Antoine Zebra, on ne peut pas dire que ce soit un inconnu. Celui qui anime nos week-ends avec sa Tournée sur La Grosse Radio, celui qui a tué le DJ qui était en lui, se lance dans un challenge complètement nouveau : Le théâtre.
"Plus Rien ne M'arrête", le spectacle, dont le nom est celui d'un extrait de l'album Zebra & Bagad Karaez, sera joué à Paris, au théâtre Essaion, du 21 mai au 2 juillet, avant de partir au festival d'Avignon.
Reconversion ? Nouveau virage ? Activité parallèle ? Nous lui avons posé quelques questions pour comprendre.
LGR :
Tu as commencé comme guitariste, tu es également bassiste et batteur. Tu as continué comme DJ, animateur radio, tu as tout arrêté pour revenir à la musique "analogique", et là, nouveau virage, le théâtre. Pourquoi ?
Antoine Zebra :
Plutôt qu'analogique, je dirais plutôt "organique" : de la musique jouée par des groupes, majorité représentée dans mes mixs de DJ, même si je l'exprimais électroniquement. Quand je suis devenu DJ, c'était parce que je n'avais que ce moyen pour m'exprimer. J'ai adoré faire ça, mais j'aime avant tout jouer d'instruments avec des instrumentistes. Alors dès que j'ai pu, j'ai monté des projets avec des musiciens, le Bagad de Carhaix, Mambopunk, etc...
Et puis j'ai eu de nouveau envie de m'exprimer seul. Mon dernier album Plaisirs et dissidence étant très intime, je voulais le jouer dans ce contexte, me retrouver face à des gens assis qui écoutent. Le milieu "chanson française" ne m'attirant pas particulièrement, j'ai pensé au théâtre, et cette idée m'a beaucoup inspiré. Tout est allé très vite, de l'idée du spectacle à son écriture, puis à l'annonce des premières représentations. Ça s'est fait en trois mois ! C'est un nouveau challenge, j'adore les défis. Je vais jouer au festival d'Avignon sans n'y avoir jamais mis les pieds, et ça m'excite.
LGR :
Si on trouve une cohérence et un fil conducteur dans toutes tes activités musicales, le théâtre semble très différent. Y a-t-il un lien, une continuité ?
Antoine Zebra :
Quand j'étais DJ, j'étais seul sur scène. Au théâtre, me voilà seul en scène. Il y a une petite nuance, mais pour moi c'est confortable, je sais tenir une scène seul. Et puis c'est du théâtre musical. La moitié du spectacle est chantée avec ma guitare, donc il y a une cohérence. Dans l'autre moitié jouée, je raconte des anecdotes sur ma vie de musicien, sur mon rapport au métier, sur mes joies et mes doutes. Il y a des moments d'introspection, mais le show est surtout composé d'histoires drôles sur mes aventures depuis Billy Ze Kick et son succès inattendu, sur les radios FM que j'ai fait tourner en bourrique, sur les bootlegs qui provoquaient des réactions extrêmes, sur les chanteurs qui veulent être connus... Je me moque beaucoup, mais particulièrement de moi.
En fait, j'ai toujours beaucoup (trop) parlé dans mes concerts ou à la radio, mais tous ceux qui me connaissent trouvent que c'est une bonne idée d'en faire un spectacle entier. Des chanteurs comme Cali et Alexis HK font ça aussi, ça parait logique quand on a une grande gueule. (rires)
LGR :
Tu as toujours défendu tes positions artistiques, mais depuis un an environ, tu es entré dans une phase de prise de risques, avec ton album Plaisirs et Dissidence tout d'abord, et sa commercialisation sous réserve, puis avec le théâtre, où tu vas découvrir un univers bien loin de la musique et du rock. Qu'est-ce qui a occasionné cette rupture ?
Antoine Zebra :
Loin de ce qu'on attend du rock, oui, mais ça sera rock n' roll. C'est ce que je veux amener dans le théâtre. Il y a déjà des humoristes à guitare, et du théâtre musical rock, mais un rockeur qui en fait un spectacle, il n'y en a pas vraiment. Mon côté rock est dans la forme, avec ma guitare électrique, mais surtout dans ce que je raconte
"Plus rien ne m'arrête" est un titre fort, j'en fais un manifeste. Pour tout te dire, tout est parti d'une conférence que j'avais faite à Rennes en 2013 qui s'appelait "Rien n'est sacré, tout est possible". J'ai réutilisé ces éléments pour démarrer l'écriture du spectacle. Le message est clair : débrouillez-vous, on peut faire beaucoup avec peu. C'est un peu politique... mais rock n' roll !
Je ne pouvais pas faire ça dans un concert, et puis j'en ai marre des concerts récitals remplis de "...merci, la prochaine chanson s'appelle...", j'ai envie d'être surpris, alors j'y vais moi même.
Photo Roch Armando
LGR :
On ne va pas tout dévoiler bien sûr, mais ça donne quoi, Antoine Zebra sur des planches ?
Antoine Zebra :
Je ne suis pas différent de ce que je suis sur scène depuis toujours. Aussi vif et sympathique. (rires)
Ce qui change radicalement, c'est le contexte. J'ai toujours été perçu comme un artiste festif, et là je demande du calme et de l'écoute. Enfin... presque. Ça peut paraître étrange de venir me voir dans un théâtre, assis dans un fauteuil, mais croyez-moi, vous verrez le même gars, je bouge, je bondis. Même si je ne fais plus de la "musique à danser", ça chaloupe encore sévèrement. DJ Zebra sera dans le spectacle, il y aura même une platine vinyle. Franchement, un DJ au théâtre, c'est plutôt inédit.
LGR :
Tu annonces ton spectacle comme étant, je cite: "souvent drôle, parfois émouvant et carrément sensuel". Après Plaisirs et Dissidence, qui était également très sensuel, est-ce ta nouvelle marque de fabrique ? Le sensuel ?
Antoine Zebra :
Oui, car c'est dans ce registre que je préfère entendre ma voix actuellement. J'ai toujours aimé les chansons romantiques aux belles mélodies, de "I will" des Beatles à "L'été indien" de Joe Dassin, de "There's a storm a comin" de Richard Hawley à "L'eau à la bouche" de Serge Gainsbourg...
J'ai dû attendre 44 ans pour avoir la voix qu'il faut pour en chanter, et trouver mes mots. Et maintenant j'adore ça. Il y a une chanson, dans le spectacle, que je chanterai dans le noir complet. Le but est de provoquer des attouchements. Ça peut être un bon plan. (rires)
Mais je précise que, même s'il y a une chanson à caractère érotique, on peut quand même venir voir le spectacle en famille. Dès 12 ans, ça passe.
LGR :
Tu joues également avec Arno Futur, avec Pondicherry Bomb, tu joues ton album, est-ce un besoin de continuer la musique ? Ou est-ce que le théâtre va tout prendre ?
Antoine Zebra :
Je vais faire en sorte de beaucoup jouer "Plus rien ne m'arrête", mais je garderai une place pour les copains. J'ai beau être un zèbre solitaire, sensuel et tout ça, je suis aussi un lion sauvage amateur de punk rock garage. D'ailleurs, c'est une scène du spectacle, dans laquelle je simule un pogo, j'ai l'air d'un fou, c'est assez drôle.
Antoine Zebra, Plus rien ne m'arrête
Théâtre Essaion, 6 Rue Pierre au Lard, 75004 Paris
Places en ventes (10€ au lieu de 15) sur BilletReduc et sur Tiketac.
Plus d'informations sur le site de Antoine Zebra ou sur sa page Facebook