Martin Ecuer, batteur de Bottle Next


Bottle Next, c'est de la dynamite, voire de la graine de futur incontournable. Le duo a déboulé de nulle part avec un EP fort sympathique, mais surtout qui témoignait d'une personnalité bien trempée. Aujourd'hui, Bottle Next c'est un groupe qui a bossé, tourné, tapé dans l'oeil de Daniel Bergstrand, soit un des plus gros producteurs métal de ces 20 dernières années, a masse de projets sous le bras, sort un excellent premier album tout en se montrant humble et toujours désireux d'apprendre. Rencontre avec Martin, le batteur d'un duo qui se paye le luxe d'avoir la tête dans les étoiles tout en gardant les pieds sur terre.

Pour commencer, est-ce que tu pourrais revenir sur vos débuts, comment vous vous êtes rencontrés, comment vous avez commencé à jouer ensemble, et comment vous en êtes venus à l’idée du duo, configuration plutôt cool quand il s’agit de partager le cachet, mais assez peu courue ?

On se connaît depuis le collège, on a commencé dans la même école de musique. Et plus tard, on s'est retrouvé à jammer lors d'une soirée, juste tous les deux. Le duo n'était pas un choix délibéré, on a juste remarqué que ça marchait, comme sur tinder, ça fait six ans maintenant depuis les prémices du projet. A l 'époque on savait pas trop ce que c'était un cachet.

Juste par curiosité, bien que votre musique soit très différente (à part pour la grosse dose de bonne humeur), Inspector Cluzo a-t il été une influence ou pas vraiment ?

Pour le coup, musicalement, Inspector Cluzo n'est pas une influence, il est probable qu'on retrouve certaines similitudes, pas seulement par l'aspect duo ou comme tu l'as dit pour la bonne humeur, mais aussi parce qu'il est fort probable qu'on ait des influences en commun.

Pour continuer sur cette idée de duo, la principale limite tient évidemment au fait que vous devez composer avec peu d’instruments, ce qui est sans doute la raison pour laquelle vous multipliez les breaks inventifs ?

En partie. On aime bien l'idée d'une musique pleine de rebondissements, c'est vrai que seulement avec deux instruments, cela fait partie des principales difficultés d'arrangements, mais c'est aussi un intérêt d'être à deux, cela permet une écoute mutuelle facile, c'est aussi pour ça qu'on se permet certaines cassures rythmiques.

Dans ma chronique de votre EP, j’avais écrit que le principal écueil à éviter était de vous contenter de mélodies trop simplistes, mais là c’est un festival, les breaks semblent sortis de nulle part et s’intègrent pourtant parfaitement.

C'est aussi sur cela que nous voulions travailler avec cet album. En terme d'arrangements nous voulions que l'aspect un peu démonstratif de certaines parties passe plus inaperçu et se fasse vraiment au service de la musique, les morceaux sont également plus courts, et le chant permet aussi de voir les titres dans leur globalité. Le but c'était de faire des bonnes chansons rock.


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C'est le chevelu qui cause.

Tu peux nous décrire un peu votre façon de composer ?

Il n'y a pas  de méthode bien définie, parfois, Pierre arrive avec des riffs et on réarrange à deux, on fait pas mal de jam en répète, on fait tourner des mélodies, on les décortiques, on joue, on joue on joue jusqu'à développer des idées qui nous conviennent. Cette fois ci pour l'album on s'est également pas mal aidés de logiciels audio, pour pouvoir enregistrer et écouter rapidement le résultat et se faire une idée du potentiel de chaque titre. Pour les textes cela vient le plus souvent après, une fois que les morceaux sont finalisés ou presque.

Vous faites aussi un boulot absolument monstrueux en rythmique. Déjà bravo, d’autant que vous ne commettez pas l’erreur de trop vous reposer dessus, il y a de très bonnes mélodies, ça a dû demander un très très gros boulot ?

Merci beaucoup ! C'est vrai que la rythmique est un peu notre fer de lance, sachant que Pierre est également batteur, c'est une chose à laquelle nous accordons particulièrement d'importance. La musique est pour nous avant tout un jeu, et ça passe beaucoup par ce travail rythmique. Et comme tu le dis c'était sur le plan mélodique qu'il fallait qu'on évolue. L'album nous a aussi permis de nous exprimer plus de ce côté là, d'avoir un peu plus de place. Cela a effectivement été un gros boulot mais aussi beaucoup de plaisir et de fun et l'occasion d'essayer de nouvelles choses et de prendre d'autres directions artistiques.

Du coup je me pose la question de vos influences : un peu de progressif sans doute, un peu de métal ?

Beaucoup de métal même ! Ha ha. C'est un peu la musique qui nous a réuni. On écoute un tas d'autres choses et on fréquente beaucoup d'univers différents, on est des gros fans de Meshuggah, pour revenir sur l'aspect rythmique. Après si on parle vraiment d'influences on peut citer des groupes comme Fink, QOTSA, Anderson Paak, Dillinger Escape Plan etc...Quand on compose aussi certaines choses, on se rend compte au dernier moment d'où pourrait provenir tel ou tel riff. On est souvent d'accord là dessus. Le public vient nous voir et nous parle aussi de certains artistes auxquels on n'aurait pas pensé, c'est souvent assez flatteur d'ailleurs. On est influencés par un tas d'artistes et on ne s'en cache pas, la liste serait juste bien trop longue.

« Over there » est très réussie, mais très très QOTSA, limite un hommage, un clin d’œil ?

Certainement, ce titre à été composé il y'a quelques temps maintenant, et si on se rappelle bien c'était pas longtemps après la sortie de leur dernier album. Plutôt qu'un hommage ce serait un essai, une tentative de faire un morceau dans cet esprit là. Plus rock, moins alambiqué. On sait pas si c'est réussi mais on est très fiers de ce titre. C'est aussi avec ce titre qu'on a commencé à travailler avec Daniel Bergstrand.

Quid du live ? Je n’ai pas eu la chance de vous voir en concert, mais je suppose que vous devez composer en pensant à la scène, à ce que vous serez capables de reproduire…

Exactement, mais en même temps pour l'album, on a essayé de se mettre le moins de contraintes possible, afin de composer assez librement, on n'a pas fait en fonction du live. Après c'est tout l’intérêt de pouvoir réarranger les titres et de les jouer différemment. Les points de vue ne sont pas les mêmes chez tout le monde là dessus, mais personnellement on aime bien défoncer un peu nos titres pour le live, quitte à changer complètement un riff ou un bout de morceau, c'est pas grave. Ça nous permet de surprendre ceux qui nous connaissent, c'est un challenge, et ça nous permet aussi de garder l'aspect jeu et jam qu'on a en répète. 

 

Revenons un peu sur votre parcours, j’avais chroniqué votre premier EP fin 2012, vous n’avez pas cherché à brusquer les choses, vous avez rencontré du monde puisque vous avez eu l’opportunité de proposer de belles vidéos, de faire des résidences, vous avez enregistré « over there » et réenregistré « push me up » il y a un petit moment… Tu peux nous raconter un peu tout ça, comment un jeune groupe fait avancer la machine ?

Tu as très bien résumé la chose ! C'est vrai que suite à l'enregistrement de cet EP, on à tourné, on a travaillé avec un booker (Lamastrock) qui nous a pas mal suivi sur cette periode, et on a aussi rencontré pas mal de personnes du côté des pros. En fait on a beaucoup travaillé le live, la scène et le son, on a fait un gros boulot là dessus, du coup, on a voulu mettre l'accent sur cet aspect, la scénographie, et essayer de produire notre musique du mieux possible et de tourner. On a eu de la chance avec notre booker, et on a su s'intégrer à un réseau professionnel un peu particulier. Après il y a des tas de méthodes pour faire avancer la machine. Finalement, la nôtre à pris un certain temps, et ça continue encore et encore, c'est que le début d'accord d'accord. Il faut savoir que Bottle Next est aussi un peu notre bébé, et on a mis les mains dans le cambouis sur un tas d'aspect. On a appris et on apprend encore. On a fait énormément de rencontres et on a fait un peu comme on le sentait, comme on avait envie de tenter et de présenter les choses.

Le délai entre votre premier maxi et cet album témoigne aussi d’une grosse recherche d’un son bien à vous je suppose…

Entre autres, c'est vrai que le travail avec Daniel Bergstrand s'est avéré révélateur sur le plan sonore et sur la direction artistique. Nous avons beaucoup travaillé le son Bottle Next de manièré générale. Nous n’arrêtons jamais de chercher à grossir le son du groupe. C'est un réel défi, du fait que nous ne jouons qu'avec une batterie et une guitare folk. A force de tourner, d'enregistrer des trucs on s'est retrouvé face a différentes contraintes techniques qui nous ont permis d'essayer différentes choses sur le travail du son et du coup d’évoluer. Puis nous avons pris le temps de trouver les bonnes personnes pour nous aider a l’aboutissement du projet de cet album (en la personne de Cyril Balthazard du Cri du Charbon) avec qui nous avons travaillé sur la production et la réalisation de cet album.

Aujourd’hui, pour un groupe émergent, c’est assez galère, puisqu’il y a beaucoup de groupes en activité, et surtout les nouvelles technologies et la crise du disque ont eu un effet pervers, qui est que les professionnels et les médias se sont habitués à recevoir des trucs très bien produits, à des groupes qui ont des plateformes Internet, qui ont une actualité… ce qui relève considérablement le niveau d’exigence vis-à-vis des nouveaux arrivants. Ton opinion ?

Disons que relever le niveau d'exigence comme tu dit n'es pas une mauvaise chose en soi. Et c'est vrai qu'avec très peu de moyens on peut facilement enregistrer un EP ou album chez soi dans de bonnes conditions. Après sortir un album c'est bien beau mais il faut pouvoir travailler derrière sur la promo/la distribution/l’édition/le pressage etc, ce sont des aspects inhérents à la production musicale qui ne dépendent pas forcément des nouveaux médias.  Ce sont pleins d’étapes qui ne sont pas faciles a maîtriser et qui demandent du temps et...de l'argent.

De notre côté par exemple on a décidé de faire mixer et masteriser cet album par Daniel Bergstrand qui est un producteur qui as travaillé sur beaucoup de groupe de métal que nous écoutons. Nous l'avons contacté au culot, il a adoré le projet. C'est un gros engagement artistique, financier, humain mais nous souhaitions vraiment avoir un gros son sur cet album et une patte artistique assez personnelle.

Il y a une telle multitude de groupes, ce n'est pas forcément évident, les infos défilent, il faut tirer son épingle du jeu. Il n'y a pas de méthode particulière pour ça. Effectivement, les réseaux sociaux et les nouveaux médias ont accentué l'accès à toutes les musiques et par conséquent à tous les groupes. Il y a de nombreuses manières d'interpeller un programmateur, un label etc... Et si au départ, ta musique est bien produite, c'est un atout incontestable. C'est la preuve d'un certain savoir faire, et surtout d'un travail fourni indéniable. Après, faut jouer, jouer, jouer. Ça réserve un tas de belles surprises et ça crée un background sur le CV. Faut pas se précipiter et surtout s'armer de patience.


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Niveau management et organisation des concerts, vous faites tout tous seuls, vous vous en sortez ? C’est souvent cet aspect extra-musical qui rebute les musiciens et qui fait qu’ils jettent l’éponge.

On ne fait pas tout tous seuls. Honnêtement c'est très compliqué, dans la chaîne qui va de la salle de répète jusqu'à la scène en passant par la production, le management, etc, c'est compliqué de pas se perdre, on fait du mieux qu'on peux. On a jamais fait tout complètement tout seuls. On est très bien entourés, on a des amis qui nous aident sur un tas de plans. On a rencontrés un tas de gens qui nous ont donnés des conseils. Pour l'album, on a un label qui est le Cri Du Charbon, qui va aussi se charger en partie du booking, et on a également un distributeur (Inouis distribution).

La seule chose à savoir, c'est qu'on participe à tout, on fait du booking, on manage notre projet. Et c'est en faisant cela qu'on a rencontrés les structures qui nous facilitent ce travail en le prenant en charge de manière plus administrative et plus complète. On comprend tout à fait que certains musiciens jettent l'éponge, surtout si tu n'a pas forcément un retour. Il faut savoir s'armer de patience, et ne pas se perdre dans toute ces disciplines. On est des musiciens avant tout et pas non plus des managers affirmés. 

Vous êtes passés par la case financement participatif pour produire votre album. Arriver avec un album clé en main est la seule option pour peut-être trouver un deal avec un label ?

C'est la première fois depuis le début du groupe que nous utilisons un outil de financement participatif comme Kiss Kiss bank bank pour financer une partie de la production de l'album. C’était un joyeux stress de lancer cette campagne. Parce que c'est un moment crucial dans la vie d'un groupe. De voir ton public s'engager de cette manière et ça a été une réussite puisque nous avons bouclé la campagne a 140% ! On a trouvé le label avant de lancer le financement, pour nous il était impossible de se lancer dans cette aventure sans une structure à nos côtés. Le label ne produit pas entièrement l'album avec ses deniers. De même que le financement participatif ne couvre pas entièrement les frais de la réalisation de ce disque.

La réussite de votre financement participatif, elle tient déjà au fait que n’avez pas demandé 1 million d’euros, mais aussi au fait que êtes parvenus à créer un lien avec un petit public qui vous soutient ?

C'est exactement ça. Le groupe existe depuis quelque temps maintenant, et il y a des gens qui nous suivent depuis le début et qui n'ont cessé de nous soutenir, c'est notre fierté. Et puis on a essayé de s'amuser a proposer des contreparties plutôt fun, simples, des choses qui nous correspondent. On pense que les participants ont beaucoup apprécié ça.

Ce petit public, vous allez bien aller lui faire coucou et si possible continuer à attirer des nouveaux venus, quels projets niveau concerts ?

Pour le moment nous travaillons sur une tournée 2017 pour promouvoir l'album. Nous allons essayer de jouer partout ou c'est possible. En France comme a l’étranger. Quand nous avons commencé Bottle Next nous avons toujours eu en tête de jouer a l’étranger et c'est vraiment quelque chose qui nous motive. Nous avons projet de tourner dans le monde entier. Il y aura probablement des dates en Allemagne, en Belgique, voire en Corée, ou en Suède mais on ne peut t'en dire plus pour le moment ...

Et quels projets pour l’avenir avec cet album sous le bras, que peut-on vous souhaiter ?

Le principal, c'est de réussir à tourner au maximum, de jouer et rencontrer un max de personnes et de créer du lien, des connections, d'échanger.

Pour finir, un petit questionnaire à la con :

Si Bottle next était une couleur ?

Rouge c'est bien.

Un animal ?

Une chèvre.

Un lieu ?

Le plateau du Coiron

Une chanson ?

Demiurge de Meshuggah

Un personnage de dessin animé ?

Cartman

Une marque de bière ?

Toutes les bières au dessus de 10°

Un mot ?

Kamoulox

Une devise ?

« Gardez le sourire »

Merci à vous !
 



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