écrit par cette personne-là mais il centralise et réécrit, puis après on en parle tous ensemble. Donc c’est assez collectif même si, comme pour tout ce qu’on fait dans Fauve, il y a une personne qui est en charge de ce truc.
Alors ce qui est drôle, c’est qu’on a l’impression que vous vous dévoilez quand-même beaucoup dans vos textes et inversement, là, tu n’as jamais cité un prénom, au même titre qu’on ne vous voit pas du tout dans vos vidéos ou photos, comment s’est fait ce choix ?
Le truc c’est que, quand tu écris des titres qui sont, comme tu disais, hyper transparents, c’est une mise à nu, et quand tu le mets sur internet, tu peux avoir des gens qui tombent dessus et tu n’as pas forcément envie d’être montré du doigt, il y a un besoin de pudeur, les textes en disent tellement que ce n’est pas la peine d’en rajouter. On ne voyait pas l’intérêt d’en montrer plus.
Après, s’il y a des gens qui veulent vraiment savoir, ils viennent en concert, ils posent des questions, on ne se cache pas non plus mais on veut juste rester discrets. Si on avait voulu avoir des photos de presse, les bras croisés, ça n’aurait aucun sens par rapport à ce qu’on fait. Qui peut écrire un truc comme ça et poser ensuite les bras croisés genre « ouais, c’est moi qui l’ai fait », tu vois… Ce serait de l’exhibitionnisme ! Et puis ça permet de bien mettre en avant que Fauve c’est un collectif, ce n’est pas 5 ou 6 personnes sur scène, c’est toute une nuée de gens autour et sans ces gens-là le projet n’existerait pas donc ça permet de le dire sans avoir à identifier les uns ou les autres. Si on avait commencé à dire « sur scène il y a machin, machin, machin et machin mais bon quand-même il y a d’autres gens dans le collectif », personne n’en aurait rien à foutre et on ne citerait que machin et machin… Là Fauve c’est une vingtaine, une trentaine de gens. C’est important pour nous que tout le monde l’ait bien compris.
Et donc aujourd’hui, c’est toujours le collectif qui s’autoproduit mais c’est tout de même distribué par Warner… C’est arrivé comment cette collaboration avec la 3ème Major mondiale ?
En fait, au début, on ne savait pas trop comment ça marchait, donc on s’est trouvé une usine pour fabriquer les disques, on les recevait chez nous et puis on a eu un mail de la Fnac qui nous demandait comment faire pour nous livrer, ils nous avaient donné une adresse et on prenait la bagnole de mon grand-père et on descendait les disques aux entrepôts de la Fnac. Ça sur Blizzard on l’a fait pendant 1 mois ½ mais honnêtement c’était l’enfer, on s’est fait défoncer par la Fnac qui était en rupture de stock, les gens ne pouvaient pas trouver les disques, ils pouvaient commander sur le site internet mais bon, beaucoup disaient « c’est con, j’aimerais bien le trouver dans mon magasin à côté de chez moi », c’était bordélique, on le faisait mal et puis c’était pas très marrant à faire. Au début oui, voir un entrepôt c’était marrant mais au bout de 4 fois c’est chiant. Après tu missionnes un transporteur et tu vérifies juste que la livraison est bien faite mais une fois sur trois, ce n’est pas le cas, le truc il revient chez toi, c’est l’enfer quoi ! Donc on s’est dit « ok, ça on ne sait pas le faire, il faut qu’on trouve une structure pour distribuer les disques », ce qu’on a fait sur Blizzard. Et comme ça marchait bien pour Fauve, on a eu des appels de maisons de disques… Au début on voulait signer et puis on s’est aperçu qu’on gérait bien nous-mêmes, à part la distrib, donc on voulait rester producteur et avoir juste une distribution mais ça, ça n’intéressait pas les maisons de disques. A part Warner qui nous a fait « ben ouais, si, nous on peut le faire, voilà les conditions ». Donc c’est grâce à eux que le disque est dans les bacs, on peut les trouver partout. A un moment donné, t’es un peu obligé de passer par une maison de disques pour faire ça, donc c’est cool qu’ils le fassent. C’est le même principe que pour certains labels indépendants qui ne s’occupent pas de la distribution parce qu’ils ne sont pas assez gros pour ça et qui ont des contrats avec Warner et Universal qui leur gèrent ça. Nous c’est comme si on avait ce genre de label indépendant, c’est notre label indépendant mais qui n’aurait qu’un seul artiste et ce serait nous. Je pense qu’on vendrait plus de disques si on avait une vraie maison de disques qui s’occupait de tout mais ça nous fait marrer de fonctionner comme ça. On apprend et c’est intéressant. On bosse comme des malades et c’est hyper gratifiant de faire ça soi-même, c’est un peu comme quand tu construis ta maison tout seul, l’escalier il est un peu tordu mais c’est cool, c’est toi qui l’as fait !
De la même façon, pour enregistrer, c’est du « fait-maison » ?
Ouais, on n’est jamais allés en studio, déjà parce qu’au début, on ne pouvait pas se le payer… Avec « Blizzard », on a fait ça dans une chambre avec un pauvre ampli pourri, une carte son qui déconne et un logiciel craqué… Le son est d’ailleurs pourri mais on a fait avec ce qu’on avait. Et grâce aux ventes de « Blizzard », on a eu le choix sur le premier album, mais on a eu un peu peur de se retrouver avec quelqu’un qu’on ne connaissait pas à la réal, etc… On voulait que ça continue de sonner comme avant mais avec un meilleur son quand-même, sans se stresser, par nous-mêmes, on ne voulait pas d’impératif… Du coup on est allés dans la baraque des parents de l’un d’entre nous, dans un bled au bord de la mer et on a enregistré le premier album comme ça, dans une chambre en faisant courir les fils, en mettant l’ordinateur d’un côté et les amplis de l’autre. Le son était bien meilleur parce qu’on avait un mec dans le collectif, ingé son, qui nous a vachement aidés, on a acheté des meilleures cartes sons, des instru, etc… Et comme ça s’est hyper bien passé, pour le 2ème on n’a pas changé la recette, on est juste allés dans une autre baraque, avec d’autres instru pour changer un peu, c’est tout.
C’est dans quelle phase que vous vous régalez le plus, pendant l’écriture des morceaux, leur enregistrement ou en live ?
C’est marrant, c’est un peu les 3 périodes. Le plus chiant c’est quand tu ne fais ni l’un, ni l’autre, ni encore l’autre. Quand t’as fini d’enregistrer et que l’album n’est pas encore sorti… Ou que l’album est sorti mais que la tournée n’a pas encore commencé. Ca ce sont les moments les plus chiants, la préparation de la sortie, vraiment des moments de bureau quoi ! Mais sinon les trois périodes sont super cool. Quand on fait l’écriture, on se repose de la tournée, on a un rythme vraiment différent, c’est hyper reposant et tu crées… Puis au bout d’un mois, t’as envie de sortir prendre l’air et de repartir en tournée… De la même manière, en tournée, au bout d’un moment t’es claqué, au bout de genre 100 dates, avec festivals d’été, c’est vraiment génial mais au bout d’un moment, t’en peux plus et à ce moment-là c’est cool de partir enregistrer le truc, tu prends ton temps, tu fais tourner les morceaux, tu te fais des bouffes tranquille, tu te mets au soleil un petit peu, c’est quand-même plus à la cool même si c’est stressant de fixer sur bande et tout ça… Mais en gros, chaque étape soulage l’étape d’avant. En tout cas on ne pourrait pas faire 2 ans de tournée d’affilée ! Je pense qu’on mourrait ! Et même si c’est génial d’être en tourbus, on en aurait marre d’être les uns sur les autres… Et puis tu sais Fauve, on l’a fait pour casser la routine. C’est le changement qui nous intéresse, sortir de notre quotidien, pouvoir se mettre une bulle d’air, sortir des rails 2 secondes pour pouvoir y revenir et au final, les rails, il n’y en a plus ! On est vraiment sortis du truc et maintenant Fauve, c’est notre vie. C’est très cool mais il ne faudrait pas que ça devienne les nouveaux rails ou une nouvelle routine, ce serait le pire du pire quoi ! Franchement, le plus grand ennemi de Fauve c’est le projet en lui-même ! Donc c’est important de changer. Même en tournée là, on va faire quelque chose d’assez différent par rapport à l’année dernière.
Et par rapport à vos débuts, sur cette nouvelle tournée, vous avez chopé quelqu’un qui gère ça, le booking dans les salles ?
Ouais justement, s’il y a bien deux trucs qu’on ne gère pas nous-mêmes, c’est la distribution d’un côté et la tournée de l’autre. Là, techniquement, il faut avoir des connaissances. Au début, les concerts, on les callait nous-mêmes. On allait dans des bars, on prenait une bagnole, on descendait à Bordeaux ou je ne sais pas où et on dormait chez le mec qui organisait, c’était cool mais on ne rentrait même pas dans nos frais… Mais à l’époque, on bossait en même temps et on n’avait pas le temps, on n’arrivait pas à caler les dates donc il a fallu trouver un tourneur, maintenant ça fait deux ans qu’on en a un qui gère ça très bien.
A l’heure où tout passe par le web, quel est votre rapport aux réseaux sociaux ?
Ce sont de supers outils, on s’en sert beaucoup. A la base, on n’avait que ça ! Maintenant je pense qu’on s’en sert comme tous les autres groupes mais c’est vrai qu’on aime bien répondre aux messages parce que c’est cool d’avoir un canal où on peut parler en direct avec les gens sans que ce soit modifié par les médias.
La vie vous parait-elle plus douce aujourd’hui ? Est-ce qu’il y a un avant et un après « Fauve » dans la façon d’appréhender les choses, les gens, le quotidien ? Le dernier album parait plus solaire…
Le dernier album est plus apaisé ouais, carrément… Plus positif aussi. Ca raconte ce qu’on vit donc effectivement, Fauve a changé pas mal de choses. Avant c’était métro-boulot-dodo, en tournée, forcément, ce n’est plus ça du tout donc on peut raconter d’autres choses qu’on vit et qui sont plus positives. Cela dit, on parlait de choses positives au début aussi, de voyages, etc… Et dans le dernier album, il reste tout de même des choses un peu dures aussi mais c’est normal, c’est la vie, il y a toujours des hauts et des bas. Mais clairement oui, ça se ressent que ça va mieux.
Si tu ne devais choisir qu’un seul mot pour définir l’esprit du groupe, ce serait lequel ?
Honnêtement, ça va être nul mais ce serait « Fauve » quoi… En fait pour nous, c’est vraiment devenu un adjectif, « ça c’est fauve, ça ce n’est pas fauve » et en fait, pour nous, « Fauve » ça englobe la spontanéité (on en parlait au début), le faire de rester droit, honnête, franc et sincère, pas que dans la musique mais dans tout, avec les gens à qui on parle et avec qui on travaille etc… C’est rester normaux, simples, pas prendre la grosse tête, aller à la rencontre des gens et c’est aussi essayer de faire quelque chose de ses 10 doigts, faire les choses par nous-mêmes, se dire que rien n’est impossible ou en tout cas essayer !
En parlant de mot, si tu veux bien, on termine sur un petit jeu. Je te dis des mots, en rapport avec vos textes et votre univers bien sûr, et sans trop réfléchir, tu me dis ce qu’ils t’évoquent…
Cigarette
La cigarette (il rit), ben il y en a dans le collectif qui fument beaucoup, beaucoup ! Ce n’est pas bien de fumer, c’est dangereux pour la santé (rire). Moi je ne fume pas, personnellement, mais j’imagine que c’est un bon moyen de se détendre dans les moments compliqués, après il ne faut pas que ça devienne trop addictif non plus.
Filles
Ben euh… Oui, évidemment… Nous on aime bien les filles. D’ailleurs il y en a dans le collectif. Non mais après c’est comme d’habitude, quand t’es ado ou jeune adulte, t’as envie de trouver quelqu’un qui te correspond et ce n’est pas toujours facile et parfois tu n’es pas très doué pour ça. C’est un peu le côté sentimental de Fauve. Donc oui, le sujet est présent. Les filles ou les garçons, que ce soit le sexe opposé ou le même sexe pour les relations homosexuelles, c’est pareil, c’est plus les sentiments, l’amour, ça nous touche et on en parle dans Fauve ouais, mais très souvent, on parle encore plus de l’amitié.
Regret
Alors là, pour le coup, on essaye de ne jamais en avoir. Des remords ok, parce qu’on n’est jamais parfait et que des fois on fait des conneries et on s’en excuse mais on essaye de ne jamais avoir de regrets, il n’y a rien de pire !
Amitié
C’est sans doute le plus important comme je te disais parce que Fauve, c’est avant tout une histoire de potes. On était amis avant même de faire de la musique, on avait nos boulots respectifs et là on se retrouve embarqués dans le même bateau, depuis 2 ans c’est vraiment H-24.
C’est marrant parce que tu viens de citer le mot que j’avais noté ensuite : bateau.
Ouais… De temps en temps on parle de bateaux c’est vrai et de choses liées euh…
Oui, les drisses de pavillons contre les mâts, tout ça… 😉
Voilà ! C’est vrai qu’on aime bien la mer ! En fait, il y en a dans le collectif qui viennent de Normandie, au bord de la mer et c’est des trucs qui leur parlent à fond ! Après t’en as qui viennent de Paris et de Toulouse aussi donc pour eux ouais, c’est sympa en vacances mais tu ne connais pas trop les bateaux… Moi personnellement, je suis rarement monté sur un bateau mais c’est un truc qui revient dans les textes parce qu’il y a une partie du collectif qui adore ça et à qui ça parle beaucoup. Et puis c’est la liberté, t’es pas sur une route ou sur des rails, tu peux aller à gauche, à droite, un peu comme t’as envie, personne n’ira te faire chier et la mer est assez grande pour tout le monde !
Ephémère
Ouais, c’est pas mal de mettre ce mot-là parce que c’est vraiment lié à notre projet. Comme je te disais tout à l’heure, on n’a pas envie de retomber dans une routine donc on ne va sûrement pas faire ça pendant 10 ou 20 ans, ce n’est pas possible. Pour te dire, Fauve on ne sait pas ce que ça va devenir après la fin de cette tournée. Si ça se trouve, fin septembre Fauve n’existera plus… Après, ça ne veut pas dire que Fauve n’existera plus jamais… Peut-être que Fauve ré-existera… Ou peut-être sous un autre nom… Ou en ne faisant pas du tout la même chose, pas forcément de la musique et peut-être autre chose, on ne sait pas du tout… La seule chose qu’on sait, c’est qu’on va continuer à se voir, pour le reste on ne sait rien. On prendra un petit peu de temps pour y réfléchir.
L’inconscient
Ca va avec le côté instinctif, spontané… Souvent on n’est pas trop conscient de ce qu’on veut faire ni de pourquoi on veut le faire, mais on y va, au feeling. Effectivement, c’est un peu ce qu’on est : de grands inconscients (rire).
Après j’avais mis « pudeur » mais tu m’en as déjà parlé…
Ouais la pudeur c’est vraiment lié à nous, c’est le fait de rester discret par rapport à tout ce qu’on est.
La rage
C’est un sentiment super humain je pense, de s’énerver contre quelque chose… Mais avec Fauve je ne pense pas qu’on soit des énervés, on est plutôt anxieux, angoissés et quand t’es stressé, c’est un peu là que tu pètes les plombs. On passe notre temps à s’inquiéter. Et quand t’es inquiet, t’es un peu instable donc je pense que la rage vient de là. Pareil pour la scène, on avait le trac à fond, toujours d’ailleurs mais on sait mieux ce qu’on fait maintenant donc on est moins inquiets, plus apaisés… Même s’il reste des chansons comme « Bermudes » où il y a toujours de l’inquiétude, il y a moins de rage.
La perte
Ca va avec l’angoisse et le reste, la peur de perdre quelqu’un ou même de se perdre soi-même. Ca c’est une forme d’inquiétude qui ne nous quittera pas. Parce que c’est présent même quand tout va bien… Il y a une vieille chanson qui parle un peu de ça, qui s’appelle « Haut les Cœurs » et qui parle un peu de ce genre de moments où on peut se dire « putain, soyons ensemble et profitons-en parce que peut-être que demain on ne sera plus ensemble quoi »… Et là, encore une fois, ce n’est pas forcément sur l’amour, ça peut être de l’amitié aussi…
Alors justement, le mot suivant c’est : frère
Ouais « frère » c’est le mot qu’on utilise tout le temps entre nous, pour les très très bons amis, tellement amis que c’est la famille !
Encore deux petits mots, d’abord : résistance ?
Résistance, alors ça c’est hyper important ! C’est super cool que tu sortes ce mot-là parce qu’il y a beaucoup de gens qui disent « Fauve, ce sont des dépressifs, des pessimistes, des fatalistes, etc… » et c’est un contre-sens immense, c’est l’inverse de ce qu’on est ! Alors que nous, je ne sais pas si on est forcément très résistants aux choses mais en tout cas on est contre la résignation, on est anti-fatalité et s’il y a quelque chose qui ne se passe pas comme on voudrait, jamais on ne dira « bon ben c’est chiant mais faisons avec », au contraire, on dira « comment est-ce qu’on peut faire pour changer ça ? ». Alors je ne sais pas si c’est de la résistance mais en tout cas c’est l’inverse de la résignation.
Et le dernier : identité
Je ne sais pas si on s’occupe réellement d’avoir une identité… Juste on essaye de rester cohérents. Je ne sais pas dans quel sens tu as mis ce mot-là ?
Parce qu’à la fois, comme on disait tout à l’heure, on ne vous identifie pas forcément les uns et les autres, mais à la fois il y a une charte graphique, un symbole, très présent visuellement, avec ce signe « différent »…
Ouais c’est vrai, on a une identité… graphique. Parce qu’on aime bien tout ce qui est graphique. Et puis il y en a un dans le collectif qui ne fait que ça, il travaille dessus à fond et du coup ça donne un truc un peu cohérent. Après ce n’est pas quelque chose de calculé. Tu vois ce logo, c’est parti du « F » de « Fauve », on cherchait un logo, comme n’importe quel groupe, et on tombe sur le signe « différent » qui est en fait un « F » avec une barre qui tombe et on a trouvé ça cool, chouette logo, facile à faire et à utiliser partout. Donc on en met des tonnes dans tous les sens. On en avait un autre au départ, un truc chelou, mais celui-là est vraiment facile à faire et tu ne peux pas te tromper quoi ! Même quand tu le fais mal, ce n’est pas comme le logo de Nike ou de Mc Do, que si tu fais mal ton « M » ben ce n’est plus « Mc Donald’s »… Le signe différent, tu peux le faire n’importe comment, ça marche, c’est Fauve. Ce qui est plutôt pratique pour les gens qui écrivent comme des cochons (rire). C’est nous.
Merci.
Et donc ça y est là, repartis pour une nouvelle tournée ?
Ouais, depuis hier, on est très contents de repartir en tournée. En fait là, on fait des premières dates et à partir de fin mars on commence la vraie tournée de Nuit Fauve et on a hâte parce que ça va vraiment être différent, dans des grandes salles et ce n’est pas trop notre truc au départ mais là, on va faire un truc tellement cool, on arrive avec notre déco, notre stand, il y aura des animations dans tous les sens, ça ne sera pas qu’un concert, ce sera ambiance festival avec d’autres groupes de potes, tous les membres du collectif ou presque, tout le monde présentera un peu ses trucs, c’est un peu les concerts dont on avait rêvé. Les gens pourront arriver tôt, s’amuser, faire des trucs, voir le concert et après on pourra boire des coups, jouer au babyfoot et bouffer de la barbapapa. Ça va être un peu régressif sur certains points (rire) mais ça va être marrant ! Et on a hâte de transformer ces grandes salles qui peuvent être un peu lugubres ou froides et en faire un truc vraiment génial. Tout le monde est tellement au taquet là-dessus qu’on a hâte de voir ce que ça donne !
Flora Doin